Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Mats Gustafsson & NU Ensemble : Hidros6: Knockin' (Not Two, 2015)

mats gustafsson hidros6 knockin

Sur vinyle consigné en boîte épaisse (Hidros6) ou sur simple CD (Hidros6: Knockin'), c'est un hommage à Little Richard écrit par Mats Gustafsson – en 2009, l’épais souffleur ne précisait-il pas au grisli : « Little Richard, le vrai roi du rock’n’roll… Ce qu’il est toujours ! » C’est pourquoi on pouvait s’attendre à une dédicace plus appuyée, pour ne pas dire plus rock’n’roll.

Car ici, c'est une utilisation assez naïve (pour ne pas dire « mignonne ») de la voix de Stine Janvind Motland, des solos « libres et fous » parce qu’ils sont sans cesse assurés de soutien (les unissons joués par le NU Ensemble sont nombreux), une grandiloquence qui n’en démord pas quand quelques musiciens remontés (Peter Evans, Joe McPhee, Ingebrigt Håker Flaten, Paal Nilssen-Love peut-être…) tenaient à s’essayer encore à la morsure. Les héros sont-ils fatigués, ou tournent-ils en rond, et désormais à l’unisson ?

Mats Gustafsson & Nu Ensemble : Hidros6: Knockin' (Not Two)
Enregistrement : 12 octobre 2013. Edition : 2015.
LP / CD / Téléchargement : 01-04/ Hidros6 Knockin’
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Angélica Castelló : Sonic Blue (Interstellar, 2015) / Angélica Castello, Billy Roisz, Burkhard Stangl, dieb13 : Scuba (Mikroton)

angelica castello sonic blue

Je ne sais ce qu’est le subgreatbass Paetzold Recorder d’Angélica Castelló qui ronfle comme ça en début de LP, mais ce n’est guère engageant. Flippant, même. Mais je me plonge malgré tout dans cette ode aux mers et aux océans de notre monde.  

Arctique, Atlantique, Pacifique… Tout ou presque y passe le long d’un voyage ou des field recordings forment des bans avec des electronics, des radios et des tapes… Une vraie barrière électroacoustique qui n’effraye pas le gros poisson. Pour ce qui est de l’explorateur (c’est-à-dire : moi, à la suite de Castelló), il suit le courant (pas assez saumon pour le remonter), tranquille, ébahi et de temps à autre agacé. Parce que notre guide n’envisage pas de composer sans en faire des caisses (ou des bourriches) qui piquent plus qu’un oursin. Quand la mer est calme, ça passe. Quand elle ne l’est pas, dommage pour la marine !

Angélica Castelló : Sonic Blue (Interstellar)
Edition : 2015.
LP : A/ Artico / Mediterráneo / Pacifico – B/ Indico / Caribe / Golfo / Atlántico
Pierre Cécile © Le son du grisli

angelica castello dieb13 burkhard stangl scuba

La composition est de dieb13, et pour quatre improvisateurs : Scuba rend un air de guitare électrique ligne claire (Burkhard Stangl), brouillé bientôt par les bruits qui l’environnent et quelques respirations (Angélica Castelló). L’électronique (Billy Roisz) tremble, la guitare soliloque mais Scuba perd en étrangeté lorsqu’elle adopte la forme d’un voyage astral qui sonne moderne comme de l’ancien. Alors, retour à la guitare, et c’est la fin du disque.

Angélica Castello, Billy Roisz, Burkhard Stangl, dieb13 : Scuba (Mikroton / Metamkine)
Edition : 2014.
CD : 01/ Scuba
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Peter Kutin : Burmese Days (Gruenrekorder, 2014)

peter kutin burmese days

C’est à dieb13 qu’il revient de fleurir les field recordings birmans de Peter Kutin (arrangé et composé par lui) et Berndt Thurner (original burmese metallophones). Aux electronics et platine, notre homme taille des sons de nature plus vrais que… des grouillements d’insectes, ou des chants humains, ou des bruits de train…

Entre les insectes, entre les chants, entre les bruits, dieb13 pose un larsen, d’abstract rythmiques ou un drone-basse agitateur d’aigus. Un cheval (et jamais un ange) passe et bing : re-noirs synthétiques sur ces enregistrements de terre, sur ces prières à la belle étoile (ou au beau nuage), sur ces fils sonores ténus comme des frontières. C’est un voyage sublimé par les retouches d’un gars resté sur place, en 33 tours du monde par minute.

