Iskra 1903 : Chapter One: 1970-1972
A Londres, le 2 septembre 1970, l’étincelle est beaucoup plus qu’étincelle. Paul Rutheford, Derek Bailey et Barry Guy sont-ils les fils aînés des Cage, Feldman et Stockausen ? On sait que ce sont les premiers d’une longue lignée d’improvisateurs britanniques. Leurs balbutiements sont achèvements. Car beaucoup de choses sont déjà inscrites et gravées dans la paroi.
Tous trois sélectionnent les plaies, s’amusent de leur solitude de soliste, feignent d’ignorer l’autre tout en lui restituant son écho. Ils émergent et fendillent le silence. Ils polissent et oscillent ce même silence (on est passé à côté d’un pianiste-improvisateur redoutable en la personne de Paul Rutheford). Et, surtout, refusent toute notion de phrasé. Ceci pour le cédéun.
A Londres, en 1971 & 1972, on n’est plus que jamais dissipés. On se dessoude sans se ressouder. Mais on a accueilli la phrase avec bienveillance. On retouche le silence et l'on admet l’unisson. Le trombone miaule, la guitare hurle le métallique enfoui, la contrebasse oublie rondeur et accueille un nouveau sauveur : celui-ci gronde le fer et les flammes. Les lignes ne font que se briser et les prises de bec sont légion. Ceci pour les cédédeuxettrois.
En Allemagne, en 1972, l’étincelle est devenue brasier. Le guitariste est sur le départ. D’autres prendront sa place. On se querelle, on conteste et on se rebelle. On mord et on sait l’issue trouvée. Ceci pour le cédétrois. A suivre…
Iskra 1903 : Chapter One 1970-1972 (Emanem / Orkhêstra International)
Enregistrement : 1970-1973. Edition : 2015.
2 CD : CD1 : 01/ Improvisation 1 02/ Improvisation 2 03/ Improvisation 3 04/ Improvisation 4 05/ Improvisation 0 5 – CD2 : 01/ Offcut 1 02/ Offcut 2 03/ Offcut 3 04/ Improvisation 5 05/ Improvisation 6 06/ Improvisation 7 07/ Improvisation 8 08/ Improvisation 9 09/ Improvisation 10 10/ Improvisation 11 – CD3 : 01/ Extra 1 02/ Extra 03/ Extra 3 04/ On Tour 1 05/ On Tour 3 06/ On Tour 2
Luc Bouquet © Le son du grisli
Paul Rutherford, George Haslam : Raahe ’99 (Slam, 2012)
D’un côté : un trio finlandais (Samuli Mikkonen : piano / Ulf Krofors : contrebasse / Mika Kallio : batterie). De l’autre : deux vieilles connaissances (Paul Rutherford, George Haslam). Le 31 juillet 1999, tous se retrouvent au festival Jazz on the Beach de Raahen (Finlande). Les bandes réapparaitront douze ans plus tard. Elles sont aujourd’hui éditées par Slam, le label du saxophoniste.
En une suite improvisée de cinquante-trois minutes, souffleurs et section rythmique ne perdent jamais le fil d’une improvisation emportée. Différentes structures vont se succéder puis se retrouver. Le trio servira de tremplin aux improvisations à venir puis s’engouffrera dans quelque obstiné riff du saxophoniste. Lequel saxophoniste ne cédera rien de son lyrisme habituel, laissant au tromboniste le soin d’arpenter des travées infiniment plus audacieuses. D’un Haslam aux phrasés secs et vibrants, d’un Rutheford aux lignes relâchées et d’un trio ravi de l’aubaine, on n’écrira que l’essentiel : éclat, intensité, connivence, complicité.
Paul Rutherford, George Haslam, Samuli Mikkonen Trio : Raahe ’99 : For Paul Rutheford (Slam Productions)
Enregistrement : 1999. Edition : 2012.
CD : 01-07/ First Movement 08-12/ Second Movement 13-15/ Third Movement
Luc Bouquet © Le son du grisli
John Stevens, Paul Rutherford, Evan Parker, Barry Guy : One Four and Two Twos (Emanem, 2012)
Après View et Konnex, c’est au tour d’Emanem d'éditer (et d’augmenter) ce 4.4.4., disque qu’improvisa un quartette de musiciens rares : John Stevens, Paul Rutherford, Evan Parker et Barry Guy.
