Cheval de frise: Fresques sur les parois secrètes du crâne (Ruminance - 2003)
Cheval de frise est une sorte de concept ; Fresques sur les parois secrètes du crâne en est un autre. Le premier, un duo guitare / batterie. Le second, un album original, rugueux et quasi inclassable. Quasi car sous influences : on pense à Gastr del Sol, Craw ou à Derek Bailey lorsque la guitare en arrive à saturer.
Les instrumentaux relèvent tous de la confrontation des deux instruments. Qu’on y plaque des accords, souvent répétés, ou qu’elle joue sous arpèges, la guitare évolue comme indifférente au jeu de batterie. C’est pourtant au rythme qu’elle se réfère sans cesse, lui imposant calme (Deux nappes ductiles), décidant d'accélérations (Lucarne des combles), ou, au contraire, acceptant qu’il la recadre de temps à autre (Bora lustras). Nul besoin d’aller chercher ailleurs : c’est bien la tension constante sous laquelle évoluent guitare et batterie qui fait de cet album un exercice réussi. Le jeu fluide ne parvient pas à camoufler la violence, encore approfondie par les tentatives de retenues que l’on perçoit, ici ou là, dans le jeu des deux musiciens.
Sur les dix morceaux à fleur (chardon) de peau qui composent Fresques sur les parois secrètes du crâne, Cheval de frise se montre rarement décevant – le recours à la mélodie, mal amenée, de L’agonie dans le jardin – et impose son style (sorte de free folk déjanté) en soignant jusqu’au clin d’œil (IX) un deuxième album indispensable.
Cheval de frise : Fresques sur les parois secrètes du crâne (Ruminance)
Edition : 2003.
CD : 01/ Lucarne des combles 02/ Bora lustras 03/ Le puit 04/ Deux nappes ductiles 05/ Songe de perte de dents 06/ Fresques sur les parois secrètes du crâne 07/ L'agonie dans le jardin 08/ Phosphorescence de l’arbre mort 09/ IX 10/ Chiendent
Guillaume Belhomme © Le son du grisli