Peter Kutin : Burmese Days (Gruenrekorder)
Enregistrement : 2013. Edition : 2014.
LP : 01/ Burmese Days Part 1 02/ Burmese Days Part 2
Pierre Cécile © Le son du grisli


dieb13 : trick17 (Corvo, 2013)

dieb13 trick17

En capsule lancée par la rotation d’une platine, dieb13 explore un paysage changeant, celui de trick17. L’univers en question étant ramassé (une face « audible » seulement, dont l’autre, « visible » elle, révélerait la cartographie sous les rapides va-et-vient d'un crayon gris), la première rencontre ne tarde pas, qui met le musicien face à une femme éplorée – plus loin, ce seront des paquets d’insectes. Pour la distraire, le voici actionnant des mécanismes minuscules et qui en appelle au réconfort d’une musique scientiste d’atmosphère.

S'il tourne alors à vide, le vinyle réserve aussi de belles plages que se disputent le bruit et le silence, jusqu’à ce que le second n’en puisse plus et disparaisse sous des déflagrations, des alarmes débitées net, des parasites et des cris habilement agencés. Pour à la fois bien faire entendre ses créatures et leur échapper, dieb13 saute comme cabri et assène même quelques coups de cornes... Jusqu'à en écorcher le vinyle, dont le rose vire maintenant au rouge sang.

dieb13 : trick17 (Corvo)
Enregistrement : 2013. Edition : 2013.
LP : A/ Audible B/ Visible
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Phil Minton, dieb13 : Im Pavillon (PanRec, 2013)

phil minton dieb13 im pavillon

La rencontre est courte – qui tient sur un mini-DVD – mais intense : concert de Phil Minton* et de dieb13, filmé le 7 novembre 2009 à l’Unlimited Festival de Wels par Pavel Borodin.

La caméra est mouvante et s’intéresse de près à ce que, dans les derniers rangs, on aura, à l’œil, eu du mal à saisir : rassemblement des forces et des pouvoirs du vocaliste, artifices et réflexes multiples du platiniste. Dans une respiration, puis un souffle, le duo trouve l’inspiration : de cris rentrés en irritations de sillon, d’interjections insensées en tremblements mécaniques, une première pièce va, une vingtaine de minutes durant, avec patience et intuition. Une seconde, nettement plus courte, donnera dans une exaltation autrement démonstrative.

En supplément, Borodin donne à voir quelques instants de balance et recueille des musiciens un paquet de phrases qu’humour et flegme se disputent. Autrement démonstratif, aussi, de l’intérêt à apporter à Im Pavillon.  

Phil Minton, Dieb13 : Im Pavillon (PanRec)
Enregistrement : 7 novembre 2009. Edition : 2013.
DVD : Im Pavillon
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

sonic protest 2014* Dans le cadre du festival Sonic Protest, Phil Minton donnera ce mercredi 9 avril à Paris, Cirque électrique, un solo entre L'oeillère et Albert Marcoeur & le Quatuor Béla



Burkhard Stangl : Hommage à moi (Loewenhertz, 2011)

burkhard stangl hommage à moi

Cet hommage que s’adresse non sans malice Bukhard Stangl a valeur de rétrospective. Trois disques – qui peuvent être augmentés d’un DVD et d’un livre (en allemand) – reviennent sur le parcours d’un guitariste entendu, entre autres formations, en Ton Art, Efzeg ou Polwechsel – combinaisons dévouées toutes à des formes musicales réfléchies.

Sur le premier disque, Stangl expose des compositions écrites pour ensembles, sur lesquelles il dirige l’Extented Heritage – présences de John Butcher, Angelica Castelló et dieb13 – le temps de pièces d’électroacoustique ténébreuse : au récitatif diaphane inspirée d’un solo de Butcher (Concert for Saxophone and Quiet Players) ou comblée de field recordings et progressant au rythme d’un vaisseau fantôme soumis à grand vent (Los vestidos blancos de Mérida). Ailleurs, c’est son amour pour les voix et les souffles que Stangl trahit au son d’une rencontre Angélica Castelló / Maja Osojnik / Eva Reiter.