One Four : la réunion se tint à Londres, le 31 août 1978. On sait les méthodes mises en place par Stevens pour mener à la baguette toutes sortes de formation : l’envergure de ses partenaires – qu’il recruta plus tôt dans son Spontaneous Music Ensemble (Withdrawal) – n’y changera rien. Rutherford au trombone intérieur et Parker aux ténor et soprano extérieurs, Guy de pizzicatos en électronique minimale, signent quand même : l’urgence n’interdisant pas la cohérence, la cohérence n’évitant pas les bousculades. L’improvisation à quatre est leste et même enlevée. Two Twos : ce sont-là deux duos : Rutherford et Guy enregistrés en 1979 – inédit et loin d’être anecdotique, l’enregistrement donne à entendre le premier passer le second en machine électronique, et vice-versa, le temps de perles électroacoustiques surprenantes ; Stevens et Parker, enregistrés en 1992 – inédit lui aussi, l’enregistrement documente la relation fantasque d’un soprano démonstratif et de baguettes remontées.
Dans les notes de pochette, Martin Davidson cite Evan Parker : « These pieces were the sound check for a recording that never happened. We went to the pub and never got back. » S’il fallait encore une preuve – ainsi l’alcool rendrait lucide ? – pour attester que certaines balances ou répétitions valent davantage que les concerts ou enregistrements qui les avaient commandées, One Four and Two Twos serait celle-là, définitive.
John Stevens, Paul Rutherford, Evan Parker, Barry Guy : One Four and Two Twos (Emanem / Orkhêstra International)
Enregistrement : 1978, 1979, 1992. Edition : 2012.
01/ 1.4.4 02/ 2.4.4 03/ 3.4.4. 04/ 4.4.4. 05/ 5.4.4. 06/ 1.3.2. 07/ 2.3.2. 08/ 3.3.2 09/ 1.2.2. 02/ 2.2.2.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Lol Coxhill Expéditives
Lol Coxhill : Instant Replay (Nato, 2011)
Lol Coxhill en France, au début des années 1980. L’idée – pour lui comme pour Nato, qui réédite aujourd’hui Instant Replay – d’en profiter. Alors, entendre le soprano fantasque en compagnie de Joëlle Léandre, Christian Rollet, Annick Nozati et Sven-Ake Johansson (notamment le temps d’une relecture théâtrale d’Embraceable You), Louis Sclavis, Raymond Boni, Tony Coe, le Bagad de Kimperlé ou la Chantenaysienne sous la direction d’Yves Rochard (au son de chansons d’enfance). Et puis, avec Jac Berrocal ou Paul Rutherford, un supplément d’âme : la finesse de Coxhill servant une formidable imagination partagée.
Erik Satie et autres messieurs : Airs de jeux (Nato, 2011)
Autre réédition Nato et hommage à Erik Satie. Lol Coxhill est de ces « autres messieurs », parmi lesquels on trouve aussi Ulrich Gumpert (qui va de Sarabandes en Gnossiennes avec autant d’application que de liberté), Tony Hymas, Steve Beresford, Dave Holland, Tony Coe, Philipp Wachsmann… La forme des interprétations est diverse, le soprano faisant le pari de tentatives transgenres des plus facétieuses.
Lol Coxhill, Barre Phillips, JT Bates : The Rock on the Hill (Nato, 2011)
Enregistré au Théâtre Dunois (déplacé) en 2010, The Rock on th Hill donne à entendre Lol Coxhill et Barre Phillips auprès du batteur JT Bates. Le soprano y divague avec allure sans prendre ombrage des reliefs changeants décidés par ses partenaires ou sert avec délicatesse des mélodies qui rappellent le duo Lacy / Waldron de One More Time. Ce sont là de belles pièces improvisées dans l’écoute, l’arrangement sur le vif voire la cohésion instinctive.
