Joe Morris, Ivo Perelman, Louie Belogenis, Agustí Fernández, Taylor Ho Bynum, Sara Schoebeck...
Ivo Perelman Quartet : The Hour of the Star (Leo, 2011)
La critique virera peut-être à l’obsession : redire la flamme d'Ivo Perelman, l’indéniable talent de Joe Morris à la contrebasse et conseiller encore à Matthew Shipp d’arrêter de trop en faire. The Hour of the Star est un disque à l’écoute duquel on regrette que le piano ait été un jour inventé. Heureusement, sur deux improvisations, l’instrument est hors-jeu, pas invité, la démonstration n’est plus de mise, et The Hour of the Star y gagne.
Flow Trio : Set Theory, Live at Stone (Ayler, 2011)
Enregistré au printemps 2009, ce Flow Trio expose Morris, à la contrebasse, aux côtés de Louie Belogenis (saxophones ténor et soprano) et Charles Downs (batterie). La ligne rutilante bien qu’écorchée de Belogenis cherche sans cesse son équilibre sur l’accompagnement flottant qu’élaborent Morris et Downs en tourmentés factices. L’ensemble est éclatant.
Joe Morris' Wildlife : Traits (Riti, 2011)
En quartette – dont il tient la contrebasse – Morris enregistrait l’année dernière Traits. Six pièces sur lesquelles il sert en compagnie de Petr Cancura (saxophone ténor), Jim Hobbs (saxophone alto) et Luther Gray (batterie) un jazz qui hésite (encore aujourd’hui) entre hard bop et free. L’exercice est entendu mais de bonne facture, et permet surtout à Cancura de faire état d’une identité sonore en pleine expansion.
Agustí Fernández, Joe Morris : Ambrosia (Riti, 2011)
L’année dernière aussi, mais à la guitare classique, Morris improvisait aux côtés du pianiste Agustí Fernández. Plus souple que d’ordinaire, le jeu de Fernández dessine des paysages capables d’inspirer Morris : les arpèges répondant aux râles d’un piano souvent interrogé de l’intérieur. Et puis, sur le troisième Ambrosia, le duo élabore un fascinant jeu de miroirs lui permettant d’inverser les rôles, de graves en aigus.
Taylor Ho Bynum, Joe Morris, Sara Schoenbeck : Next (Porter, 2011)
En autre trio qu’il compose avec Taylor Ho Bynum (cornet, trompette, bugle) et Sara Schoenbeck (basson), Morris improvisait ce Next daté de novembre 2009. Les vents entament là une danse destinée à attirer à eux la guitare acoustique : arrivés à leur fin, ils la convainquent d’agir en tapissant et avec précaution. L’accord tient jusqu’à ce que le guitariste soit pris de tremblements : l’instrument changé en machines à bruits clôt la rencontre dans la différence.
Joe Morris : Wildlife (AUM Fidelity, 2009)
Avec Petr Cancura – saxophoniste (alto et ténor) tchèque installé à New York – et le batteur Luther Gray, Joe Morris (contrebasse) s’adonna pour Wildlife à une séance d’improvisation dont les quatre mouvements redisent son actuelle inspiration.
D’un bout à l’autre de ceux-là, le trio fait front avec une facilité tenant de l’évidence : sur le swing chaleureux de Geomantic ou de Nettle aussi bien que sur la ballade trompeuse de Crow et l’air caribéen déviant de Thicket. Le développement réinterrogé sans cesse des interventions de Morris pour unique fil conducteur, Cancura et Gray n’ont plus qu’à suivre en comptant sur leur à-propos respectifs : Wildlife, d’attester aussi de ceux-là.
Joe Morris, Crow (extrait). Courtesy of AUM Fidelity.
Joe Morris : Wildlife (AUM Fidelity / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2008. Edition : 2009.
CD : 01/ Geomantic 02/ Thicket 03/ Crow 04/ Nettle
Guillaume Belhomme © Le son du grisli