Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


Vers TwitterAu grisli clandestinVers Instagram

Archives des interviews du son du grisli

Evan Parker, Matthew Wright : Trance Map (Psi, 2011) / Parker, Mori, Laswell, Nauseef : Near Nadir (Tzadik, 2011)

grislimap

Alors que DJ Sniff donnait sur EP sa relecture d’une sélection de 33 tours signés Evan Parker, Matthew Wright modèle, sur Trance Map, le discours du même saxophoniste, mais en sa présence.

Au soprano et en usant de sa collection personnelle de samples, Parker agit donc ici. A ses côtés, Wright s’agite à l’échantillonneur et aux platines le temps d’une grande pièce d’improvisation que l’on découpera en quatre pour plus de convenance d’écoute – le deuxième temps verra aussi Toma Gouband intervenir au lithophone, percussion de pierres sonnantes.

Si quelques-uns des travaux d’électroacoustique de Parker se sont avérés confus, voire décevants, il faut dire la réussite qu’est Trance Map. Abandonné à l’improvisation, ne comptant que sur la surprise, le soprano tremble là d’euphorie, travesti en flûte multiple invente ici un chant diaphane, progresse ailleurs augmenté de machettes dans une luxuriante jungle sonore. Wright peut aussi transformer le saxophone en instrument débiteur de signaux électriques ou emmêler ses éléments de langage sur mouvements circulaires. Comme on bat le mil, il confond sa voix avec celle d’Evan Parker, avec idée et endurance, et ce jusqu’à ce que le jour décline, et la chaleur de Trance Map avec.

Evan Parker, Matthew Wright : Trance Map (Psi / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2008-2009. Edition : 2011.
CD : 01/ Intro 02/ 03/ 04/ Outro
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

neargrislir

En 2010, Evan Parker improvisait en compagnie d’Ikue Mori (synthétiseurs), Bill Laswell (basse électrique) et Mark Nauseef (percussions) ce Near Nadir de facture différente. Ici en effet, le soprano ne peut rien pour rattraper l’affaire électroacoustique : les synthétiseurs de Mori y tissent des tapis de naïvetés synthétiques, les cloches et woodblocks récitent un gamelan new age quand les basses de Laswell – qui s’est cependant mille fois montré moins pondéré – finissent d’étouffer les déclamations d’une association vaine.



Nauseef, Mori, Courvoisier, Quintus: Albert (Leo Records - 2006)

nauseefsli

Quatre improvisateurs iconoclastes - Mark Nauseef (percussions), Sylvie Courvoisier (piano), Ikue Mori (ordinateur) et Walter Quintus (enregistrement et traitement sonore) - fêtant le 100ème anniversaire du chimiste suisse Albert Hofmann - longtemps intéressé aux effets du LSD selon méthode absorptive -, et voici Albert, précis d’hallucinations électroacoustiques.

Utilisant des enregistrements de la voix d’Hofmann, le groupe promène la figure du savant d’une jungle de percussions minimales (Creative Spirit of God) à une zone dépressionnaire soumise au bon vouloir de fulgurances diverses (électroniques, surtout, sur L.S.D. Came To Me, ou acoustiques sur Nothing Is Obvious), et d’un monde de métal réverbéré (The Chemistry of Ergot) à un champ mélodique incertain (la déflagration électronique de This Fundamental Truth).

Combinant habilement les interventions du piano et quelques drones oscillants (Psychedelic Induced Revelations, Mystery of The Matter), les divers élans acoustiques et les reverses instantanés dont ils sont le matériau (Creative Spirit of God), les musiciens enferment en 10 pilules leur apologie insouciante, conscients qu’on ne peut résister longtemps, comme le conclura Hofmann, au mystère de la matière.

Albert came to me. Albert must come to you.

CD: 01/ The Chemistry of Ergot 02/ Creative Spirit of God 03/ Psychedelic Induced Revelations 04/ L.S.D. Came To Me 05/ Albet’s Alchemy 06/ Nothing Is Obvious 07/ Mystery of the Matter 08/ I Synthesized It 09/ L.S.D. Must Come To You 10/ This Fundamental Truth

Nauseef, Mori, Courvoisier, Quintus - Albert - 2006 - Leo Records. Distribution Orkhêstra International.


Joëlle Léandre: At The Le Mans Jazz Festival (Leo - 2006)

l_andregrislieuropa

Retour, le temps de deux disques, sur la carte blanche offerte à Joëlle Léandre par l’Europa Jazz Festival du Mans édition 2005. Occasion pour laquelle la contrebassiste conviait aux dialogues quelques uns des plus brillants représentants du jazz et de l’improvisation d’aujourd’hui.

Après s’être entendu à merveille avec la chanteuse Lauren Newton (Face It!), Léandre composait en compagnie d’Irène Schweizer avec la voix de Maggie Nicols. Ensemble, à nouveau, Les Diaboliques s’accordent sur les schémas répétitifs du piano (Meeting One), mariant les constructions abruptes de Léandre aux éclairs facétieux ou plus incantatoires de Nicols (Meeting Two).

Après le trio insatiable, le florilège fait honneur à un duo de contrebasses hors normes. Là, Léandre et William Parker se mesurent à coups d’archets grinçants, gagnant sans cesse en vitesse comme en densité (Meeting Three). Sur Meeting Five, Parker passe de la flûte à la contrebasse, optant pour l’usage de la paraphrase autarcique en réponse à l’improvisation sensible de sa partenaire.

Après avoir mené leur Firedance, Léandre et la violoniste India Cooke réinventent leur entente, nouée par de précieux réseaux de cordes, qui combinent expérimentations tourmentées (Just Now Two) et propositions mélodiques (Just Now One). Cooke jouant ici le rôle qu’investira ensuite le trompettiste Markus Stockhausen, déposant ses phrases claires sur la progression raffinée qu’installent contrebasse et percussions – celles, en l’occurrence, d’un Mark Nauseef rappelant à l’occasion Andrea Centazzo – sur Just Now Four.

Pour terminer, la sélection extrait quatre morceaux du concert donné par la contrebassiste en compagnie de Paul Lovens (batterie), Sebi Tramontana (trombone) et Carlos Zingaro (violon). Plus déconstruit encore, l’ensemble avance en terres dissonantes et répétitives (Just Now Six), indéchiffrables. Histoire de conclure dans les brumes une sélection infaillible, plaidant pour la qualité évidente d’un Europa Jazz 2005 qu’on aura bien fait de confier à Joëlle Léandre.

CD1: Joëlle Léandre, Maggie Nicols, Irène Schweizer: 01/ Meeting One 02/ Meeting Two - Joëlle Léandre, William Parker: 03/ Meeting Three 04/ Meeting Four 05/ Meeting Five - CD2: Joëlle Léandre, Indian Cooke: 01/ Just Now One 02/ Just Now Two 03/ Just Now Three - Joëlle Léandre, Mark Nauseef, Markus Stockausen: 04/ Just Now Four 05/ Just Now Five - Joëlle Léandre, Paul Lovens, Sebi Tramontana, Carlos Zingaro: 06/ Just Now Six 07/ Just Now Seven 08/ Just Now Eight 09/ Just Now Nine

Joëlle Léandre - At Le Mans Jazz Festival - 2006 - Leo Records. Distribution Orkhêstra International.



Commentaires sur