Lol Coxhill, Alex Ward : Old Sight New Sounds (Incus, 2011)
Enregistré en 2010, Old Sight New Sounds est la rencontre d’un Coxhill au soprano agile, subtilement décousu ou rappelant ailleurs les premiers temps du free (Joseph Jarman en tête), et d’Alex Ward à la clarinette. Après s’être cherchés un peu, les vents tissent un parterre de sons disposés en cercles : volubiles.
GF Fitz-Gerald, Lol Coxhill : The Poppy-Seed Affair (Reel, 2011)
Un DVD et deux CD font The Poppy-Seed Affair, à ranger sous les noms de GF Fitz-Gerald et Lol Coxhill. Un film burlesque qui accueille dans son champ sonore des solos de guitare en force, des élucubrations de Fitz-Gerald (guitare, cassettes, boucles et field recordings) et surtout un concert enregistré en 1981 par le duo : sans effet désormais, la guitare fait face au soprano : deux fantaisies se toisent sur un heureux moment.
Globe Unity Orchestra : Baden-Baden '75 (FMP, 2010)
En 1975, le Globe Unity Orchestra & Guests d’Alexander von Schlippenbach c’était Enrico Rava, Manfred Schoof, Kenny Wheeler, Anthony Braxton, Peter Brötzmann, Rüdiger Carl, Gerd Dudek, Evan Parker, Michel Pilz, Günter Christmann, Albert Mangelsdorff, Paul Rutheford, Buschi Niebergall, Peter Kowald et Paul Lovens.
C’était Maranao, composition d’Enrico Rava : un fracas collectif, des cuivres en ébullition, un enfer en décomposition. Un riff émergeant de la masse et ce n’est plus le GUO mais le Brotherhood of Breath. C’était aussi U-487, composition d’Anthony Braxton : une marche qui ouvre et referme l’œuvre, des percées solitaires (l’élan percussif de Schlippenbach, les matières vibrantes de Lovens), des terres blessées d’orgueil et de flammes.
Mais il y avait aussi Jahrmarkt de Peter Kowald : de l’alarme et de l’effroi, des aigus perçants, des mélodies qui s’enchâssent (Straight No Chaser, l’Internationale, La Paloma) avant le retour aux sauvageries collectives. Il y avait également Hanebüchen du leader : des frissons de cuivres, des crescendos sans fin, une flûte qui garde le cap et un jazz qui résiste tant bien que mal aux assauts de cuivres déchaînés.
Et c’était enfin The Forge, autre composition de Schlippenbach : une texture syncopée vite dessoudée ; visite approfondie – guides idéaux – de l’enfer le plus profond. En 1975, le GUO c’était cela. Et ce cela n’était pas rien.
Globe Unity Orchestra : Baden-Baden ’75 (FMP / Instant Jazz)
Enregistrement : 1975. Edition : 2010.
CD : 01/ Maranao 02/ U-487 03/ Jahmarkt 04/ Hanebüchen 05/ The Forge
Luc Bouquet © Le son du grisli
Ce disque est l'un des douze (rééditions ou enregistrements inédits) de la boîte-rétrospective que publie ces jours-ci le label FMP. A l'intérieur, trouver aussi un grand livre de photographies et de textes (études, index de musiciens, catalogue...) qui finit de célébrer quarante années d'activités intenses.
Paul Rutherford : Tetralogy (Emanem, 2009)
D’anciennes cassettes et d’autres enregistrements de concerts : prises multiples (acoustiques et électroacoustiques) de Paul Rutherford assemblées sur Tetralogy.
En solo à Londres en 1981, d’abord, Rutherford confronte une musique électronique minuscule aux clameurs d’un euphonium et à celles d’une voix passée en machines. Là, il confectionne un art expressionniste autant que ludique, dans lequel l’importance du son rivalise avec celle du geste. L’état d’esprit, ré-invoqué deux jours plus tard auprès de George Lewis (trombone), Martin Mayes (cor) et Melvyn Poore (tuba) : cette fois, les cuivres se mêlent avec une ferveur telle qu’il devient impossible de démêler leurs voix, graves réfléchissants qui vont d’impromptus en accords sur phrases longues jusqu’à mettre la main sur des trouvailles essentielles.