Le deuxième disque est celui d’intelligents divertissements. C’est l’endroit où se mêlent de concert expérimentations et contemplations. Là où Stangl contraint un clavier à accepter son destin électronique (Angels Touch), contrarie la trompette de Gabriël Scheib-Dumalin en lui imposant un vocabulaire réduit (For a Young Trumpet Player), concocte des miniatures explosives au moyen de collages hétéroclites et de numérique affolé que pourront chahuter Klaus Filip ou Christof Kurzmann (Nine Miniatures), s’oppose au piano à la cithare de Josef Novotny (En passant), enfin, transforme l’Extended Heritage en ensemble de musique baroque autant que fantasque (Come Heavy Sleep).

Sur le troisième disque, on trouve la réédition de l’incontournable Ereignislose Musik – Loose Music, jadis édité par Random Acoustics. Là, Stangl dirige Maxixe, grand ensemble élaboré au début des années 1990 dans lequel on trouve Radu Malfatti, Werner Dafeldecker, Max Nagl, Michael Moser… En concerts, les musiciens peignent une musique de traîne que des nasses et verveux faits de cordes de guitare, de violons et de contrebasse, cherchent à capturer, empêchés toujours par des voix qui s’opposent et préviennent (dont celle de Sainkho Namtchylak). Après quoi Stangl dirige en plus petits comités des pièces de nuances voire de discrétions.

Ainsi, ces travaux et ces souvenirs regorgent de trouvailles. Leur intelligence est égale, née de celle de Burkhard Stangl, qui fait qu’on y reviendra souvent : au gré des envies, du moment, des surprises…  

Burkhard Stangl : Hommage à moi (Loewenhertz)
Enregistrement : 1993-2009. Edition : 2011.
CD1 : Kompositionen für Ensembles : 01/ Concert for Saxophone & Quiet Players 02/ WOLKEN.HEIM.breathing/clouds 03/ My Dowland 04/ Los vestidos blancos de Mérida – CD2 : Divertimenti : 01/ Angels Touch 02/ Ronron 03/ For a Young Trumpet Player 04-06/ Three Pieces of Organ 07-14/ Nine Miniatures 15/ Come Heavy Sleep – CD3 : Ereignislose Musik – Loose Music : 01/ Konzert für Posaune und 22 instruments 02-04/ Drei Lieder 05/ Trio Nr.1 06/ Uratru
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Mats Gustafsson : Swedish Azz - Jazz Pa Svenska (Not Two, 2010)

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On sait la ferveur avec laquelle Mats Gustafsson collectionne les disques vinyles. Pour attester de ce prégnant rapport à la chose ancienne autrement qu’au sein des Diskaholics Anonymous, il anime maintenant un projet qui l'expose auprès de Per-Ake Holmlander (tuba), Erik Carlsson (batterie) et dieb13 (platines) et qui voit paraître aujourd'hui son premier disque. Un vinyle, il va sans dire, dont l’aspect rappelle celui de plus anciens (diamètre inférieur aux 33 tours communs et rond central d'un bordeaux « voix de son maître ») et qui célèbre le répertoire de deux Suédois occupés hier par le jazz : Lars Werner (1934-1992) et Lars Gullin (1928-1976).

Trois titres, alors : Drottningholm Ballad (Werner), servie sur swing old school par Gustafsson (alto) et Holmlander à l’unisson avant qu’en soit extrait un motif – de ceux dont se servait Komeda pour imposer son art – qui finira par s’effacer au profit d’une plage d’électrobruitiste commandée par le même Gustafsson (live electronics) ; Danny’s Dream et Silhouette (Gullin), ensuite : ce dernier titre passant, lui, de râles expérimentaux en mélodie déposée par Gustafsson (baryton) pour retrouver l’inquiétude née de l’alliance de boucles et d’autres parasites sur un investissement de dieb13. L'ensemble, mené avec subtilité, plaide en faveur de la poursuite du projet et donc d'autres airs anciens réinventés.

