Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Lou Grassi Po Band, Marshall Allen : Live at the Knitting Factory Vol. 1 (Porter, 2010)

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En 2000, le Po Band de Lou Grassi invitait Marshall Allen à jouer à la Knitting Factory. Aujourd’hui, une première partie du concert se trouve consignée sur disque. 

Sur lequel on peut entendre deux improvisations et une composition de Paul Smoker – trompettiste apaisant d’un Po Band au free désabusé, qui touche par ses déroutes et les façons qu’il a de chercher à accorder ses tensions vives : le trombone de Steve Swell et la clarinette de Perry Robinson, la contrebasse de Wilber Morris et la batterie de Grassi.

Au saxophone alto et à la flûte, Allen intervient avec justesse : emboîtant le pas au trombone sur l’ascension du mont Marshalling Our Spirits avant d’en commander la descente facétieuse ; plaçant ensuite RePoZest sous le signe de la nonchalance et puis le déplaçant sous le coup d’incartades nerveuses, quelques fois héroïques. Hommage à l’organiste des sphères, LouRa lève enfin une armée de vents mal embouchés qui s’entendra sur un unisson avant de démontrer d’élans individuels tous singuliers. Roulant sur toms, Grassi en appelle pour conclure à un exercice de free plus affirmé. La voix d’Allen de redoubler alors de présence et de plaider avec majesté en faveur du second volume promis.

Lou Grassi Po Band, Marshall Allen : Live at the Knitting Factory Volume 1 (Porter / Orkhêstra International)
CD : 01/ Marshalling Our Spirits 02/ RePoZest 03/ LouRa
Enregistrement : 26 septembre 2000. Edition : 2010.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Anthony Braxton: Charlie Parker Project (HatOLOGY - 200

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Un hommage, sur deux soirs de concert, rendu par Anthony Braxton à Charlie Parker. Zurich, puis Cologne, accueillent en 1993 la révélation : celle de l’existence d’une parenté véritable entre les deux saxophonistes. Nouvel avènement de Parker ; mais inédit, celui-ci.

C’est qu’Anthony Braxton refuse évidemment l’interprétation policée de thèmes rangés. Investissant le répertoire choisi de manière ludique, libre, et parfois expérimentale, il peut aussi compter sur le soutien de musiciens en constant décalage, tels que le pianiste Misha Mengelberg, ou le trompettiste Paul Smoker.

A Zurich, un rythme illuminé d’Han Bennink lance un be-bop persuasif, qui fait la découverte de l’égarement possible des saxophones (Dewey Square). An Oscar For Treadwell, bop gouailleur et au charme ravissant, établit des contrastes avec Hot House, sur lequel Braxton et Smoker rivalisent d’envolées irrésolues.

A Cologne, on déploie des phrases joyeuses (Bebop) ; on relit, décomplexés, des standards faits fantaisies par un piano tentaculaire (Bongo Bop) ; on accepte, enfin, l’évocation de classiques par des modernes : le sage Passport, tout juste bousculé par les dissonances adroites de Mengelberg, ou l’impeccable Koko, portée par la contrebasse d’un Joe Fonda surpuissant.

A Zurich et à Cologne, on s’empare de Klactoveesedstene, pandémonium superbe tirant profits des flottements, et changeant selon la virulence des fuites choisies ; on investit A night In Tunisia, défiant la justesse des timbres sur des parties mélodiques en déroute, débordements contrôlés d’inspirations délicates.

Fleuri d’impacts charmants, le répertoire de Parker. Décidant des moments d’intrusion irrévérencieuse comme des processions ordonnées nécessaires à l’entretien du culte, Anthony Braxton fait bien plus que dépoussiérer des standards, et nous convainc, une fois encore, du raffinement de sa clairvoyance.

CD1: 01/ Hot House 02/ A Night In Tunisia 03/ Dewey Square 04/ Klactoveesedstene 05/ An Oscar For Treadwell - CD2: 01/ Bebop 02/ Bongo Bop 03/ Yardbird Suite 04/ A Night In Tunisia 05/ Passport 06/ Klactoveesedstene 07/ Scrapple From The Apple 08/ Mohawk 09/ Sippin’ At Bells 10/ Koko

Anthony Braxton's Charlie Parker Project - 2005 - HatOLOGY. Distribution Harmonia Mundi.


Paul Smoker: Brass Reality (Nine Winds - 2001)

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De l’importance des cuivres et de leurs emportements ravageurs, les brass bands ont souvent donné des preuves. Souvent efficace, pour peu qu’elle soit provoquée par d’excellents musiciens, une rencontre de trompettes, trombones et tubas, n’en est pas pour autant inapte à la diversité.

C’est le constat du trompettiste Paul Smoker, qui, d’un solo de phrases inspirées (Solo Prelude) indique le chemin que devra suivre sa Brass Reality. Terminées, les envolées soutenues de graves impénitents et les hachures rythmiques collégiales, l’alternative est là, qui fait la part belle à un capharnaüm de répétitions et d’interférences (Fractals, Part 1), ou qui instaure une tension sous-jacente maître des développements (Fanfare & Procession).

Imprécateur patient, le percussionniste Phil Haynes accompagne élégamment l’entrelacement de cercles formés par les tubes, ou l’interprétation de canons déroutants, dans une cacophonie jubilatoire en équilibre (Waltz). Plus loin, il invite superbement les cuivres à tisser à l’unisson un au revoir réconfortant (Coda : Brass Reality).

De son côté, l’initié David Taylor fait de ses interventions au trombone des appels à la démesure. Sur un développement oscillatoire, il organise des funérailles d’un clinquant mexicain, et tournées vers l’espoir (Alice’s Legacy). Ou comment trouver le réconfort dans des essais mélodiques trompe(tte) la mort.

Car la grande qualité du quartet est de se moquer : du tiers de ton comme du quart, et de l’habitude contrariante des rassemblements de cuivres. Se plaisant à jouer des courts-circuits (Harmon City), Paul Smoker pousse, avec Brass Reality, la malice jusqu’à tout faire disjoncter.

CD: 01/ Solo Prelude 02/ Fractals, Part 1 03/ Waltz 04/ Fanfare & Procession 05/ Harmon City 06/ Phil's Blues 07/ Alice's Legacy 08/ Fractals Part 2 09/ Coda : Brass Reality

Paul Smoker - Brass Reality - 2001 - Nine Winds. Import.



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