Maja Osojnik : Let Them Grow (Rock Is Hell, 2015)
Ô le fourre-tout inaudible (mais qu’on nous présente comme la crème de la crème de l’expérimentation vocale) que voici ! J’ai d’abord cru à un revival (voire à une fusion) Dead Can Dance / And Also the Trees (plage 1 appelée Tell Me) … Mais me voilà floué, Maja Osojnik !
Rien que de l’inutile dans ces songs électroacoustiques qui expérimentent (surtout l’ennui de leur auditeur) et qui expérimentent à toutes les sauces : post-gothique, post-Björk, post-indus, post-Lemper, post-robotik, post-pseudotout et surtout post-chiatique (oui, vous l’aurez compris, c’est là que la Maja est la plus impressionnante). Mais à ce point de ma chronique, je ne connais encore rien de Maja Osojnik puisque c’est la première fois que je l’écoute.
Consciencieux, je vais donc chercher et je lis sur le carton qui est donné avec le CD : « New album 2016 ». OK, mais renseignement pris, il n’y en a eu qu’un, avant, d’album. Pourquoi deux albums et pourquoi le dernier n’est-il pas « new » comme promis ? Maintenant, je garde, parce que j’ai quand même bien ri. Mais si un troisième sort un jour, promis : je fais l’impasse !
Maja Osojnik : Let Them Grow
Rock Is Hell
Edition : 2016.
CD / LP : Let Them Grow
Pierre Cécile © Le son du grisli
Low Frequency Orchestra, Wolfgang Mitterer : MOLE (Chmafu, 2010)
Wolfgang Mitterer fait partie de ces compositeurs de contemporain qui avouent un faible pour l’improvisation. C’est pourquoi le retrouver à l’orgue sur un disque du Low Frequency Orchestra n’est pas si surprenant. Bien moins que le disque en lui-même en tout cas.
Au départ, la réunion de sept musiciens excavent des profondeurs une électroacoustique que des assertions vocales assignent à un langage. A l’opposé de la naïveté du dessin de la couverture du digipack, le groupe évolue quand même sur une mer démontée, balayée par les vents (beaucoup de flûtes) et électrisée par de nombreux appareils. Pour faire face à ces vents, un moteur vrombit mais provoque des craquements : résister ne sert à rien.
L’orchestre et Mitterer changent en conséquence de méthode – l'orgue prend la barre sur MOLE qu’il comble de clusters. La chevauchée fantastique n’en a plus que pour une demi-heure, mais une demi-heure grise, d’un gris que l’on n’oublie pas. Ne perdant pas une miette des gestes du chamane Mitterer, Maja Osojnik devra dissiper tout cela de sa voix réconfortante. Trois points de suspension au lieu du point final.
Low Frequency Orchestra, Wolfgang Mitterer : MOLE (Chmafu Nocords)
Enregistrement : 10 janvier 2007. Edition : 2010.
CD : 01-05/ Slug 06/ Mole
Héctor Cabrero © Le son du grisli
Rdeča Raketa : Old Girl, Old Boy (Mosz, 2010)
Duo formé de la Slovène (basée à Vienne) Maja Osojnik et de l’Autrichien Matija Schellander (déjà entendu dans Metalycée), Rdeča Raketa – prononcer Rdetcha Raketa – emmène l’auditeur en une extraordinaire promenade fantasmagorique dans les contrées turntablisées de Philip Jeck et de Giuseppe Ielasi.
Grâce à la combinaison épatante d’enregistreurs à cassette, de Paetzold recorder, de jouets, de basse électrique et de multiples outils électroniques, les deux complices démontent les concepts nauséeux et placent la bravoure libertaire au centre de leur attention, nourrie d’opposition à tout préjugé. Mariant la décalcomanie à la bravoure sonore, débusquant au coin d’un magasin de jouets pour grands enfants exilés sur Touch ou Schoolmap Records les sonorités d’un voyage au pays de tous les (im)possibles, Osojnik et Schellander déclinent en une seule longue plage un dynamisme intellectuel qui n’exclut ni plaisir ni lucidité. Et pour vous donner une idée encore plus exacte de la vitalité neuronale extrême de notre duo favori – rayon nouveautés 2010, on vous invite à fouiller YouTube , vous y dénicherez une épatante performance au Sonntags Abstrakt de Graz.
Rdeča Raketa, Old Girl, Old Boy (extrait). Courtesy of Mosz
Rdeča Raketa : Old Girl, Old Boy (Mosz)
Edition : 2010.
CD : 01/ Old Girl, Old Boy
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli