Mars Williams, Kent Kessler, Paal Nilssen-Love : Boneshaker (Trost, 2012)
Est-ce sa longue collaboration avec The Psychedelic Furs ou ses apparitions auprès de Ministry, Die Warzau, Massacre ou Billy Idol, qui empêchèrent Mars Williams – saxophoniste dont l’art aura, de Chicago à New York, obnubilé nombre de ses coreligionnaires (Chapelle du Souffle Fort) – d’enregistrer beaucoup sous son propre nom ? Sur disques de « jazz », on trouvera l’homme sous étiquettes Nessa (Eftsoons avec Hal Russell), Okka Disk (en Peter Brötzmann Tentet) ou Atavistic (en Vandermark Five).
C’est donc aujourd’hui le label Trost qui permet à Williams d’augmenter sa discographie personnelle : de Boneshaker, enregistré en trio avec Kent Kessler et Paal Nilssen-Love – partenaires réguliers de Ken Vandermark, rompus donc à tous emportements. En ouverture, le saxophoniste rappelle d’ailleurs What Doesn’t Kill You… au son d’une progression certes nerveuse mais qui ne s’interdit pas, quelques mesures durant, d’emprunter au swing son maintien et au hard bop son efficience.
Moins air de componction que repli vers un minimalisme qui expérimente, Beauty of Sadness fait œuvre de réflexion (Williams aux sifflements et volutes, Kessler à l’archet impressif puis aux pizzicatos tombant) et clôt une première face de contraste. La seconde, de renouer avec l’impétuosité : Sticky Wicket dont le soprano, au verbe haut, sert une inspiration télescopique (d’une phrase de Williams naît une autre phrase, et de cette autre phrase une autre phrase encore) ; Hostilities In Progress, qui révèle jusque dans son titre les enjeux du jour : comme à la parade, le trio dévale un sillon en pente, au terme duquel un dernier motif-prétexte clamera haut et fort que Mars Williams est revenu.
Mars Williams, Kent Kessler, Paal Nilssen-Love : Boneshaker (Trost / Instant Jazz)
Enregistrement : Janvier 2011. Edition : 2012.
LP : A1/ What Doesn’t Kill You A2/ Beauty of Sadness B1/ Sticky Wicket B2/ Hostilities In progress
Guillaume Belhomme © Le son du grisli