Sei Miguel : Salvation Modes (Clean Feed, 2014) / Parque Earworm Versions (Clean Feed, 2013)
D’une horizontalité qu’il ne quittera jamais, on retiendra de Sei Miguel son amour des longs silences. Comme si, aimanté par quelque drone céleste, il ne sortait de son repère que pour étirer jusqu’à l’excès des phrasés livides, à la limite de l’effacement. L’absence d’aventure (mais l’aventure doit-elle être tonitruante ?), les éclaboussures souterraines, les solos parcimonieux (Fala Mariam, César Burago, Pedro Gomes), une évanescence de (presque) tous les instants, feront fuir les tenants du sonique à tout prix.
Les autres, ceux pour qui la nonchalance est bonne conseillère, se réjouiront de ces trois compositions aux longs fleuves tranquilles. Ils aimeront sans doute Cantata Mussurana et la douce voix de Kimi Djabaté. Plus proche d’un Don Cherry ou d’un Jacques Coursil que d’un John Cage qu’il semble pourtant vénérer, Sei Miguel poursuit, inlassablement, un chemin peu balisé, peu documenté, peu commenté. Il serait grand temps que l’on s’intéresse à ce compositeur aux tendres desseins.
Sei Miguel : Salvation Modes (Clean Feed / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2005-2012. Edition : 2014.
CD : 01/ Preludio e cruz de sala 02/ Fermata 03/ Cantata Mussurana
Luc Bouquet © Le son du grisli
Lorsqu’il n’accompagne pas Sei Miguel, le saxophoniste Nuno Torres peut soutenir le travail artistique de Ricardo Jacinto. Conceptuel, celui-ci, qui convoque une électroacoustique tortueuse trop illustrative peut-être, si ce n’est sur Peça de Embalar : trois plages de soupçons, certes post-AMM, que les percussions de Dino Recio portent avec un esprit nouveau.
Parque : The Earworm Versions (Clean Feed/ Orkhêstra International)
Edition : 2013.
CD : Earworm Versions
Guillaume Belhomme © Le son du grisli