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Le son du grisli
paul rogers
12 mai 2015

LDP 2015 : Carnet de route #12

ldp 8 et 9 mai 2015

Barre Phillips programmé pour la neuvième fois à l'EuropaJazz du Mans : est-ce là révélé un cas de « résidence perpétuelle » ? A effet double, qui plus est, cette année : concert en duo avec Paul Rogers le 8 mai et avec le LDP le lendemain...

8 & 9 mai Le Mans, France
EUROPAJAZZ Festival

The almost embarrassing situation of being a perennially invited performer at a festival. How many years now? Eight? To be in a position of "no matter what he does it's fantastic". Where is the freshness in such an attitude? And yet, to come back annually to the same setting, which in itself is wonderful, pleasurable, to perform for a large group of people is something of a dream for the improvising musician. This year's edition was different in that the director had one suggestion of what to present and I had another. In the end we did both. The first concert was in duo with an English colleague, bass-player, just a generation younger. We performed at the Collégiale, an old chapel converted into a city gallery with occasional concerts. I know the room. I've played there quite a few times in the past. The noon time concert. The exposition du jour was around cowboys and horses and the American South-west. The large tableau just behind the performance platform was of horse's asses. I wondered if we were supposed to act out anything in particular? It was interesting to me to hear an old formula from the 60's, one that I had worked my way through, still alive and well chez my partner. We all seem to work in depth to develop our own personal techniques and ways of playing. Of course they are limited. So we keep on working to expand them throughout our performing lives. And when, in performance, you went bang into your limit (technical-musical) you would then just flail away, super powering, annihilation, maybe anger even, until orgasm was achieved, which would let you start all over again.    
It is one solution to the conundrum, I guess. I prefer though a more compositional approach.   
The next day, the 9th, same time but different station, the trio with Urs & Jacques met anew to continue our long song. La Fonderie - an abandoned bell factory, one that been very important on the French church bell scene in the olden days and that for the past 20 years or so is inhabited by Le Théâtre du Radeau - François Tanguy & Company. Marvelous, warm, funky (but in great taste) physical plant inhabited by an extraordinary crew. The Europa-djazz festival has been "using" their facilities for years for more intimate and experimental musiques that are not appropriate for the main stage and it's audience of nearly 1,000. We had a good sized crowd,  the bleachers were virtually full and once again our way of constructing music and the  elements and emotions therein talked directly to the audience and they appreciated it. In listening to and making this music one feels the urgency, the feeling that it is absolutely necessary to go on, forward,  to state matters that are impossible to describe, to pin down, in word-language. The compositional aspect is a big part of what we do. Based on mutually shared experience and knowledge. But to me, more important than our rather rich formal capabilities is the fact that the sounds we play individually come from our personal life-force-fibers. Those that are striving to come into existence.
Black Bat didn't even show up for the gig. Where the hell could he be?
B.Ph.

P1100219

Im umgebauten Ausstellungsraum der ehemaligen Kapelle à la Collégiale à Saint-Pierre-La-Cour, finden während des Festivals jeweils kammermusikalische Duo und Solo Konzerte statt. Heute spielt Barre Phillips im Duo zusammen mit dem englischen Bassisten Paul Rogers. Barre gilt seit fünf Jahrzehnten als Meister des Kontrabass. Paul Rogers ist ein herausragender Bassist mit fast grenzenloser Musikalität. Sie beginnen dicht und kraftvoll. Barre öffnet Räume die Paul immer wieder zu füllen versucht. Sie setzen von neuem an. Mal schwebend, flächig mal rhytmisch im Staccato. Die Musik packt mich sofort. Als  Zuhörer nehme ich am Konzert teil. Es ist wie wenn ich selber spielen würde, indem ich hörend Teil der Musik bin. Mir fällt sofort auf, wie sich die Hörwahrnehmung der beiden Spieler unterscheidet. Barre geht mit Respekt auf das Spiel von Paul ein, setzt mit Überblick musikalische Höhepunkte und Kontraste. Paul spielt fast ohne Unterbruch virtuos sein gewohntes Spiel. Mehr Ausstausch der Rollen hätte ich mir gewünscht. Barre war zu oft in der Funktion des Bassisten und Paul die des Solisten. Dennoch erlebe ich das Konzert als fulminanten Bogen gespielt von zwei grossen Musikern am Kontrabass. Magic et Merci!
Für die neunte Auflage Barre’s „résidence perpétuelle“ am Europajazz Festivals spielen wir heute am 9. Mai „à la Fonderie“ im Theater de Radeau – François Tanguy & Company ein Konzert à midi“. Dieser Nachmittag ist ausschliesslich der europäischen, frei improvisierten Musik reserviert.
Jacques und ich stimmen uns gleichzeitig und unabhänig von einander, jeder mit seinem Instrument in einem Proberaum des Theaters ein. Jeder spielt Arpeggios, Strukturen und kontrollierte Abläufe auf seine Art. Es ist das erste Mal, dass wir das in dieser Form tun. Das ist eine spannend Sache und eine gute Übung um Unabhängigkeit zu praktizieren und die Konzentration zu schärfen.
Ein Theater Raum mit trockener, transparenter Akustik. Ein grosser Flügel, ein adäquates Instrument für Jacques. Ein Publikum, dass gespannt ist was jetzt passiert.
Die Klänge des Trios fallen sofort und kraftvoll in den leeren Raum. Die Energie formt sich mit Gelassenheit innerhalb verschiedener Parameter, es entstehen abrupte Wechsel und explosive Strecken im Fortissimo. Die Musik verdichtet sich. Durch das Weglassen von Tönen manifestiert sich die Stille im Raum. Wir spielen einen 50 minütigen Opus mit in drei Teilen. Ein Klanguniversum aus Tönen und Geräuschen klingt lange nach. Im Anschluss spielt Daunik Lazro und François Corneloup ein Bariton Saxofon Duo und die Gruppe Double B&J mit Raymond Boni, Joe McPhee, Bastien Boni, Jean-Marc Foussat.
U.L.

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C'est à travers un piano absent que j'écoute Barre en duo avec Paul Rogers. Deux contrebasses pour deux approches diamétralement opposées de l'écoute. Les musiciens jouent devant une évocation picturale et improbable d'un far west nord-américain décorant les murs d'une abbatiale du XIIIème siècle. Le grand écart est total, à la fois sonore et visuel. Trop écartelé, je m'invente spontanément un deuxième concert, simultané au premier, mais purement personnel et intérieur, sorte de mixage fait de fragments sonores joués par Barre et de sons produits par mon écoute intime : un duo entre sa contrebasse et mon piano absent. Quelques instants-clefs révélés, oscillant entre intimité et espace du concert: la perception à la fois ralentie et fulgurante, irradiant l'espace, d'un bourdonnement provenant de l'extérieur du bâtiment, de la ville silencieuse en ce jour de célébration du 70e anniversaire de la victoire sur le nazisme, comme une extraction de drone urbain qui, dans un lent crescendo-decrescendo a mis en vibration l'architecture de l'abbatiale. Puis, plus tard, à la sortie d'un enfant pleurant dans les bras de son père, la transformation de ces mêmes pleurs en chant des sirènes au passage de la porte s'ouvrant sur l'espace extérieur. Les aboiements d'un chien ont conclu cette séquence en accompagnant l'effet de coupure acoustique de la porte se refermant. Demain, 9:30 AM, navette pour nous conduire au lieu du concert, the trio is back!
Concert à midi ce jour, à la Fonderie, immense lieu et large plateau habité par le magnifique Théâtre du Radeau. La matinée débute par un échauffement dans la boîte à musique, face à un Bösendörfer, dont la table d'harmonie affiche le numéro 31423, et dont une partie des étouffoirs est constellée de fragments de post it blancs indiquant le nom de la corde directement alignée au-dessous. G#, D, Bb, F, C#, et cætera, presque deux tiers des étouffoirs marqués de la sorte. Malgré une absence de logique apparente, je tente de retrouver une origine, un sens à cet agencement alphabétique des lettres-sons. Inversant un processus connu qui part du nom ou du prénom pour aboutir à une suite de notes, je me prends au jeu de découvrir un nouveau B.A.C.H., un si bémol_la_do_si bécarre d'aujourd'hui, au sein d'un réseau de hauteurs de sons qui révèleraient leur énigme cachée.
Sur scène un Steinway & Sons, D, 582430. La musique du trio est immédiatement là, à nouveau, comme à chaque fois, miraculeusement et simplement, elle nous retrouve, elle trouve sa place en chacun de nous, elle trace son chemin dans notre abandon à l'instant. Difficile de parler de cette expérience avec d'autres moyens que ceux de l'expérience elle-même. La plupart des tentatives sonnent comme de mauvaises traductions. Pourtant parfois l'expérience vécue par les spectateurs permet d'éclairer et de clarifier notre propre expérience. Lorsque qu'après le concert, autour d'une table, j'entends le metteur en scène François Tanguy parler de son expérience à l'écoute de nos sons, et convoquer dans un même élan Robert Walser et la mécanique des fluides, j'ai l'impression de pouvoir mettre quelques mots sur mon expérience sonore indicible grâce à la relation qui naît ainsi de la confrontation entre deux expériences vécues simultanément. Soudainement l'intensité de la texture des microgrammes de Robert Walser joue en moi comme un dictionnaire ouvrant ses pages à mes propres sons. Les longues promenades de l'écrivain biennois, entre ville et campagne, me ramènent à nos espaces sonores en trio de plus en plus étendus, où l'écoute comme matériau est à chaque nouveau concert plus présente.
Surtout : à tout instant du jeu avec Barre et Urs, il me paraît possible d'emprunter n'importe quelle direction, de donner à mon propre jeu n'importe quelle forme, de lui attribuer n'importe quelle qualité. Il y a comme une réactivation continuelle de la totalité des possibles, et le plaisir est naturellement grand quand tous ces sons produits et échangés ne semblent résulter d'aucun travail et naître spontanément de leur propre propagation dans l'espace.
J.D.

Photos : Jacques Demierre

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