Swedish Azz : Jazz På Svenska (Not Two / Instant Jazz)
Edition : 2010.
LP : A01/ Drottningholm Ballad A02/ Danny’s Dream B01/ Silhouette
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Interview de John Butcher

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L'année dernière, le saxophoniste John Butcher s'est fait entendre et remarquer au son de somethingtobesaid (qu'il a produit sur son propre label, Weight of Wax), A Brush With Dignity (Clean Feed) ou encore d'un duo enregistré auprès du batteur Mark Sanders sur la compilation Treader Duos (Treader). Faites prétextes à aller le réentendre sur disques voire à aller l'écouter le 26 février aux Instants Chavirés, voici de courtes réponses à une déjà maigre poignée de questions, puisque si quelque chose doit être dite, ce sera d'abord en musique...

Quel est votre premier souvenir musical ? Sans doute l’excitation autour des Beatles en 1963… Et puis l’école, où nous devions tous jouer de la flûte.

Comment êtes-vous arrivé à la musique ? J’ai d’abord joué avec des copains de classe ainsi qu’avec mon frère, Philip, qui pratiquait la contrebasse. A l’université, j’ai fait partie d’un groupe d’avant-rock, d’un ensemble de vents et de groupes de jazz.

Quels ont été vos premiers instruments ? D'abord la  flûte, donc, et ensuite une très mauvaise guitare, un harmonium, et puis le piano classique et le saxophone – je suis autodidacte à l’instrument.

A quelle occasion êtes-vous passé professionnel ? Mon premier travail rémunéré concernait une tournée que j’ai effectuée avec le London Contemporary Dance Theatre en 1978.

Et concernant l’improvisation ? Je pense que j’ai toujours improvisé, dès le début. Comme beaucoup…

Quel est le rapport que vous entretenez avec le jazz, à la fois personnellement et au travers de votre pratique musicale ? J’apprécie beaucoup le jazz enregistré entre 1920 et 1970. Après, seulement quelques trucs par-ci par-là… Jouer du jazz lorsque j’étais encore étudiant m’a beaucoup appris sur le fait de collaborer avec d’autres musiciens.

Vous vous intéressez aujourd'hui autant à la musique acoustique qu'à l'électroacoustique. Y a-t-il dans votre propre discographie des disques que vous préférez aux autres ? En fait, je ne fais pas de réelle différence entre mes différentes pratiques musicales. Pour ce qui est du disque, Invisible Ear est celui qui m'a demandé avec le plus de précision de tirer un CD des nombreuses possibilités cachées du saxophone.

Vous avez jadis participé aux travaux de Polwechsel, pouvez-vous me dire deux mots de cette collaboration ? Eh bien, ils m'ont invité dans le groupe en 1997, lorsque Radu Malfatti le quittait. Et nous avons travaillé ensemble dix années durant.

L'année dernière, vous avez produit sur votre label le disque somethingtobesaid, commande que vous avait passé un festival de musique contemporaine. Quels moyens avez-vous mis en oeuvre pour satisfaire celle-ci ? Le mieux serait que je vous renvoie aux notes que j'ai écrites à l'occasion de ce concert :

A concern in producing somethingtobesaid has been - as I chip away at, and redirect, the individual freedoms and responsibilities of improvisation, can I replace them with anything as worthwhile?
To my mind, the unique qualities of improvisation come alive when the reason for something happening has only been born in the moments just before it is revealed. Of course, even in a “free” improvisation this will only be part of the story - but it’s one so easily lost when rules, instructions and prearranged actions enter the picture.
The musicians in this octet have developed most of their techniques and languages to serve particular ways of making music, and mismatched methodologies can easily suck the blood from sounds and intentions - meaning relies on context (including that put in place by the listener).

That said, whilst the group has been chosen for a number of reasons, not least is my feeling that these players are sympathetic to compositional considerations. They are certainly expert in those that arise intuitively through group consensus in the moment, and have nothing to do with a piece of paper - but also to the more overt systems of explicit organisation, including concepts that a “composer” might bring.

