Azeotrop, Felix Profos : Bock (Deszpot, 2013) / Steamboat Switzerland Extended : Sederunt Principes (DB Waves, 2013)
Axe répétitif pour le duo noise Azeotrop (Dominik Blum : orgue Hammond, Peter Conradin Zumthor : batterie). Les compositions de Felix Profos sont cadenassées. Aucun espoir d’évolution, le crescendo est exclu. Le beat est perturbé, défiguré. Le duo renforce la stridence, perfore quelques frêles tympans. Les issues sont bouchées.
En quelques plages, Azeotrop improvise. Les ambiances sont anxiogènes : cortège lent et appuyé vers un psyché-noise imbibé de noires terreurs, gong aux harmonies putrides surgissant d’une gangue sableuse et détrempée… La noirceur trouve trône. Dans un tel contexte, l’orgue Hammond étonne puis convainc. On aura prévenu : gare aux oreilles.
Azeotrop, Felix Profos
Bock (extraits)
Azeotrop, Felix Profos : Bock (Deszpot)
Enregistrement : 2011. Edition : 2013.
CD / LP : 01/Horn 02/Marsch 03/Fieber 04/Bann 05/Ritt 06/Mühle 07/Gong 08/Loch 09/Dresden 10/Pupillenschmerz
Luc Bouquet © Le son du grisli
Plus bruyant que le souvenir qu’on en gardait, Steamboat Switzerland (Dominik Blum, Marino Pliakas et Lucas Niggli), trio ici augmenté, démontre en concert, sur des compositions de Mark Kilchenmann, d’une esthétique changeante. Plus ou moins convaincante, celle-ci, selon qu’orgue et guitares rivalisent de lourdeur avec les frappes vigoureuses ou que les saxophones (d’autres invités ayant rejoint le trio) relativisent l’emportement de rigueur et la folie « progressive » (belle marche noire en seconde plage).
Steamboat Switzerland Extended, Mark Kilchenmann : Sederunt Principes (D.B. Waves, 2013)
Enregistrement : 5 février 2012. Edition : 2013.
CD : Sederunt Principes
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Full Blast & Friends : Sketches and Ballads (Trost, 2011)
Pour Full Blast (Peter Brötzmann, Marino Pliakas, Michael Wertmüller), l’impasse est toujours possible : convulsions à répétition, étouffement de la forme, énergie fournie en pure perte de sens ; autant d’éléments pouvant être entretenus jusqu’à l’épuisement. Ici, en compagnie de quelques amis (Ken Vandermark, Thomas Heberer, Dirk Rotbrust), Full Blast délivre une composition double-face.
La première est collective. Par petits blocs contrapunctiques, le groupe choisit de ne rien développer des formes abordées, d’où une forte impression de zapping, heureusement balayée par les arrangements soignés et ultra-précis de Michael Wertmüller. La seconde partie (avant final fort d’une sauvagerie consommée) laisse les souffleurs délivrer des pistes plus solitaires (Heberer rond puis salivaire, Vandermark grognant une agitation ouverte, Brötzmann soyeux jusqu’à l’extase).
A noter : une heureuse utilisation des timbales proposée par Dirk Rotbrust et n’ayant de cesse de moduler – et consolider – une harmonie toujours fiévreuse. En trio ou avec d’autres partenaires, Full Blast reste fidèle à lui-même : puissant et féroce.
Full Blast & Friends : Sketches and Ballads (Trost / Instant Jazz)
Enregistrement : 2010. Edition : 2011.
CD / LP : 01/ Sketches and Ballads
Luc Bouquet © Le son du grisli
Full Blast : Black Hole
Est-il donc encore nécessaire de chroniquer un disque de Peter Brötzmann ? Un rapide coup d’œil sur les crédits et l’on pourrait (presque) écrire la chronique sans écouter le CD. Car Brötzmann est Brötzmann et quel que soit le contexte dans lequel il évolue, il ne fera jamais que du Brötzmann…Ceci en toute logique puisqu’il est Brötzmann. Alors, que lui reprocher ? Rien finalement car de cette furie convulsive, jamais prise en défaut depuis des décennies, on n’arrive pas à se lasser.
De Brötzmann, certains voudraient autre chose : « de la douceur, balbutient-ils. Trop de déluges depuis trop d’années, qu’il s’adoucisse maintenant ! » Oui, convenons-en : on entend souvent de drôles de choses dans le cercle des initiés. Et ici, Peter Brötzmann va encore les décevoir de son souffle unique, insatiable, malin. Et ici, avec lui, une sacré paire de voyous soniques. Marino Pliakas & Michael Wertmueller : deux rockers (sic) qui ne savent pas tempérer. Une masse qui fait front et s’oppose au souffleur. Du fiel à tous les étages (Large Hadron Collider), de sournoises accalmies (Atlas), des crescendos ébouriffants (Protoneparcel), des brûlots et encore des brûlots. Et aucune raison pour que ça s’arrête. Alors : nécessaire ou pas la chronique ? L’écoute du disque, elle, l’est totalement.
Full Blast, Higgs. Courtesy of Orkhêstra International.
Full Blast : Black Hole (Atavistic / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2008 / Edition : 2009
CD : 01/ Black Hole 02/ Suzy 03/ Ellis 04/ Alice 05/ String 06/ Atlas 07/ Protoneparcel 08/ Higgs 09/ Teilchencrash 10/ Large Hadron Collider 11/ Quarks Up-Down
Luc Bouquet © Le son du grisli
Steamboat Switzerland : Zone 2 (Grob, 2007)
Lucas Niggli (batteur entendu auprès de Jacques Demierre ou Pierre Favre, et aussi à la tête de sa propre formation : Zoom), Dominik Blum (piano) et Marino Pliakas (basse), forment le trio Steamboat Zwitzerland, dont Zone 2 est le cinquième album.
Pièce d’improvisation érudite et réussie, Zone 2 impose un feedback changeant à toutes interventions acoustiques : cordes tendues du piano et tremblement des aigus, emportements collectifs découpés en mouvements d’alertes, soutien infaillible de Niggli sur batterie réduite. Les arpèges d’une guitare sèche, soudain, signent la fin des efforts de vitesse, qui laissent toute la place à une nappe grave et roulante, presque endormie, chape de musique électroacoustique accablante, qui renferme le souvenir de l’expérience radieuse.
Steamboat Switzerland : Zone 2 (Grob)
Edition : 2007.
CD : 01/ Zone 2
Guillaume Belhomme © Le son du grisli