Vinny Golia : The Ethnic Project (Kadima Collective, 2012)
Pour goûter les rencontres de Vinny Golia avec des contrebassistes – d'Haunting the Spirits Inside Them... (Music & Arts, 1992) à Mythology (Kadima Collective, 2000) en passant par 11 Reasons to Begin (Music & Arts, 1996) –, comment être déçu par The Ethnic Project, qui donne à l’entendre souffler en instruments exotiques (danso, moxeneo, kaval, ganzi, zurla, nokhan, tarogato, hulusi…) aux côtés de Joëlle Léandre, Lisa Mezzacappa, Barre Phillips et Bertram Turetzky ?
Déstructurations ludiques ou paysages miniatures avec Philipps, batailles prestes ou recherches sonores avec Léandre, délicats pas de deux ou chant de la terre avec Mezzacappa, harmonies rares et opposition féroces avec Turetzky – qui va de coups d’archet saillant en claques magistrales –, voilà les manières qu’a Golia de faire sien l’instrument rare. En conclusion, il joue seul et enregistre sur plusieurs plages des cornemuses écossaises en hommage à Paul Dunmall. De quoi revoir toute définition de l'ethnique.
Vinny Golia : The Ethnic Project (Kadima Collective)
CD : 01/ Viba2 02/ Vibe6 03/ Vijo1 04/ Vili4 05/ Vibe5 06/ Viba4 07/ Vijo3 08/ Vili5 09/ Viba6 10/ Vili7 11/ Vibe1 12/ Vibe4 13/ Vijo2 14/ Viba5 15/ Bonus Track (dedicated to Paul Dunmall)
Enregistrement : 2011/ Edition : 2011.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Vinny Golia, Marco Eneidi : Hell-Bent in the Pacific (NoBusiness, 2012)
Sur le feu, Vinny Golia convainc de l’association qu’il pensa pour Hell-Bent in the Pacific, lot de pièces quiètes et même réfléchies enfermées entre deux grands moments de tension – pour ne pas dire de free intense.
Ainsi donc, trouve-t-on aux côtés du souffleur : Marco Eneidi, ancien élève de Jimmy Lyons, recrue de Bill Dixon et par voie de conséquence saxophone alto singulier, et la paire rythmique Lisa Mezzacappa / Vijay Anderson. Saxophones (ténor, sopranino et soprano) à moudre et clarinettes à traîner trouvent là et un partenaire incitatif et un soutien de choix : l’empreinte d’Eneidi marquant même l’improvisation de ses enraiements multiples. En place, le groupe fait preuve d’un équilibre qui transforme toute provocation en déstabilisation nécessaire : de fioritures piquantes, Hell-Bent fait un bouquet de fleurs sauvages – pétales et tiges désormais accessoires.
EN ECOUTE >>> Everything Imaginable Can Be Dreamed >>> Lop-sided Heels and Frayed Shoes
Vinny Golia : Hell-Bent in the Pacific (NoBusiness)
Edition : 2012.
CD : 01/ Meteorites 02/ Inessential melancholies 03/ Everything imaginable can be dreamed 04/ Deformities and discords 05/ Pendulum 06/ Fumbling fulminations 07/ Prisoner of a gaudy and unlivable present 08/ Lop-sided heels and frayed shoes 09/ Catholic comstocking smut-hound 13'17"
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Vinny Golia : Take Your Time (Relative Pitch, 2011)
Avant d’inviter Bobby Bradford à enregistrer pour lui, Vinny Golia sera souvent passé au Little Big Horn, club que le cornettiste dirigeait à Pasadena. Take Your Time, de profiter d’une complicité évidente en plus d’une section rythmique irréprochable.
On sait l’amour de Golia pour les graves de contrebasse : aussi doué à l’archet qu’au pizzicato, Ken Filiano doit ici le ravir, tant il embrasse la musique du quartette : mariage de swing et de bop, d’improvisation libérée de tout schéma et free léger. Au soprano (Golia dit avoir été bouleversé par le son de celui de Coltrane), est servi un jazz étonnement découpé qui peut rappeler Braxton (qui donna jadis quelques leçons d’instruments au meneur) ; au ténor et à l’alto, ce sont des pièces d’un swing gouailleur et sophistiqué à la fois qui prennent forme. La prise de son, un peu claire, n’y peut rien : l’enregistrement fait référence dans la discographie de Golia.
Vinny Golia Quartet : Take Your Time (Relative Pitch)
Enregistrement : 3 juillet 2007. Edition : 2011.
