Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Revolutionary Ensemble : Vietnam (ESP, 2009)

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Vietnam est l’acte de naissance discographique du Revolutionary Ensemble. Nous sommes en 1972 et nous en connaissons les remous. Revolutionnary EnsembleVietnam : plus rien ne se cache, tout se dévoile. Parlons plutôt de cette désarmante musique puisque, précisément, c’est ce qu’elle demande : que se désarme le monde.

Un violon (Leroy Jenkins), une contrebasse (Sirone), une batterie (Jerome Cooper). Les cordes sont glissantes chez Jenkins, plus terriennes chez Sirone. Leur musique est une musique de vérité ; entêtante, obsédante. Elle crisse jusqu’à la saturation. Elle est au cœur de la tourmente. D’ailleurs, elle est la tourmente même. Elle sait se dégager des tics de la free music, prendre en compte le silence, inviter des souffles lointains (un harmonica, une flûte, une trompette), creuser la parole, instruire l’attente. Elle est plainte et questionnement. Equilibre et cri.

Elle s’éclipsera cinq ans plus tard puis reviendra en 2005. Aujourd’hui, on le sait, elle s’est éteinte à jamais. Restent les disques, les archives et ce CD ne documentant malheureusement pas l’intégralité du concert (cut violent en fin de disque, prise de son médiocre). Qu’importe : la musique du Revolutionary Ensemble est ici vive, ardente et c’est bien là l’essentiel.

Revolutionary Ensemble : Vietnam (ESP / Orkhêstra International)
Enregistrement : 1972 / Réédition : 2009
CD : 01/Vietnam 1  02/Vietnam 2
Luc Bouquet © Le son du grisli



Revolutionary Ensemble: Beyond the Boundary of Time (Mutable - 2008)

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Deux ans avant la disparition de Leroy Jenkins, Revolutionary Ensemble donnait un concert à Varsovie, sur lequel revient Beyond the Boundary of Time.

Sur lequel le trio va et vient, une fois encore, entre inspiration et faiblesses avouées : chacun des musiciens ayant imposé une de ses compositions – celle de Jenkins (Usami), capable plus que les autres de faire naître l’inspiration (celle de Sirone, notamment) ; celle de Jerome Cooper (Le-Si-Jer), plus ludique : le compositeur déposant le thème au son des effets différents d’un clavier électrique –, les voici s’adonnant ensemble à une improvisation sur laquelle ils abandonnent un peu de leur lyrisme au profit d’échanges obsessionnels : inventifs souvent et parfois maladroits, à l’image de la dernière prestation du Revolutionary Ensemble.

CD: 01/ Configuration 02/ Usami 03/ Le-Si-Jer 04/ Improvisation I 02/ Improvisation II >>> Revolutionray Ensemble - Beyond the Boundary of Time - 2008 - Mutable.

Revolutionary Ensemble déjà sur grisli
Revolutionary Ensemble (Enja - 2008)


Jim McAulay: The Ultimate Frog (Drip Audio - 2008)

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Membre discret d’un Acoustic Guitar Trio dans lequel évoluait aussi Nels Cline, le guitariste Jim McAuley voit aujourd’hui paraître un double-album composé de titres qu’il enregistra en duo avec son ancien partenaire, ainsi qu’avec le violoniste Leroy Jenkins, le contrebassiste Ken Filiano et le percussionniste Alex Cline.

Souvent improvisées, les rencontres ont pour point commun un mélange de genres assumé : pièces déconstruites et anguleuses élaborées avec Jenkins (Improvisation #12) ou Filiano (Escape Tone), épreuves d’un minimalisme répétitif (Improvisation #5) ou expérimental (Froggy’s Magic Twanger), morceaux de folk atmosphérique (November Night) ou d’un blues quelques fois insipide (Jump Start). L’ensemble, de receler quelques moments de grâce.


Jim McAuley, Leroy Jenkins, A Ditty for NC (extrait). Courtesy of Drip Audio.

