Han Bennink : Cover Art (Huit Clos, 2008)
Comme quelques-uns de ses confrères du free jazz et de l’improvisation (Peter Brötzmann et Paul Dunmall, pour ne citer qu’eux), le batteur hollandais Han Bennink a également exercé ses talents dans le domaine des arts plastiques. Ses créations pour les pochettes de disques du label ICP (Instant Composers Pool), qu’il fonde en 1967 avec le saxophoniste Willem Breuker et le pianiste Misha Mengelberg, ont été regroupées dans un beau petit livre édité en 2008 par la maison amstellodamoise Huit Clos.
Comme le souligne Ben van Melick dans son introduction à l’ouvrage, les pratiques sonore et graphique de Han Bennink subissent très tôt l’influence de mouvements tels que Fluxus ou le Pop Art. L’attitude sur scène, la fuite en avant de l’improvisation et l’interaction avec le public composent une performance, une seule œuvre, dont l’accomplissement est placé sous l’égide du slogan qu’est l’ICP.
Cette « composition instantanée » prônée par les musiciens préside également à la réalisation des pochettes de disques. L’artiste utilise ce qu’il a sous la main, pratique le collage – d’objets récupérés (plumes, allumettes), mais aussi de photographies et dessins d’images typiques des Pays-Bas sous une forme synthétique (moulins, fromages, oiseaux…) – et trace des signes typographiques et traits divers. Tous ces éléments se combinent pour former l’« Amsterdam Cobra Pop », d’après les termes employés en 1968 par un journaliste hollandais. Cette synthèse joyeuse et débridée correspond magnifiquement bien à la musique de l’ICP : libre, faussement naïve et se référant à des classiques (Thelonious Monk, Herbie Nichols) avec respect et ironie tout en allant de l’avant.
Han Bennink, Ben van Melick (préface) : Cover Art (Huit Clos).
Edition : 2008.
Jean Dezert © Le son du grisli