CD : 01/ That Was For Albert 10 02/ Otolith 03/ On The Steel 04/ That Was For Albert 11 05/ Welcome Home 06/ Parambulist 07/ A Guy We All Used To Know 08/ Even Before This Time
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Vinny Golia, Mark Dresser : Live at Lotus (Kadima Collective, 2011)
Voilà plus d’une dizaine d’années, le 20 janvier 2001 précisément, une clarinette s’emportait et une contrebasse n’était pas loin d’en faire autant. Cela se passait au Lotus new-yorkais et Vinny Golia diagnostiquait à sa clarinette une fringale anormale tandis que Mark Dresser tendait à son partenaire d’explosifs filets.
Intrépides et soudés, généreux et abondants, prêts à chevaucher des improvisations sans balises – Can There Be Two excepté –, ils se régalaient à accorder anche et archet sur une même fréquence. L’unisson s’était trouvé mais refusait de s’attarder. Très vite, ils repartaient à l’aventure. A nouveau, ils se réunissaient puis s’éloignaient. Quand clarinette basse et contrebasse trouvaient une même et juste distance, la réussite était totale (Excursion) mais bien plus aléatoire était leur chant quand ils s’entêtaient à parfaire un contrepoint incongru (Can There Be Two). Tout ceci pour le premier set. Le second est attendu avec impatience.
Vinny Golia, Mark Dresser : Live at Lotus (Kadima Collective / Instant Jazz)
Enregistrement : 2001. Edition : 2011.
CD : 01/ Locution 02/ Excursions 03/ Can There Be Two 04/ Directions to El Paso
Luc Bouquet © Le son du grisli
Bertram Turetzky, Vinny Golia : The San Diego Session (Kadima, 2009)
Si les volutes du polysouffleur Vinny Golia – il change ici d’instrument pour chaque pièce – m’avaient jusqu’alors (certes dans d’autres contextes) plutôt agacé, je n’avais encore jamais pris connaissance de ses travaux avec le contrebassiste Bertram Turetzky (pourtant abondamment documentés par le label Nine Winds)…
Sa fréquentation, et en duo et déjà chez Kadima, des cordes de Kowald ou de Dresser, laissait penser que le saxophoniste trouvait à ce type d’association un attrait particulier… qu’on peine à partager en écoutant cette session de studio.
De flûte persane en clarinette contrebasse et de sheng en soprillo (ce cousin du saxophone sopranino a tout du moustique à trilles), c’est toute la panoplie de Golia qui est passée en revue, bourdonnante, agitée ou pesamment réfléchie, n’aboutissant qu’à détourner l’attention au profit de la somptueuse basse de Turetzky. Ce personnage omniprésent dans maints domaines contemporains (et qu’on aura repéré en Europe par exemple dans le dernier disque en date du King Übü Orchestrü) régale, sur la plupart de ces morceaux, par son jeu impeccable, et c’est lui qu’on écoutera, en espérant que la présence de George Lewis aux côtés des deux hommes, sur un récent enregistrement pour le label israélien (Triangulation II, après un premier volume chez Nine Winds), modifie la donne.
Bertram Turetzky, Vinny Golia : The San Diego Session (Kadima / Instant Jazz)
Edition : 2009.
CD : 01/ Confucian Conundrum 02/ That One ! 03/ Reading Rumi 04/ Meditations and rayers 05/ My Lady Nancy’s Dompe 06/ The Tzadik Dances 07/ Il Italiano in Turco 08/ Phantasma-goria
Guillaume Tarche © Le son du grisli
Earth Music: Ten Years of Meridian Music (Innova, 2010)
Dix ans de musique et pas de n’importe quelle musique : celle programmée par la galerie Meridian qui, si l’on n’a pas de penchant particulier pour les compilations ou les rétrospectives, pourrait vous faire changer d’avis. Au moins le temps de la durée de ce disque.
Parce qu’on trouve sur cette anthologie des musiciens fabuleux, qui s’activent dans des genres différents mais qu’il est possible de rapprocher malgré tout : Vinny Golia (à la clarinette basse), Matthew Sperry (ses élucubrations électroniques sont merveilleuses), Pauline Oliveros (& son drone d’accordéon), Frank Gratkowski (esprit frappeur de clarinette), Jon Raskin (baryton hors ROVA) ou bien encore Shoko Hikage (répétitive répétitive). Chaque plage du disque vous fait passer d’un monde à l’autre, les quelques secondes de silence entre les morceaux sont une porte dérobée donnant sur un ailleurs aussi fabuleux que l’était le précédent.
Earth Music : Ten Years of Meridian Music : Composers in Performance (Innova)
Edition : 2010.