CD1: 01/ Improvisation #12 02/ Nika’s Love Ballad 03/ Improvisation #5 04/ November Night 05/ Improvisation #1 06/ Escape Tones 07/ A Ditty for NC 08/ Improvisation #6 09/ The Zone of Avoidance 10/ Froggy’s Magic Twanger 11/ Huddie’s Riff 12/ Il Porcelino – CD2: 01/ Jump Start 02/ Improvisation #9 03/ Bullfrogs and Fireflies 04/ Successive Approximations 05/ Improvisation #11 06/ Five’ll Get Ya’ Ten 07/ Work with Sharp 08/ ‘’No Snarel” 09/ Improvisation #10 10/ Angie Moreli Truly Confesses 11/ Okie Dokie 12/ For Rod Poole >>> Jim McAulay - The Ultimate Frog - 2008 - Drip Audio.


Revolutionary Ensemble: Revolutionary Ensemble (Enja - 2008)

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Actif dans les années 1970 et reformé en 2004 pour le bien d’un enregistrement produit par Pi Recordings, Revolutionary Ensemble – soit : Leroy Jenkins (violon, flûtes), Sirone (basse, flûtes) et Jerome Cooper (percussions, piano et… flûtes) – voit aujourd’hui rééditer Revolutionary Ensemble, enregistrement d’un concert donné en Autriche en 1977.

Pour donner les dernières preuves (originelles) de l’entente du trio, le disque retient quatre titres, se refusant tous à être sacrifiés aux simplistes frasques électroacoustiques généralement commandées par leur temps. A la place, trouver des progressions atmosphériques soumises à de subits emportements (March 4-1) et autres explorations sonores capables de chercher partout la sonorité inattendue, avec, quand même, plus (Clear Spring) ou moins (Chicago) de subtilité. Au son des flûtes annoncées, les musiciens ouvrent le dernier morceau du concert, lui aussi intitulé Revolutionary Ensemble, pour redire sans doute toute l’efficacité de l’usage qui est fait ici de la preuve par trois.

CD: 01/ Clear Spring 02/ March 4-1 03/ Chicago 04/ Revolutionary Ensemble >>> Revolutionary Ensemble - Revolutionary Ensembe - 2008 (réédition) - Enja. Distribution harmonia Mundi.


Leroy Jenkins: The Art of Improvisation (Mutable - 2005)

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Enregistrement d’un concert donné le 8 octobre 2004 par le quartette de Leroy Jenkins, The Art of Improvisation atteste de l’énergie endurante du plus charismatique des violonistes de l’A.A.C.M., porté par 3 partenaires triés sur le volet.

En moins d’une heure, l’exercice est décliné sur 4 modes et autant d’ambitions. To Live : à un rythme fougueux, Min Xiao-Fen imbrique les phrases de son pipa à celles du violon, et décide d’une progression abrupte et dissonante, évoluant sur fond de western mongol. To Sing : où les solos se succèdent poliment - le pianiste Denman Maroney interrogeant accordage et désaccordage, Jenkins optant pour une impression pseudo-baroque, ou le percussionniste Rich O’Donnel jonglant entre construction entêtante et ruptures de rythme.

Elaborées en commun sur la fin de To Sing, les propositions musicales retrouvent la fougue du début du disque sur To Run. Là, les musiciens se font plus virulents encore, à l’image de Jenkins, qui frotte les cordes de son violon au moyen d’un archet sec, tandis que Maroney n’hésite plus à distribuer les coups à l’intérieur de son instrument. Inéluctable, la retombée des tensions : To Believe, sur lequel le violoniste trouve seul le chemin de la mélodie légère, qui convaincra bientôt les interventions individuelles du bien-fondé de se fondre.

Vu de loin, The Art of Improvisation est une source intarissable de projections intempestives et d’initiatives mûrement réfléchies. Le tout lié admirablement par le savoir-faire de quatre musiciens qualifiés, qui ne cessent cependant d’hésiter entre assurance et doute. Entre l’un et l’autre, sûrement trouvent-ils leur charme.

CD: 01/ To Live 02/ To Sing 03/ To Run 04/ To Believe

Leroy Jenkins - The Art of Improvisation - 2005 - Mutable Music.



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