Adam Lane : Absolute Horizon (NoBusiness, 2013)
Improvisant sans canevas mais se réfugiant très vite en blues sommaire (Absolute Horizon), Adam Lane, Darius Jones et Vijay Anderson ne laissent rien deviner des pépites qui vont suivre. Le blues, le jazz, ils y reviendront le temps d’un dernier soupir (Light) en fin de disque. A cette occasion, l’altiste sera dolphyen, intrépide, assidu.
Entre les deux, vont se délier quelques jungles hostiles. Chauffé à blanc, le trio va électriser le spasme, tenir les zones de turbulences en haute estime. Et surtout faire du terrain vague une aire de jeu sans (peu de) limites. Veines saillantes, aiguisant les aigus comme d’autres lacèrent la chair de leur scalpel, ils trouvent à la convulsion sa juste justification. Tout se trouve, tout se résout, tout se densifie, et cela, sans passer par l’usure des codes courants. Et ceux qui douteraient encore de la singularité du jeu de Darius Jones n’auront d’autre choix que se rendre à l’évidence : les promesses n’en sont plus, le chemin est trouvé. Et de quelle manière !
EN ECOUTE >>> Run to Infinity >>> Absolute Horizon
Adam Lane Trio : Absolute Horizon (NoBusiness Records)
Enregistrement : 2010. Edition : 2013.
CD / LP : 01/ Absolute Horizon 02/ Stars 03/ The Great Glass Elevator 04/ Run to Infinity 05/ Apparent Horizon 06/ Bioluminiscence 07/ Light
Luc Bouquet © Le son du grisli
Vinny Golia, Marco Eneidi : Hell-Bent in the Pacific (NoBusiness, 2012)
Sur le feu, Vinny Golia convainc de l’association qu’il pensa pour Hell-Bent in the Pacific, lot de pièces quiètes et même réfléchies enfermées entre deux grands moments de tension – pour ne pas dire de free intense.
Ainsi donc, trouve-t-on aux côtés du souffleur : Marco Eneidi, ancien élève de Jimmy Lyons, recrue de Bill Dixon et par voie de conséquence saxophone alto singulier, et la paire rythmique Lisa Mezzacappa / Vijay Anderson. Saxophones (ténor, sopranino et soprano) à moudre et clarinettes à traîner trouvent là et un partenaire incitatif et un soutien de choix : l’empreinte d’Eneidi marquant même l’improvisation de ses enraiements multiples. En place, le groupe fait preuve d’un équilibre qui transforme toute provocation en déstabilisation nécessaire : de fioritures piquantes, Hell-Bent fait un bouquet de fleurs sauvages – pétales et tiges désormais accessoires.
EN ECOUTE >>> Everything Imaginable Can Be Dreamed >>> Lop-sided Heels and Frayed Shoes
Vinny Golia : Hell-Bent in the Pacific (NoBusiness)
Edition : 2012.
CD : 01/ Meteorites 02/ Inessential melancholies 03/ Everything imaginable can be dreamed 04/ Deformities and discords 05/ Pendulum 06/ Fumbling fulminations 07/ Prisoner of a gaudy and unlivable present 08/ Lop-sided heels and frayed shoes 09/ Catholic comstocking smut-hound 13'17"
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Vijay Anderson : Hardboiled Wonderland (Not Two, 2010)
Quand on aura le temps (c’est à dire jamais !), on lira Murakami. Pour l’heure, on écoute Hardboiled Wonderland, groupe drivé par le batteur Vijay Anderson et qui est aussi le titre d’un roman de Murakami. Y officient le saxophoniste Sheldon Brown, le clarinettiste Ben Goldberg, les guitaristes Avan Mendoza et John Finkbeiner et le vibraphoniste Smith Dobson V.
Le paysage y est familier : prudent et convenu quand l’axe résulte collectif ; mordant et incisif quand la parole est donnée aux duos, trios ou quartets. Ainsi telle guitare qui s’empêtrait de ses arpèges fuyants (Hard-Boiled Wonderland) devient subtil guide baroque en trio (Skittering), laissant à la clarinette la liberté d’allonger son souffle à loisir.
Et ainsi, par petits groupes, de se combiner et de s’enchâsser en des contrepoints giuffriens inspirés avant que la masse ne retrouve de sa lourdeur d’écume.
Vijay Anderson : Hardboiled Wonderland (NotTwo / Instant Jazz)
Enregistrement : 2008. Edition : 2010.
CD : 01/ Hard-Boiled Wonderland 02/ East Oakland Reverie 03/ A Few More Hands 04/ Interlude 05/ Skittering 06/ Dilation 07/ A Widow’s Last Penny 08/ Swimming in a Black Well 09/ Nix 10/ March at the End of the World
Luc Bouquet © le son du grisli