CD : 01/ Vinny Golia : Steps 02/ John Bischoff : Quarter Turn 03/ Matthew Sperry : Improvisation 04/ Damon Smith, Hugh Livingston, Carla Kihlstedt : Lines for Trio 05/ Pauline Oliveros : Pauline’s Solo 06/ Ben Goldberg, John Schott : All Chords Stand for Other Chords 07/ Shoko Hikage : Improvisation 08/ Frank Gratkoswki : Improvisation 09/ Sara Schoenbeck, Ellen Burr : Improvisation 10/ Viv Corringham : Improvisation 11/ Jon Raskin : Sonic Coordinates 12/ Tim Bickley, Bob Marsh : Microtonic Meditations for Endings and Beginnings 13/ Philip Gelb, Jie Ma : Comp. 40 N and Comp. 110 A. 14/ Theresa Wong : Nightwatching
Héctor Cabrero © Le son du grisli
Anthony Braxton : Creative Orchestra (Köln) 1978 (HatOLOGY, 2009)
En concert à Cologne en 1978, le Creative Orchestra d’Anthony Braxton vivait ses dernières heures, et peut être aussi ses plus intenses, à en croire ce Creative Orchestra (Köln) 1978, aujourd'hui éédité.
Parmi la vingtaine d’intervenants auprès de Braxton, souligner les présences de Vinny Golia, Leo Smith, Kenny Wheeler, George Lewis ou Marilyn Crispell – détail de l’orchestre à trouver en image. Pour tenter de décrire la musique, commencer par dire la lutte engagée sur Language Improvisations par un soprano contre le reste d'un groupe, lutte qui servira les intérêts du guitariste James Emery.
Cinq compositions du chef d’orchestre, ensuite : numérotées 55 (bop servi à l’unisson puis démoli par individualismes), 45 (musique de fanfare mêlant le grotesque à ses tourments obsessionnels), 59 (masse compacte née de dissonances d’où ne dépassera plus une note), 51 (bop soumis davantage aux oppositions frontales des solistes, Crispell étant de ceux-là la plus radicale de toutes) et enfin 58 (exploration sonore d’essence plus rare sur laquelle l’accordéon de Birgit Taubhorn et le synthétiseur de Bob Ostertag revendiquent leur place en musique créative et donnent par la même une leçon de subtilité à la plupart des défenseurs de tango jazz ou de fusion). En conclusion de cette même composition, une marche grave impose son allure, « funèbre » pourrait la qualifier. A suivre, la disparition du Creative Orchestra la revendiquerait même, après avoir presque tout prouvé dans le domaine de la musique créative comme dans le domaine de la musique d’orchestre.
Anthony Braxton : Creative Orchestra (Köln) 1978 (HatOLOGY / Harmonia Mundi)
Enregistrement : 1978. Réédition : 2010.
CD1 : 01/ Language Improvisations 02/ Comp. 55 03/ Comp. 45 – CD2 : 01/ Comp. 59 02/ Comp. 51 03/ Comp. 58
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Vinny Golia: A Gift for the Unusual, Music for Contrabass Saxophone (Nine Winds - 2003)
Figure de l’avant-garde West Coast, et, par là même, pourfendeur plus qu’acharné d’amateurs de sirops, Vinny Golia s’attache depuis quelques années à élaborer des songbooks personnels qu’il consacre à tout instrument à vent imaginé un jour. Sur A Gift For The Unusual, le voici plongé dans l’univers du ...tubax.
Saxophone contrebasse modifié pour s’enfoncer encore dans les graves, il va sans dire que le tubax de Golia, pas contrarié, explore les profondeurs. De solos organiques (Single Booth Enclosure-Prime) en jeux à l’unisson en compagnie de la contrebasse de Bill Casale (The Mozart of Vice) ou du piano de Wayne Peet (Eye My), l’exploration des caves se fait à la lumière des trouvailles ingénieuses.
Ici, des attaques envoûtantes ont recours à la mélodie pour éliminer définitivement une rythmique minimaliste (Mr. Amons Builds His Bridge). Là, on transforme la redondance des phrases en envolées progressives, portées par des décalages mélodiques (Repetition). Convaincants, les enregistrements parlent d’une même envie, qui est celle d’élever un monument aux graves. Et, lorsque l’on s’égare, c’est de ne pas avoir été assez radical (le brouillon The 15th, l’ennuyeux Once Upon A Time On My Way To The Studio).
Pour finir, on expérimente, et on multiplie : les effets et les pistes (Just Something I Thought of), les techniques réservées à l’instrument et les copiés collés sur le vif (A History of Everything That Ever Happened). Ainsi, des motifs fins et variés courent sur l’éventail de Vinny Golia, qui, pour bien seoir à l’instrument, a pris les dimensions d’un paravent.
CD: 01/ Single Booth Enclosure- Prime 02/ Repetition 03/ Mr. Amons Builds His Bridge 04/ Eye My 05/ Single Booth Enclosure Third- Revisitation 06/ The Mozart of Vice 07/ The 15th 08/ Just Something I Thought of 09/ Once Upon A Time On My Way To The Studio 10/ A History of Everything That Ever Happened 11/ The Last of It’s Kind
Vinny Golia - A Gift for the Unusual, Music for Contrabass Saxophone - 2003 - Nine Winds.