Paul Dunmall: Ancient and Future Airs (Clean Feed - 2009)
Au Vision Festival, Paul Dunmall (saxophone ténor, cornemuse) mettait en 2008 son Sun Quartet au service d’Ancient and Future Airs.
Assisté de Tony Malaby (saxophone ténor), Mark Helias (contrebasse) et Kevin Norton (percussions), Dunmall installait Ancient Airs, surtout, sous la coulpe d’un climat intense : cinquante minutes, alors, d’un duo de ténors vibrionnant, avant que le leader dessine à la cornemuse une ligne de partage aux faux airs incommodes, après laquelle le quartette s’en remettra à son atmosphère insondable, porté ici par la batterie, là par le vibraphone de Norton.
Dix minutes à peine, ensuite, en guise de Future Airs : le temps d’un rappel assemblant d’autres couleurs sorties du vibraphone et un saxophone plus hésitant, rejoint par un second : ensemble, Dunmall et Malaby s’occupent alors de rendre la sonorité d’une chape mouvante, au retentissement monumental.
CD: 01/ Ancient Airs 02/ Future Airs >>> Paul Dunmall Sun Quartet - Ancient and Future Airs - 2009 - Clean Feed. Distribution Orkhêstra International.
Paul Dunmall déjà sur grisli
There's No Going Back Now (Cuneiform - 2006)
In Your Shell Like (Emanem - 2004)
Bridging The Great Divide Live (Clean Feed - 2003)
Trio Viriditas: Live at Vision Festival IV (Clean Feed - 2008)
Lors de la quatrième édition du Vision Festival, Trio Viriditas – Alfred Harth (saxophones, clarinettes, trompette), Wilber Morris (contrebasse) et Kevin Norton (vibraphone, percussions) – redisait l’implication acharnée de ses membres, et leur savoir-faire discret.
Malgré l’enjeu, qui consistait à évoquer l’époque d’un free jazz historique : Harth aux faux airs de Jimmy Lyons avant qu’il passe à la clarinette basse, puis insistant, faisant toute confiance à l’assurance d’un emportement qu’il a de facile. Ensuite, l’association se fait plus mesurée : fantôme de Coltrane planant sur Hiranyagarbha, swing délicat de Viriditas Waltz, ballade forte de ses lassitudes de Fuer die Katz’s deli(ght) et, en guise de conclusion, une irréprochable reprise de Peace, d’Horace Silver. Pas de plus bel hommage, donc, que cette dernière évocation de Wilbur Morris.
CD: 01/ Wind at the ear says June 02/ And loudspeakers loyal to the sea's deep bass say June 03/ Hiranyagarbha 04/ Melancholy 05/ A wind reads ruts saluting the blue silk beyond pain 06/ Viriditas Waltz 07/ Braggadocio 08/ Fuer die Katz's deli(ght)+Starbucks 09/ Peace >>> Trio Viriditas - Live at Vision Festival IV - 2008 - Clean Feed. Distribution Orkhêstra International.
Steve Cohn: Iro Iro (Red Toucan - 2008)
Au début de l’année 1999, le pianiste Steve Cohn (jouant aussi ici du shakuhachi ou des percussions) enregistrait quatre titres en compagnie du tromboniste Masahiko Kono, du violoncelliste Tomas Ulrich et du batteur Kevin Norton : Iro Iro, que traduirait « ceci cela ».
Intéressé par une creative music de chambre, Cohn peint ici quatre grandes impressions accaparantes, qui accrochent leurs atmosphères différentes – quoique lentes, toutes – aux coins d’une proposition singulière ayant à voir autant avec une musique contemporaine défaite qu’avec une improvisation languide et torturée.
Sous les coups de Norton (sur batterie ou vibraphone) et l’archet d’Ulrich, Iro Iro agite alors le fantasme d’une musique qu’aurait pu servir Chico Hamilton s’il avait davantage donné dans l’expérimentation, et démontre l’œuvre singulière de Steve Cohn en petit comité.
Steve Cohn, Konnichiwa (très court extrait).
CD: 01/ Ohio 02/ Konnichiwa 03/ Kombawa 04/ Oyasuminasai >>> Steve Cohn - Iro Iro - 2008 - Red Toucan. Distribution ImproJazz.
Gjerstad, Norton & Rogers: Antioch (Ayler - 2008)
En Norvège, en 2005, Frode Gjerstad revoyait ses façons aux côtés du percussionniste Kevin Norton et du contrebassiste Paul Rogers.
Antioch, de suivre alors l'allure improvisée de quatre grands mouvements, le long desquels le leader passe de saxophones en clarinette basse, quand Norton va et vient entre vibraphone et batterie. Attendri, Gjerstad suit à la clarinette les conseils apaisants de Norton sur Ramparts, pour adapter d'autres méthodes à sa pratique de l'alto : emportements plus expérimentaux d'Ultimately Betrayed, à la fin duquel les tensions finissent par retomber.
Pour permettre le développement de Common Misconception, meilleure improvisation de la séance, sur laquelle le saxophone basse progresse entre des notes lentes de vibraphone et celles d'un archet soudain tourmenté. Pour conclure, l'aimable dialogue entre Rogers et Gjerstad contrastant sur Monad, Dyad, Triad avec les coups intempestifs distribués par Norton sur son instrument. Le trio s'en tient là, avec raison.
CD: 01/ Ramparts 02/ Ultimately Betrayed 03/ Common Misconception 04/ Monad, Dyad, Triad
Frode Gjerstad, Kevin Norton & Paul Rogers - Antioch - 2008 - Ayler Records. Téléchargement.
Anthony Braxton: (Yoshi’s) 1997 Vol. 4 (Leo Records - 2007)
Cinq soirées passées au Yoshi’s d’Oakland en 1997 permirent à Anthony Braxton de développer son concept de Ghost Trance Music. Sur ce quatrième volume de la rétrospective publiée par Leo Records : deux compositions au programme, évocations de transes amérindiennes sur Composition N°213 et Composition N°214, rendues à la tête d’un ensemble de neuf musiciens – section rythmique assurée par Joe Fonda et Kevin Norton.
Ici, la progression instable, souvent précipitée, des instruments à vent ralentis soudain par la guitare à contre-emploi d’O’Neil, les cacophonies minuscules déposées sur résonances, et les entrelacs spécieux évoquant une version revue et étirée du Hat and Beard de Dolphy. Morceau que l’on pourrait aussi bien retrouver là : Composition N°214 aux graves imposants, portant aux nues le trio flûte / alto / guitare avant le retour implacable d’un duo assuré : contrebasse et clarinette basse. Inspirés et insistants, Braxton et son groupe, sur cet autre souvenir d’un passage mémorable au Yoshi’s.
CD1: 01/ Composition N°213 - CD2 : 01/ Composition N°214
Anthony Braxton Ninetet - (Yoshi’s) 1997, Vol.4 - 2007 - Leo Records. Distribution Orkhêstra International.
Joëlle Léandre, Kevin Norton : Winter in New York 2006 (Leo, 2007)
Forcément placée sous le signe de l’ardeur, la rencontre de la contrebassiste Joëlle Léandre et du percussionniste Kevin Norton en arrive aux conclusions de Winter in New York 2006 : appuyées et définitives.
Hachant souvent leur dialogue, Léandre et Norton imposent à leurs improvisations un rythme frénétique sur lequel estimer leur inspiration : insistances mélodiques ou emportements derniers sur lesquelles se glisse la voix de Léandre, archet grinçant contre notes suspendues de vibraphone, résonance des cymbales combinées aux parcours chaotiques des pizzicatos.
De phrases lasses jouant les apaisées en précis de perturbations fascinantes, le duo trouve partout l’accord parfait obligeant toutes ses contradictions.
Joëlle Léandre, Kevin Norton : Winter in New York 2006 (Leo Records / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2006. Edition : 2007.
CD : 01/ Winter December #1 02/ Winter December #2 03/ Winter December #3 04/ Winter December #4 05/ Winter December #5 06/ Winter December #6 07/ Winter December #7 08/ Winter December #8
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Kevin Norton: Time-Space Modulator (Barking Hoop - 2003)
20 années passées en tant que percussionniste aux côtés de Joëlle Léandre, Fred Frith, ou encore Eugene Chadbourne, n’auront en rien entamé la discrétion frôlant l’anonymat de Kevin Norton. L’homme est pourtant prolifique, multipliant les formules comme les manifestes, qu’il publie d’ailleurs aujourd’hui, pour la plupart, sur son propre label.
Tel est le cas de Time-Space Modulator, dans lequel son Bauhaus Quartet interprète des compositions signées Norton, à une exception près, pour le compte du Norton label, Barking Hoop. L’aventure compte pourtant d’autres protagonistes, et puisqu’il en faut, pourquoi ne pas les choisir comme on pourrait en rêver : Tony Malaby (saxophones), Dave Ballou (trompette, cornet) et John Lindberg (contrebasse).
Entre deux morceaux frénétiques - l’un porté par un swing en demande de décalages (Mother Tongue), l’autre au laisser-aller intense célébrant le final (Moonstruck) -, Kevin Norton se révèle être un impressionnant peintre de situations : d’explorations d’instants étirés (Microbig) en procession minimale (Atie Aife), d’hommage appuyé au maître Milt Hinton (Milt’s Forward Looking Tradition) en dissonantes retouches de mélodie facétieuse.
Ailleurs, le quartet arrive à mettre sur pieds des constructions aux particules étranges. Ainsi, sur une figure rythmique impeccable, on évoque à la fois Donald Byrd et David Lynch, avant de lier le tout d’un clin d’œil évident à l’Art Ensemble (Didkovsky). Une affaire d’atmosphère originale, mystérieuse parfois (Seoul Soul), qui court fièrement d’un bout à l’autre d’un disque frondeur et réussi.
CD: 01/ Mother Tongue 02/ Seoul Soul 03/ Didkovsky 04/ Milt’s Forward Looking Tradition 05/ Microbig 06/ Atie Aife 07/ Difficulty 08/ Moonstruck
Kevin Norton Bauhaus Quartet - Time-Space Modulator - 2003 - Barking Hoop.