La première moitié du second disque présente d’autres solos : Rutherford au trombone ou à l’euphonium en 1978, précipite son discours, se laisse plaisamment gagner par la fatigue, et puis repart, revigoré. A l’intérieur de l’instrument, fait entrer des morceaux de voix prises de tremblement et de phrases instrumentales en chutes libres, écho interne au tumulte entendu dehors. Enfin, en compagnie de Paul Rogers (contrebasse) et de Nigel Morris (percussions), Paul Rutherford improvise en studio en 1982 : sortent de la rencontre saillies et répétitions amalgamées sur une pièce que l’on croit d'abord écrite (One First 1) ou un archet radical offrant au trombone la possibilité d’autres stratagèmes. En conséquence, Tetralogy s’avère être une anthologie à la fois inattendue et nécessaire.
Paul Rutherford : Tetralogy (Emanem / Orkhêstra International)
Enregistrement : 1978-1982. Edition : 2009
CD1 : 01/ Elesol A 02/ Elesol B 03/ Elesol C 04/ Braqua 1A 05/ Braqua 1B 06/ Braqua 2 – CD2 : 01/ The Great Leaning 1A 02/ The Great Leaning 1B 03/ The Great Leaning 2 04/ One First 1 05/ One First 2 06/ One First 3
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Alexander Von Schlippenbach: Globe Unity Orchestra – 40 Years (Intakt - 2007)
40 années, donc, qu’Alexander Von Schlippenbach mène son Globe Unity Orchestra. En novembre 2006, au Jazzfest de Berlin, eut lieu une célébration qui rassembla, aux côtés du pianiste : Evan Parker, Gerd Dudek, Ernst-Ludwig Petrowsky, Rudi Mahall, Kenny Wheeler, Manfred Schoof, Jean-Luc Capozzo, Axel Dörner, George Lewis, Paul Rutherford, Jeb Bishop, Johannes Baueur, Paul Lovens et Paul Lytton.
Une équipe irréprochable, en somme, qui œuvrait à défendre trois compositions de son leader, et trois autres signées Steve Lacy, Willem Breuker et Kenny Wheeler, au son d’envolées et de débordements combinés aux façons intactes des intervenants. Prenant ici les airs d’une drôle de fanfare héroïque (Out of Burtons Songbooks), l’ensemble interprète ailleurs avec précision The Dumps (soprano de Parker contre clarinette basse de Mahall), ou sert un air de fête qui ne tardera pas à dégénérer en affrontements (Bavarian Calypso). Partout, dépeintes avec merveille, les frasques déraisonnables d’adultes contrariés.
CD: 01/ Globe Unity Forty Years 02/ Out of Burtons Songbooks 03/ Bavarian Calypso 04/ Nodago 05/ The Dumps 06/ The Forge
Alexander Von Schlippenbach Globe Unity Orchestra - 40 Years - 2007 - Intakt. Distribution Orkhêstra International.
Paul Rutherford : Solo in Berlin 1975 (Emanem, 2007)
Faite d’extraits de trois concerts donnés à quelques mois d’intervalles à Berlin, en 1975, une anthologie permet à Martin Davidson, directeur du label Emanem, d’adresser un dernier hommage à Paul Rutherford, tromboniste et improvisateur hors pair.
Huit enregistrements, dont sept jusque là inédits, redisent ici les manières particulières et parfois étranges de Rutherford, devenu une des figures essentielles de l’improvisation européenne à force d’avoir su démontrer la qualité et l’intransigeance de sa démarche. A Berlin, il refuse, comme toujours, de brader son expérience au profit d’une ritournelle souvent faite nécessité : ainsi, il extirpe au prix de luttes intestines des notes qu’il abandonne dans l’instant, dévale des progressions à étages au rythme de courses folles dont il ne se lasse jamais, glisse un filet de voix entre les plaintes sorties du cuivre ou rue dans un piano afin d’élaborer l’accompagnement non intentionnel qui pourrait bien lui aller à merveille.