I have deliberately invited into the project a mix of long-term colleagues and, to me, newer faces. My musical history with Chris Burn stretches back 30 years, from student jazz to free-improvisation and composition; I’ve valued a decade-plus of improvising with Gino Robair, Thomas Lehn and John Edwards, whilst there have been just a handful of encounters with dieb13, Clare Cooper, and Adam Linson.

somethingtobesaid is music that could only happen with these players as it relies on their personal musical materials, judgements and experience - developed and honed in some very different cultures, continents and times. In terms of pre-formulating a piece it’s easy to spot the danger, even temptation, of simply rummaging around in the sonic treasure-chest they provide and imposing one’s ego in the name of order, clarity and the greater good.

As it happens, I have more sympathy in control at the microscopic than at  the macroscopic level - personal rather than global, at least. Partly in keeping with this, the piece has been constructed through a mix of knowing and not yet knowing the musicians’ sounds and methods, some hopeful psychology in predicting responses, engaging with my own personal concerns, tussling with the role of specifics, pondering the value of ideas that can be notated, and having a well founded trust in the power of improvisation - in certain hands.

L'autoproduction de vos travaux, sur Acta et maintenant Weight of Wax, a-t-elle changé quoi que ce soit à votre pratique musicale ou à la manière dont vous pensez celle-ci ? Eh bien, Acta a sorti 14 disques en 14 ans, et Weight of Wax 2 en 4 ans, il ne s'agit donc pas là d'un travail à temps plein... Je pense qu'Acta avait son utilité à la fin des années 80 pour faire connaître la musique que je jouais en compagnie de John Russell, Phil Durrant et Chris Burn, au-delà des frontières anglaises. Et cela nous a certainement donné l'opportunité de jouer dans d'autres pays...

John Butcher, propos recueillis en décembre 2009.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


John Butcher Group : Somethingtobesaid (Weight of Wax, 2009)

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Commande passée à John Butcher par le festival de musique contemporaine d’Huddersfield (et enregistrée là l’année dernière), Somethingtobesaid est une pièce découpée en neuf mouvements qui trahit les obsessions électroacoustiques de son auteur.

Pour évoluer lentement au gré des gestes d’un groupe de huit musiciens concentrés : Butcher, donc, aux saxophones, et puis Chris Burn (piano), Clare Cooper (harpe), dieb 13 (turntables), John Edwards (contrebasse), Thomas Lehn (synthétiseur), Adam Linson (électronique) et Gino Robair (percussions). Par phases grandiloquentes ou discrètes, Somethingtobesaid amasse mouvements de cordes fuyantes et combinaisons de notes affolées, répond ici aux obligations d’une emphase fulgurante pour s’abandonner ailleurs au murmure d’expressions timides. En qualité de commandeur, intervient de rares fois une voix préenregistrée, décisionnaire des impulsions indispensables à donner à la musique à flot de ce qui devait être dit. 

John Butcher : Somethingtobesaid (Weight of Wax / Improjazz)
CD : 01-09/ Somethingtobesaid
Enregistrement : 2008. Edition : 2009.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

Archives John Butcher


Efzeg : Krom (HatOLOGY, 2006)

kromsliSi la musique électroacoustique d’Efzeg donne dans l’ambient expérimentale, Krom a ceci de spécial qu’il investit le genre avec singularité, mêlant l’électronique à des phrases (mal) traitées de saxophone et de guitares, et ses soucis d’intelligence à la défense d’un folklore inventé.

Ainsi sur Intron, premier morceau lancé au son de nappes oscillantes et de grésillements sortis d’amplis changé bientôt en amas de danses folles. Pour étayer son propos, Efzeg fomente ensuite le crescendo féroce d’une combinaison de notes de guitares répétées et de souffles perdus en saxophones (Som), ou institue quelques boucles ordinatrices d’un univers partagé entre effets de masses et grésillements, interventions étouffées de clavier et bourdon électronique (Exon).

Apposant de multiples sections sur les lignes mélodiques qu’ils tracent, les musiciens prônent une dernière fois leur abstraction géométrique en imbriquant l’intervention grave d’un bassstation et quelques chocs sur le piezzo des guitares (Ribo). Jusqu’à obtenir le larsen ultime, qui avalera, pour le mettre en bouteille, la cosmogonie atmosphérique, organique et revêche, exposée sur Krom.

CD: 01/ Intron 02/ Som 03/ Exon 04/ Ribo

Efzeg - Krom - 2006 - HatOLOGY. Distribution Harmonia Mundi.



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