Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Andrea Centazzo: Koans (Ictus Records - 2007)

centaEn rééditant à son rythme l'ensemble de ses enregistrements, le percussionniste Andrea Centazzo met peu à peu à jour un catalogue impressionnant dévoué à une musique improvisée contemplative.

Sous le nom de Koans, Centazzo rassemble aujourd'hui des pièces improvisées entre 1977 et 1993 aux côtés d'autres percussionnistes que lui: Pierre Favre, Davis Moss et Steve Hubback, notamment. Le premier des trois volumes revient donc sur sa collaboration avec Favre, avec lequel il avait enregistré l'album Dialogues. Tirés des chutes de l'enregistrement, la quinzaine de titres présentée ici révèle un dialogue courtois que se disputent autant d'interventions résonnantes et mesurées que de charges sèches menées à grands coups de baguettes.

Moins passionnant, le travail élaboré à la fin des années 1970 par Centazzo, Alex Cline et Davis Moss révèle, lui, un univers sombre tirant des plaintes aigues aux cymbales ou comptant sur l'usage d'un steel pan pour diversifier un propos souvent trop frénétique pour laisser la réflexion prendre le dessus sur la conséquence de gestes plus ou moins inspirés. Toujours auprès de Moss, et aussi de Steve Hubback, Jeffrey Daniel Jensen, Per Oliver Jürgens et du groupe Brake Drum Percussion, l'Italien menait enfin plus récemment une musique d'une autre envergure. Ainsi, au son de pièces percussives plus écrites et quelques fois trop appuyées, il déploie de nouvelles préoccupations, oeuvre personnel inspiré autant par les possibilités de l'improvisation que par son goût pour les musiques d'Asie et la musique contemporaine.

Sur la longueur de l'exposé, Andrea Centazzo aura donc convaincu aux côtés de Pierre Favre, pour faire face aux allées et venues d'une inspiration inconstante sur les deux derniers volumes. Charge maintenant à l'amateur d'aller explorer lui-même un univers qui a au moins le mérite de ne pas manquer de profondeur.

                                                                                                     Andrea Centazzo, Pierre Favre, Koan #4. Courtesy of Ictus Records & Cezary Lerski.

CD1: 01/ Koan #1 – 15/ Koan #15 – CD2: 01/ Koan #20 – 19/ Koan #39 – CD3: 01/ Daruma Said #1 – 02/ Daruma Said #2 03/ Daruma Said #3 04/ Daruma Said #4 05/ Daruma Said #5 06/ Not Alone 07/ Apocalypse in Drumming 08/ The Berlin Session 31 09/ The Berlin Session #2 10/ The Berlin Session #3 11/ Ther's Always An Ending

Andrea Centazzo – Koans – 2007 – Ictus Records.



Irène Schweizer : Portrait (Intakt, 2005)

grislischweizerCélébrer vingt années passées au service de la musique vaut bien compilation. Une fois n’est pas coutume, le label qui a soutenu dès l’origine l’oeuvre de l’artiste compilé n’a pas été dépossédé, et se charge, récompensé, de la rétrospective en question : Portrait, celui d’Irène Schweizer, présenté par Intakt records.

Rassemblant quatorze titres, le disque se trouve gonflé par la présence des partenaires du sujet. Batteurs défendant sans cesse le changement dans la pratique (impacts parfaits de Louis Moholo sur Angel, approches plus répétitives de Pierre Favre sur Waltz For Lois, arythmie tout en retenues d’Andrew Cyrille sur A Monkish Encore), saxophonistes iconoclastes (le blues chaleureux de Bleu Foncé rehaussé par Omri Ziegele, la fantaisie de Co Streiff canalisée sur So Oder So), ou autres amies illuminées (Maggie Nicols et Joëlle Léandre, par deux fois).

Bien qu’embrassant une période allant du Live at Taktlos à un enregistrement tout récent mené en trio aux côtés de Fred Anderson et Hamid Drake (Willisau), Portrait prouve la clairvoyance de la démarche de Schweizer, qui ménage les amours mélodiques (Sisterhood) et l’improvisation la plus désaxée (Verspielte Zeiten). Passant naturellement du ragtime (Sisterhood Of Spit) au contemporain (Contours) sans jamais perdre de vue que l’enjeu est l’envie. Vingt années à amasser les ostinatos, à s’amuser des ruptures de rythme, accompagnée ou en solo. Sélection scrupuleuse et parfaite introduction à l’œuvre de Schweizer, Portrait rafraîchit affablement les mémoires et attise encore l’impatience de qui attend la suite.

Irène Schweizer : Portrait (Intakt / Orkhêstra International)
Edition : 2005.

CD: 01/ Sisterhood Of Spit 02/ Bleu foncé 03/ Angel 04/ Contours 05/ The Very Last Tango 06/ Waltz For Lois 07/ So Oder So 08/ Verspielte Zeiten 09/ Come Along, Charles 10/ Hüben Ohne Drüben 11/ Hackensack 12/ First Meeting 13/ A Monkish Encore 14/ Willisau
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


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