Fuji Yuki, Michel Henritzi, Harutaka Mochizuki : Shiroi Kao (An'archives, 2018)
Cette chronique de disque est l'une des 90 que l'on peut lire dans le quatrième numéro papier du son du grisli, en plus d'une longue interview de... Harutaka Mochizuki.
Où l’on retrouve Harutaka Mochizuki : première et dernière des quatre plages de ce disque de Michel Henritzi échangeant (en duo) au Japon avec le saxophoniste et la vocaliste Fuji Yuki. C’est que, tout en poursuivant son œuvre de défricheur et de passeur, Henritzi remet sur le métier son art personnel – à Philippe Robert, il confiait ainsi dans Agitation FrIIte : « J’ai enregistré avec À Qui Gabriel des reprises de chansons enka, joué des chansons de Kazuki Tomakawa à Tokyo et l’accueil était plutôt bon. Ma seule ‘’fierté’’, c’est qu’on m’ait dit plusieurs fois que ma musique semblait habitée par la musique japonaise : pour moi, c’est le plus beau compliment. »
À Shizuoka avec Mochizuki, Henritzi apparaît – « Je suis passé de la guitare au lapsteel, qui ouvre de façon incroyable de nouvelles approches et me semble être un instrument sous-employé dans ces musiques, comme la vielle à roue qu’on redécouvre aujourd’hui. » – en dérouleur de nappe épaisse sur laquelle fleurissent des bourdons et va le saxophone empêché d’abord, saisissant ensuite. Faits pour s’entendre, les deux hommes adaptent leur langage singulier et en créent un troisième. Tsuki No Kage le redit : Mochizuki commence seul, que le guitariste rejoint en glissant : c’est alors une Western Suite réinventée à l’Orient.
À Shizuoka avec Yuki, Henritzi intervient aux guitares, aux percussions et au banjo, pour accompagner un autre chant énigmatique. Sur un léger écho, Yuki progresse à distance, comme en élévation même ; ses vocalises, à l’air fragile mais qui persistent, se promènent dans une forêt de cordes qu’elles finissent par envelopper. C’est la fin, notamment, de We Turn In the Night Endless, beau chant de brume que l’on pourrait laisser filer une journée entière. De quoi revenir souvent à ce beau disque (c’est la loi de la maison) An’archives.
Fuji Yuki, Michel Henritzi, Harutaka Mochizuki : Shiroi Kao
An'archives
Edition : 2018.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli