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Le son du grisli
joe mcphee
25 novembre 2015

Joe McPhee : Solos: The Lost Tapes (Roaratorio, 2015)

joe mcphee solos the lost tapes

Après Hat Hut (Tenor, Graphics, Variations On A Blue Line / 'Round Midnight ou, plus récemment, As Serious As Your Life), le label Roaratorio (Everything Happens For A Reason, Soprano, Alto) permet à Joe McPhee de renouer sur disque avec le solo – et régulièrement encore. Certes, ici, les quatre titres à entendre datent de la première moitié des années 1980.

Passablement documentée, cette période de la vie du musicien est pourtant celle d’expérimentations diverses et de mises en conditions différentes – trois concerts  : le premier donné en 1981 à San Francisco et diffusé à la radio, le deuxième ayant eu lieu l’année précédente dans un loft new-yorkais, le troisième, de soutien, offert en 1984 à New York encore – qui les inspirent.

Si toutes émouvantes, la plus surprenante de ces pièces est peut-être la première. Ainsi l’introduction de Wind Cycles arrange-t-elle souffles et coups de langue pour nous donner l’impression (le mot est choisi) d’entendre tomber de lourdes gouttes de pluie sur le souffle de la bande. Le vent soulève ensuite un court motif et le fait tourner : McPhee progresse par à-coups, enraye puis bloque sur une note à laquelle il tordra le son.

C’est ensuite The Redwood Rag au soprano. Sur cet autre « rag » – marche pour laquelle McPhee disait, au son de Knox, toute son affection dès son premier disque solo, Tenor –, le musicien va à pas comptés, développant de différentes manières un motif mélodique pour en multiplier les perspectives. Avec autant de précaution mais davantage de force, il passe sur Ice Blu d’un aigu d’alto à un grave avant d’envisager une ligne impressionniste dont il soigne la justesse.

Il en sera de même sur Voices, dont les vrilles dessinent, en prenant leur distance avec le micro, un admirable chant d’atmosphère que McPhee révéla plus tôt à Willisau avec John Snyder et Makaya Ntshoko (The Willisau Concert), avec Raymond Boni ensuite (Voices & Dreams). Rares, déjà, et différentes en plus : ces bandes retrouvées obligent l’amateur à compléter sans attendre ses archives McPhee.

Joe McPhee : Solos: The Lost Tapes (1980-1981-1984) (Roaratorio / Improjazz)
Enregistrement : 1980-1981-1984. Edition : 2015.
LP : A1 Wind Cycles A2 The Redwood Rag – B1 Ice Blu B2 Voices
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

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