Lorsqu’il n’est pas ivre d’écarts, Rutherford fait varier la distance entre l’instrument et le micro, adresse quelques clins d’œil amusés ou insiste sur une note, qu’il transforme à l’envi. Alors, de trouvailles malignes en frasques à chaque fois convaincantes, l’improvisateur construit son discours, peaufine son œuvre sans y paraître. A tel point que, après The Gentle Harm of the Bourgeoisie, autre enregistrement solo de Rutherford, Solo in Berlin 1975 revendique à son tour le statut de disque indispensable.
Paul Rutherford : Solo in Berlin 1975 (Emanem / Orkhêstra International)
Enregistrement : 1975. Edition : 2007.
CD : 01/ Berlintro 02/ Berl In Zil 03/ A Song My Granny Taught Me 04/ Not a Very Wonderful Ballad 05/ Primus 06/ Secundus 07/ Tertius 08/ Quartus
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Spontaneous Music Ensemble: Frameworks (Emanem - 2007)
En 1968, 1971 et 1973, le percussionniste John Stevens menait à Londres trois versions différentes de son Spontaneous Music Ensemble.
La première année, Norma Winstone dépose ses vocalises descendantes sur le bourdon étrange que forment Kenny Wheeler au bugle et Paul Rutherford au trombone. Notes longues portées haut par chacun des instruments (ajouter la basse clarinette de Trevor Watts), qui simulent chutes et rétablissements, tirant des dissonances de leurs confrontations. De plus en plus présent, Stevens finit par convaincre son ensemble des charmes d’une cacophonie libératrice (Familie Sequence).
Deux ans plus tard, le batteur retrouve Watts et invite Julie Tippett et le contrebassiste Ron Herman. Compulsif, mais aussi plus mélodique, Quartet Sequence donne à entendre le duel interne auquel se livre Tippett, posant sa voix sur les arpèges clairsemés de sa guitare, parmi les frasques rythmiques montées par Stevens et Herman, et les chastes interventions du saxophone soprano.
A peine une dizaine de minutes, enfin, pour Flower, sur lequel Stevens et Watts (toujours au soprano) improvisent et interrogent la possibilité d’une simultanéité d’exécution, pour mieux jouer, ensuite, avec le décalage de leurs interventions. Histoire de conclure l’exposition de trois pièces improvisées soumises à grands principes, qui éclairent sous un autre angle l'éloquent répertoire du Spontaneous Music Ensemble.
CD: 01/ Familie Sequence 02/ Quartet Sequence 03/ Flower
Spontaneous Music Ensemble - Frameworks - 2007 - Emanem. Distribution Orkhêstra International.
Keith Tippett Tapestry Orchestra: Live at Le Mans (Red Eye Music - 2007)
En 1998, au Festival de jazz du Mans, le pianiste Keith Tippett menait son Tapestry Orchestra - ensemble de 21 musiciens parmi lesquels on trouve les batteurs Louis Moholo Moholo et Tony Levin, les chanteuses Julie Tippetts, Maggie Nicols et Vivien Ellis, le contrebassiste Paul Rogers, le tromboniste Paul Rutherford, ou encore, les saxophonistes Paul Dunmall et Gianluigi Trovesi.
Un casting de choix, donc, qui se laisse conduire sur les sept compositions arrangées dans le détail par Tippett. Exposant ici toute la diversité de ses préoccupations, celui-ci commande des valses indolentes menées jusqu’à une évocation de Berio (Second Thread) ou à un free jazz jubilatoire (Third Thread), une ballade irlandaise transposée dans un univers proche de celui de Lalo Schifrin (Sixth Thread) ou un morceau de cabaret exalté (Fourth Thread).
Adepte du pandémonium brouilleur et salutaire, Tippett impose ici et là à ses musiciens des élans baroques réconciliateurs, fusionne un swing brillant à un gospel cacophonique (First Thread) ou à une pièce vocale plus mesurée évoquant Morton Feldman (Fifth Thread). Les couleurs sont changeantes et vives ; le tableau tire parti avec élégance de tous les –ismes possibles, pour présenter au final une œuvre magistrale.
CD1: 01/ First Thread 02/ Second Thread 03/ Third Thread 04/ Fourth Thread - CD2: 01/ Fifth Thread 02/ Sixth Thread 03/ Seventh Thread
Keith Tippett Tapestry Orchestra - Live at Le Mans - 2007 - Red Eye Music.