Micro-Festival #3 : Montpellier, 11 & 12 février 2016
A Montpellier existe depuis trois années le Micro-Festival. A Montpellier l’Oreille Electrique se passionne pour les petits formats. A Montpellier l’Oreille Electrique est donc en charge du Micro-Festival.
A la Baignoire, on y cause, on y joue, on s’y amuse, on s’y retrouve. A la Baignoire, l’Electric Pop Art Ensemble s’ouvre au Laboratoire Electrique, formation éphémère englobant musiciens-graphistes de l’EPE et musiciens-stagiaires invités. On plonge dans l’improvisation et on s’inspire d’une photographie pour dérouler de longues volutes amies (jeudi 11 février).
A la Baignoire, les ondes radios s’invitent. Les micros s’ouvrent et la parole est laissée à Agrovélocités, collectif de jeunes ingénieurs agronomes, voyageurs infatigables parcourant l’Europe à vélo en quête et recherche d’agricultures urbaines. A la Baignoire, la franche poésie de Pierre Soletti et David Taïeb vient, avec bienveillance, soutenir et interroger la parole de chacun (vendredi 11 février / first set)
A la Baignoire, le Micro Macro M… (Nicolas Thirion, Olivier Dumont, Baptiste Châtel, Stéphane Mulet : voir photo) réveille les fantômes de La Monte Young, John Cage, Stockhausen. Les vieux fantômes sont bruyants, insistants, jamais rassurants. Leur parole claque sur la chair des assis (vendredi 11 février / second set).
A la Baignoire, l’acousmatique prend ses aises. L’air de rien, Julien Guillamat hypnotise sons et images. A la Baignoire, manque le violon de Ludovic Nicot, de tristes figures lui ayant volé son instrument quelques jours auparavant. A la Baignoire, DJ Catman (aka David Taïeb) confirme l’absurdité de nos sociétés déshumanisées. A la rigueur, on peut encore danser sur les décombres (samedi 12 février).
A la Baignoire, Patrice Soletti peut être fier (mais cela n’est pas dans ses habitudes) de ce petit pas de côté. On le rassure : c’est toujours la marge qui tient la page.
Luc Bouquet © Le son du grisli
KOD-B : PosTec (Gex, 2015)
La pochette de cette galette tirée à une centaine d’exemplaire fleure bon l’esprit potache, en tout cas le plaisir d’improviser sans trop de gêne. Et c’est tant mieux car quand il y a de la gêne…
On ne sait d’ailleurs pas qui, des deux dijonnais de KOD-B (Benoit Kilian à la batterie et Olivier Dumont à la guitare électrique noeffect), se cache sous cette casquette d’aviateur… Peut-être n’est-ce ni l’un ni l’autre, mais un des « potes » venus assister, dans un garage du voisinage, à la session d’impro qui donnera le premier disque du duo = Pos et Tec, deux improvisations de dix-huit minutes (à quelques secondes près).
Des grands coups de baguette et des tirages de larsens qui se tirent la bourre (passez-moi l’expression) avec des expérimentations plus appliquées, le tout dans un esprit « post-garage » qui ne se fait pas d’illusion. Pas de grande découverte, c’est sûr, mais on est quand même contents, malgré la tâche d’huile incrustée dans le jean, d’avoir été invités.
KOD-B : PosTec (Gex / Metamkine)
Enregistrement : 29 septembre 2014. Edition : 2015.
LP : A/ Pos – B/ Tec
Pierre Cécile © Le son du grisli
Olivier Dumont, Rodolphe Loubatière : Mouture (Observatory, 2013)
Et revoici Olivier Dumont et Rodolphe Loubatière. Revoici leurs ressacs, revoici leurs petites fissures, revoici leurs feedbacks, revoici leurs sustains. L’un est toujours guitariste, l’autre toujours batteur. Mais ceci ne veut rien dire puisque chez eux rien ne se joue comme prévu. Et pourtant rien ne se déjoue.
Il y a chez eux une option vitale. Elle passe par le circulaire. Chez eux, presque tous les trajets le sont. Une marche entre chien et loup, une lenteur ou un étouffement, une résonance, un glissement, un carnyx, une scie, des grouillements : le mouvement est rotatif, intensément rotatif. Ici, toute nouvelle inflexion enfante un nouveau territoire, chaque grincement s’invite symphonie. Ici, les sons se libèrent, s’intensifient, suivent leur naturel trajet. Circulaire, le trajet, mais je crois l’avoir déjà écrit.
EN ECOUTE >>> Mouture (extrait)
Olivier Dumont, Rodolphe Loubatière : Mouture (Observatory / Metamkine)
Enregistrement : 2012. Edition : 2013.
CDR : 01/ Side A 02/ Side B
Luc Bouquet © Le son du grisli
Olivier Dumont, Rodolphe Loubatière : Nervure (Creative Sources, 2012)
En révélant l’inexploré de leurs instruments (guitare et percussions ici), Olivier Dumont et Rodolphe Loubatière dévoilent un large spectre de résonances.
Les objets sont frottés sur le cerclage des fûts, la peau est massée, chaque portion y est inspectée, le bois des baguettes s’entrechoque : il y a de l’inouï dans le langage circulaire de Rodolphe Loubatière. Plus familière, la guitare d’Olivier Dumont n’en dévoile pas moins quelques fielleux sortilèges : éraillées, malmenées, entrechoquées, les cordes du guitariste grincent et ne cisaillent jamais inutilement. Soit une magnifique exploration de périphéries, rarement entendues jusqu’ici.
Olivier Dumont & Rodolphe Loubatière : Nervure (Creative Sources / Metamkine)
Enregistrement : 2011. Edition : 2012.
CD : 01/ Pétrole 02/ Nervure 03/ Limbe
Luc Bouquet © Le son du grisli