Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Jeffrey Hayden Shurdut : Imaginary Control Systems (JaZt Tapes, 2011)

jeffrey hayden shurdut imaginary control systems

Oublier la médiocre prise de son de cet enregistrement (c’est le lot de toute la série JaZt Tapes) ne demande pas trop de difficultés tant la musique proposée ici possède suffisamment d’intérêt et d’atouts pour que l’oreille n’en retienne que l’essentiel. L’essentiel se joue en cette journée de juin 2007 : Jeffrey Hayden Shurdut (piano et synthétiseur), Luther Thomas (saxophone alto) et Lukas Ligeti (batterie) improvisent. Un appareil enregistreur, sans doute miniature, capte les improvisations du trio.

Le pianiste propose des pistes harmoniques. Le saxophoniste hausse le ton et regroupe ses multi-zébrures. Le batteur n’arrive pas toujours à canaliser ses frappes sèches. Ici, on ne fait que bifurquer, changer de direction. On propose, on accepte ou on rejette. Le trio est dans l’errance, dans l’irrésolu, dans l’aléatoire. On change de piste. On passe d’un clair-obscur (Science) au plus tonitruant des séismes (Love). On invente d’improbables mélodies ou on en emprunte de très vieilles. Et surtout : on ne s’interdit rien. Ne rien s’interdire : possible définition de l’essentiel ?

Jeffrey Hayden Shurdut : Imaginary Control Systems (JaZt Tapes)
Enregistrement : 2007. Edition : 2011.
CD : 01/ Religion 02/ Science 03/ Love
Luc Bouquet © Le son du grisli



Mikkel Mark Trio Featuring Luther Thomas (JaZt TAPES, 2012)

mikkel mark featuring luther thomas

Soit Mikkel Mark, Guffi Pallesen, Kresten Osgood et Luther Thomas aux prises avec Straight Not Chaser, Groovin’ High, All Blues, Equinox, Misty et Tenor Madness.

Soit un happy gig pour reprendre l’expression du producteur Jan Ström (Ayler Records). Soit un concert (1er décembre 2007, Christiana Jazz Club, Copenhague) où le jazz ne veut pas se taire. Soit Luther Thomas et sa manière si dolphienne de torsader le phrasé. Soit Misty, possible petite sœur du grand Albert et de son immortel Summertime. Soit un concert et son lot d’aléatoire, de ratés et d’extravagances. Soit des tempos s’éteignant et d’autres se doublant. Soit un saxophoniste, parfois cavalier seul mais toujours impeccable dans son placement. Soit le jazz, tout simplement.

Mikkel Mark Trio : Featuring Luther Thomas (JaZt Tapes)
Enregistrement : 2007. Edition : 2012.
CD-R : 01/ Straight No Chaser 02/ Groovin’ High 03/ All Blues 04/ Equinox 05/ Misty 06/ Tenor Madness
Luc Bouquet © Le son du grisli


James Marshall Human Arts Trio : Illumination (Freedonia, 2016)

james marshall illumination

Le jazz – ce qu’il implique d’interrogations – oppose et opposera toujours deux lignes qui farouchement s’opposent quand elles ne parviennent pas à se compléter : la tradition et la création. Ce disque, publié par Freedonia Music, est un document d’importance qui illustre à merveille cette musique parallèle, née de la tradition autant que de la création.

Dans les années 1970, à St. Louis, Missouri, se fit entendre l’Human Arts Ensemble dans lequel donnèrent de la voix des musiciens tels que Charles Bobo Shaw, Hamiet Bluiett, Julius Hemphill, Oliver Lake, John Lindberg, Joseph et Lester BowieLuther Thomas, aussi, auquel le son du saxophoniste James Marshall fait écho dès les premières secondes de cet enregistrement daté de 1979. A cette époque, Marshall a pourtant quitté St. Louis et ses partenaires de jeu sont (seulement) deux percussionnistes, Frank Micheaux et Jay Zelenka (aujourd'hui aux manettes du label Freedonia) : c’est donc l’heure de l’Human Arts Trio. Dans les saxophones (soprano, alto, ténor) de Marshall, bien sûr, on entend Coltrane, Coleman, Redman, Lasha, et ce Thomas d’associé… Ce qui ferait de Marshall un petit maître…

Et donc ? L’écoute d’Illumination s’en trouve-t-elle atteinte – comme on le dirait d’une oreille ? L’abandon de son phrasé illumine (c’est le mot) les deux premières plages du disque, quand ses expérimentations – de saxophone en flûte, le voilà jouant une demi-heure durant sur Life Light de et avec un écho qui sublime jusqu’aux percussions – s’écoutent avec un plaisir non feint. En guise de « bonus », une quatrième plage enregistrée plus tôt : le même trio augmenté de deux souffleurs (au nâgasvaram, notamment) : Michael Castro et Alan Suits. Non de free jazz, c’est là une autre histoire de son qui mêle des tambours lointains à d’insistants instruments à vent. Le brouhaha étonne, désarme même : assez pour remercier Jay Zelenka d’avoir ressorti ces enregistrements sur cassette que le péril menaçait. .

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James Marshall Human Arts Trio : Illumination
Freedonia
Enregistrement : 1979. Edition : 2016
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Meditations on Albert Ayler: Live at Glenn Miller Café (Ayler Records - 2007)

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Méditant sur le cas Ayler, le saxophoniste Luther Thomas, le bassiste Jair-Rohm Parker et le batteur Tony Bianco, appliquaient récemment à Stockholm un peu d'éléctricité à l'héritage.

A coup de déflagrations sonores, la basse s'occupe de gonfler le décorum de Ghosts, sur lequel Thomas assène ses hymnes frondeurs laissés quelques fois de côté au profit de phrases écorchées rappelant celles du modèle.

Selon la même formule, le trio investit ensuite O Store Gud, combinant le jeu frénétique de Bianco aux déviances bruitistes de Parker, sauf-conduit idéal qui permet à l'alto d'aller et venir comme il l'entend, pour conclure à grands cris l'exposé d'une admiration s'interdisant tout mimétisme, soit: honnête et convaincant.

CD1: 01/ Ghosts / Truth Is Marchin In 02/ O Store Gud (How Great Thou Art)

Meditations on Albert Ayler – Live at Glenn Miller Café – 2007 – Ayler Records. Téléchargement.



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