Yann Gourdon, Maxime Petit, Jean-Luc Guionnet : Soli (BeCoq, 2016)
Soli est un « fanzine audio » dont les soufflets, recouverts de dessins signés Fredox, Céline Guichard et 38fillette, renferment trois disques pour autant de solos, signés Yann Gourdon à la vielle à roue, Maxime Petit à la basse électrique et Jean-Luc Guionnet aux claviers de différentes espèces.
Ce sont là deux affaires de bourdon et une autre de recherche – cette dernière est due à Maxime Petit, qui peine malheureusement à convaincre : timide voire souffreteuse, son improvisation enfile sans en imposer tapotements étouffés, va-et-vient entre deux notes, harmoniques, larsens et saturations. L’expérience est courte, c’est ce qu’elle a de remarquable.
Les cordes de Yann Gourdon (que l’on peut lire ici, répondant aux questions d’Alexandre Galand) intéressent davantage. Enregistré le 9 octobre 2015 à Liège, Gourdon fait tenir une note à son instrument avant d’en travailler les couches. S’il rappelle le minimalisme de Chatham ou de Landry, l’exercice compose une musique qui, sur « son » fil presque autant que lorsqu’elle perd le nord, peut surprendre et, parfois même, magnétise.
C’est en concert à la Malterie qu’on entendra ensuite Jean-Luc Guionnet derrière orgues Hammond et Bontempi : dans un jeu donnant aux souffles autant d’importance qu’aux notes endurantes qu’ils commandent, le musicien interroge l’équilibre de son inspiration. Les longues notes – tentées toutes par l’effacement – qu’il arrange en séquences peuvent rivaliser avec le bruit, évoqué, d’un train qui passe au loin ou le battement de quelques rythmes rentrés. A force de diversifier son approche, Guionnet provoque des dérivations acoustiques qui le portent où bon, et bien, lui semble.
Yann Gourdon, Maxime Petit, Jean-Luc Guionnet : Soli
BeCoq
Edition : 2016.
3 CD : CD1 : Yann Gourdon : Liège – CD2 : 01/ Maxime Petit : Love Fuck Love – CD3 : Jean-Luc Guionnet : Plugged Inclinations
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Maxime Petit : How Many Miles To Babylon? (2013)
Un détail attire notre attention : Lasse Marhaug est au mastering… Oui, mais avant ?... Basse électrique branchée directement sur la table (c’est ce qu’on suppose en tout cas), médiator bien calé, envie de s’appliquer à la confection de sa carte de visite (il n’y en a qu’une centaine, dans une jolie pochette sérigraphiée)… voilà Maxime Petit prêt pour trois prises ! Les dites prises ne font pas un disque très long mais elles montrent de quoi le bassiste est capable.
Malgré son titre (How Many Miles To Babylon?), voilà Petit en route pour des terres plus « expérimentales » que celles de Peter Tosh sans toutefois réussir à cacher son goût (c’est ce qu’on suppose, bis) pour les musiques d’ailleurs (ce que confirmerait le troisième morceau, baptisé du nom d’une ville née de l’imagination de Gabriel Garcia Marquez). En plus de quoi, lorsqu’il ne cherche pas la pépite sonore en geek lo-fi, Petit peut faire de sa basse un mbira (Fira Palace) ou jouer de plus en plus fort un air qui sent fort le manioc (Macondo, justement). Certes, le son manque un peu d’étoffe et la production de pittoresque, mais la tentative est pour le moins originale et même… honnête.
Maxime Petit : How Many Miles to Babylon? (Autoproduction)
CDR / DL : 01/ Fira Palace 02/ City-O-Matic 03/ Macondo
Enregistrement : 17 & 18 juillet 2013. Edition : 2013.
Pierre Cécile © Le son du grisli