Kris Wanders : In Remembrance of the Human Race (Not Two, 2011)
Entendu jadis au sein du Globe Unity de Schlippenbach ou sur la seconde face du Requiem for Che Guevara de Fred Van Hove, le saxophoniste Kris Wanders a dû attendre qu’un millénaire se termine pour poursuivre son œuvre enregistré. Si ce concert anversois daté de 2009 le regrette avec force, c’est que Wanders y redit toute la puissance de son souffle.
En compagnie de Johannes Bauer (trombone), Peter Jacquemyn (contrebasse) et Mark Sanders (batterie), le ténor fait d’abord tourner un motif en boucle – voire en bourrique – qui contraste avec la langueur affichée par le tromboniste. Plus loin, ce-dernier décidera plutôt d’un contrepoint ou de croiser le fer avec les éclats de rocailles projetés par Wanders. In Remembrance of the Human Race est né d’un art sombre et impétueux : Uwaga sera, pour sa part, une mélodie quiète (Bauer encore) sur reliefs abrupts (Wanders toujours).
Brötzmann pour toute facilité, Ayler ou Gayle pour aller plus loin : Wanders aurait pu seulement grossir la liste longue des saxophonistes récitant le dialecte d’anciennes références. Or, l'homme fait lui-même, et presque autant que ces trois-là, preuve de singularité. A Man’s Dream est la pièce qui ici le dit pour la troisième fois : Bauer, Jacquemyn et Sanders, élevant en machinistes le beau décor dans lequel chancèle ce ténor d’exception.
Kris Wanders' Outfit : In Remembrance of the Human Race (Not Two / Instant Jazz)
Enregistrement : 16 mai 2009. Edition : 2011.
CD : 01/ In Remembrance of the Human Race 02/ Uwaga 03/ A Man’s Dream
Guillaume Belhomme © Le son du grisli