Tim Olive, Ben Owen : 63-66 (845 Audio, 2016)
On renverra le lecteur aux « archives » Tim Olive pour le persuader de l’intérêt que celui-ci porte à l’improvisation en duo. A sa galerie de collaborateurs, c’est le portrait de Ben Owen qu’il accroche aujourd’hui – la rencontre, enregistrée à New York, date d’octobre 2014 – au son de quatre pièces numérotées de 63 à 66 et qui font de cinq à vingt minutes.
C’est, une fois encore, une abstraction peu rassurante, balistique ; mais une abstraction sur laquelle les instruments (micros électromagnétiques pour Olive, radio ondes courtes, oscillateurs et micro-contacts pour Owen) jouent de discrétion et même d’effacement – l’amour que le second porte au gaufrage (voir les objets qu’il publie sous étiquette Winds Measure) aurait-il influencé la rencontre ?
Sur la première plage, peut-être. Le souffle qui effleure de temps à autre une ou deux cordes tendues en tubes épais (c’est ce qu’on imagine, à l’écoute du disque) exprime en marge de l’échange ce qu’il aurait pu être d’un bout à l’autre. Or, la suite est différente : conversation atone d’un larsen et d’un ronronnement qui transforme les chuchotements en susurrement qui agace et finalement ravit ; usinages s’accordant sur une poésie concrète et donc électrique ; accrocs instrumentaux qui menacent de plus en plus et livrent le gaufrage à son pire ennemi : le contraste fauve. Peut-être est-ce là – station 66 – qu’Olive et Owen se disent enfin les choses ? C'est à dire dans « le son dont des mots veulent naître », comme l’écrivait Bonnefoy.
Tim Olive, Ben Owen : 63-66
845 Audio Records / Metamkine
Enregistrement : 25 et 28 octobre 2014. Edition : 2016.
CD : 01/ 63 02/ 64 03/ 65 04/ 66
Guillaume Belhomme © Le son du grisli