Piiptsjilling : Moarntiids (Midira, 2014)
Ce serait mentir que de dire que l’usage du Flamand n’a pas freiné (d’un grand coup) l’enthousiasme qu’aurait pu faire naître en moi la découverte (même si Moarntiids est la troisième production du groupe) du Piiptsjilling de Mariska Baars (qui signe la belle peinture de la pochette), Jan & Romke Kleefstra et Rutger Zuydervelt (plus connu sous le nom générique de Machinefabriek).
Mettant en musique la poésie de Jan Kleefstra, le trio en adopte (semble-t-il) les codes : la traduction des textes qui ont inspiré les quatre morceaux du CD parlent (merci au digipack pour la traduction) de murmure, d’endormissement, d’ombres et de reflets de lumière dans l’eau… C’est dire que la musique de Machinefabrik aurait pu convenir au projet, mais en choisissant Piiptsjilling pour s'atteler au projet, c’est peut-être autre chose qui en sort. Guitares électriques avec un peu de delay, ce qu’il faut d’électronique et des voix fantomatiques (en plus de celle qui récite) concoctent une pop atmosphérique matinée, un krautrock planant, une americana d'Amsterdam nouvelle… Passée la surprise du premier titre, tout ça est assez convaincant !
Piiptsjilling
Moarntiids (extraits)
Piiptsjilling : Moarntiids (Midira)
Edition : 2014.
01/ Flinter Djippe See 02/ Kobbeswerk 03/ Slykklauwers 04/ Sûnder Wyn Nea Itselde
Pierre Cécile © Le son du grisli
Sergio Sorrentino, Machinefabriek : Vignettes (Fratto9, 2013) / CMKK : Gau (Monotype, 2013)
On aurait bien vu Rutger Zuydervelt alias Machinefabriek à l’affiche du récent Stream Machines. Toutefois, au lieu de suivre le panneau Den Haag, c’est du côté de l’Italie de Sergio Sorrentino que les pas du Rotterdamois se sont dirigés pour des Vignettes nuancées et délicates (mais…).
Très présente, l’électronique du Néerlandais s’inscrit en contrepoint du jeu de guitare de l’Italien. Parfois, l’apport de ce dernier tend carrément vers la sourdine, et le travail d’orfèvre-pâtissier de Zuydervelt imprime des caractères numérisés à l’extrême – d’ailleurs, Echi Del Tempo / Echo’s van de tijd est le titre le plus réussi, because à l’opposé de cette vision étriquée.Car oui, la recette ne fonctionne que partiellement, et la compatibilité des deux protagonistes guère évidente pour qui aura laissé au clou son casque de mineur. Et pour le coup de grisou, on retournera en 2009, quand Zuydervelt s’amourachait d’Andrea Belfi (Pulses And Places).
Sergio Sorrentino, Machinefabriek : Vignettes (Fratto9 Under The Sky Records)
Edition : 2013.
CD : 1/ Prefazione / Introductie 2/ Caduta Libera / Vrije Val 3/ Trotto / Draf 4/ Buco Nero / Zwart Gat 5/ Echi Del Tempo / Echo's Van De Tijd 6/ Rettile / Slakkegang 7/ Pendolare / Forens 8/ Frammenti / Fragmenten 9/ Perdersi / Dwaling 10/ Ghirigoro / Doedel 11/ Trasformazione / Transformatie 12/ Alba / Dageraad 13/ Nebbia Fitta / Dichte Mist
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli
Insatiable, l’ami Machinefabriek, le revoici membre du trio CMKK aux cotés de Jan et Romke Kleefstra, soit trois des quatre équipiers du merveilleux projet Piiptsjilling, dont on ne vantera jamais assez l’unique Wurdskrieme. Habitués des titres en Frison, les trois compères remettent le couvert avec Gau, qui exprime une idée de vitesse et d’urgence. En prime, Jan Kleefstra lit de sa fascinante voix rauque les textes dans sa langue maternelle, soutenus de main de maître par Machinefabriek et son Jan de frangin. C’est formidablement troublant, parfois carrément trippant, on sent le vent glacé souffler de la Mer du Nord en novembre et ça donne une envie bandante d’apprendre la langue séance tenante.
CMKK
Gau (extrait)
CMKK : Gau (Monotype)
Edition : 2013.
CD : 01/ Gau
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli