Positive Knowledge : Edgefest Edition (Not Two, 2010)
Après que la secousse portée conjointement par Ijeoma Thomas (élucubrations vocales fielleuses) et Oluyemi Thomas (clarinette basse hurlante et rageuse), ait gagné l’ensemble du quartet, une ligne de contrebasse vient réguler le désordre. Intense Michael Bisio qui guide mais n’empêche pas toujours ses camarades de s’éparpiller.
En duo, contrebasse et clarinette basse (Tabernacle Revisit) trouvent quelques points d’ancrage : si le clarinettiste demeure hors sujet pendant que le contrebassiste éveille l’Atlanta de John Coltrane, le cri aylerien surgit et réconcilie les deux hommes, la Lonely Woman d’Ornette venant parachever ce poignant moment de musique. Plus casseur d’ambiance et perturbateur avéré, le piano de Kenn Thomas déboussole l’équilibre, plus haut gagné, mais ne fait qu’effleurer la cassure dont il pourrait être porteur. Un disque en demi-teinte me semble-t-il.
Positive Knowledge : Edgefest Edition (Not Two / Instant Jazz)
Enregistrement : 2009. Edition : 2010.
CD : 01/ Events AT the Edge (I) 02/ Events AT the Edge (II) 03/ Secrets of Preexistence 04/ Of the We (I) 05/ Tabernacle Revisit 06/ Moving of Energy 07/ Urban Lions 08/ Breathing Happens On It’s Own 09/ Proofs (for Alan Silva) 10/ Justice Inside Injustice 11/ Soul Systems
Luc Bouquet © Le son du grisli
Oluyemi Thomas, Sirone, Michael Wimberly : Beneath Tones Floor (NoBusiness, 2010)
On sait l’aisance avec laquelle – même s’il lui est arrivé, notamment en Positive Knowledge, de perdre l’équilibre à force de fanfaronnades – Oluyemi Thomas passe de saxophones en flûtes et de clarinettes en percussions. Aux côtés de Sirone (contrebasse) et de Michael Wimberly (batterie), c’est à la clarinette basse qu’il ouvre Beneath Tones Floor.
Là, sentir d’emblée un lot d’emportements conciliés, de redites fondamentales en écarts alloués pour le bien de l’ensemble que Sirone commande en usant d’un impétueux archet à crocs. Jusqu’aux frondaisons lyriques, tout remonte alors : au soprano, Thomas emmène maintenant (et laborieusement parfois) le trio virulent, qui devra redescendre pour envisager en toute quiétude l’élaboration d’autres pièces.
A la musette, le même y respectera la langueur d’un air exotique afin de retrouver un souffle qui retournera en clarinette basse : le temps d’un dernier solo, adroit et même inspiré. L’instrument serait-il en définitive celui qu’Oluyemi Thomas devrait toujours privilégier ?
Oluyemi Thomas, Sirone, Michael Wimberly : Beneath Tones Floor (NoBusiness / Instant Jazz)
Enregistrement : 2008. Edition : 2010.
CD : 01/ Beneath Tones Floor 02/ ... Where Sacred Lives 03/ Mystic Way 6:36 04/ Reflections Of Silence, Painting Silence, Images Of Silence 05/ Dream Worlds 06/ Newest Happiness And Joy 07/ Rotation 360 Degrees Hummingbird 08/ Heavenly Wisdom 09/ Silence On The Move 10/ Spirit Of Ifa
Guillaume Belhomme © le son du grisli
Spiritworld: Live at the CUE Art Foundation (Witnissimo - 2006)
Depuis plus de trente ans, le peintre américain Jeff Schlanger nourrit un projet personnel appelé musicWitness, qui le porte à rendre sur papier et sur l'instant des impressions glanées lors des concerts de musique créative auxquels il assiste. Le 8 avril 2005, lors d'une exposition de ses travaux au CUE Art Foundation de New York, il investissait l'exercice devant caméras, le temps d'un concert donné par William Parker, Oluyemi Thomas (Positive Knowledge), Joe McPhee et Lisa Sokolov.
En lente procession, les musiciens prennent place parmi les peintures et les sculptures. Soprano sous le bras, McPhee attend son heure, qui suivra de peu celle de la vocaliste Lisa Sokolov. Impressionnante, elle tisse avec le saxophoniste des entrelacs étourdissants quand Parker et Thomas se chargent de percussions diverses (cymbales, gongs, cloches et bols). L'ensemble divague ainsi sur les rives d'une Asie intérieure transportée dans la 25e rue.
La seconde improvisation voit Parker retrouver son instrument de prédilection, la contrebasse. Plus perturbés, la voix et les vents se chargent de mettre au jour une musique urbaine dont les référents se trouvent moins capables d'apaiser les tourments exposés. Sous le coup des heurts improvisés, les gestes de Schlanger - Ralph Steadman coloré - traduisent le propos des musiciens ou illustrent leur pratique, pour atteindre, au final, la révélation fidèle d'un moment exceptionnel.
DVD: 01/ Spiritworld: Live Concert at CUE 02/ musicWitness: Genesis & Testimony 03/ musicWitness: Vision Gallery
Spiritworld - Live at The CUE Art Foundation - 2006 - Witnissimo.