Simon Wickham-Smith : A Hidden Life (Tanuki, 2015)
Pour écrire A Hidden Life, Simon Weckham-Smith (electronics) a puisé dans le livre The Hidden Life of the Sixth Dalai Lama de Ngawang Lhundrup Dargyé, qu’il a d’ailleurs traduit en anglais. Sur cette cassette, il est entouré d’interprètes a bit charismatiques : Robert Ashley, qui joue le Lama, Laetitia Sonami, la narratrice, et Joan Stango, la vocaliste-illustratrice.
L’opéra (puisque c’est comme ça que Wickham-Smith présente son œuvre) dure quarante-cinq minutes et tient donc sur la face A. Grâce à un petit drone modifié sans cesse (à tel point qu’on dirait écouter une vieille cassette pour la millième fois), il plante le décor tibétain où les personnages se croiseront. La lecture et le chant forment une sorte de ballet hypnotique d’où s’échappent des volutes de La Monte Young en position du lotus.
En B, quatre morceaux ont été rassemblées, qu’on pourrait croire être le matériau utilisé pour A Hidden Life, mais non : ils datent d’après. L’électroacoustique de Wickham-Smith ne parle plus mais marque son territoire avec une ambient limite new age et avec d’autres détériorations de petits drones. L’étrangeté de la chose fait effet, dans un autre registre que A Hidden Life, ce qui fait encore plus d’effet. Ce qui fait beaucoup d’effets, si on compte bien.
Simon Wickham-Smith : A Hidden Life (Tanuki)
Edition : 2015.
A1/ Hidden Life – B1/ Laude B2/ Koimesis B3/ Cellules B4/ Close
Pierre Cécile © Le son du grisli
Simon Wickham-Smith: Love & Lamentation (Pogus - 2008)
D’anciens travaux abandonnés, de l’intérêt qu’il porte à l’ethnomusicologie et d’une obscure – pour ne pas dire obscurantiste – lecture de la Bible, Simon Wickham-Smith a fait Love and Lamentation, œuvre électroacoustique de traditions réinventées.
Puisqu’on y trouve des souffles longs propulsés en tubes et des collages maniaques, des motifs passés à l’envers et mille modifications sonores. Enfin, et surtout : un travail sur la voix. Qui montre Wickham-Smith s’appliquant à imposer des vitesses différentes à l’allure des récitations qu’il a glanées : ralentissement et accélération des bandes sur récitation latine ou message amoureux, et puis découpes, appositions d’effets déstabilisants, ou jeu de résonance pour psychédélisme tardif commandé par les redites.
L’Asie, enfin, qui point un peu partout : entre deux sonorités métalliques ou sur le drôle d’instrument à cordes entendu en conclusion de Love & Lamentation. Déconcertant, qui glisse un peu de jeu dans un exercice quelque fois abordé par un art contemporain avide d’expériences sonores.
CD: 01-05/ Love & Lamentation - Simon Wickham-Smith >>> Love & Lamentation - 2008 - Pogus. Distribution Metamkine.