Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Beresford, Coombes, Russell, Solomon, Todd : Teatime (Emanem, 2010)

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Les noms devraient suffire à faire venir à Teatime un parterre d’amateurs : Garry Todd (saxophone ténor), Nigel Coombes (violon, électronique), Steve Beresford (piano, jouets), John Russell (guitare électrique) et Dave Solomon (percussions).

Enregistrées au milieu des années 1970 à l’Unity Theatre et précédemment éditées sur Incus, les improvisations de Teatime vont voir au-delà du simple souvenir des joutes improvisées du No-Swinging London. Ce sont d’abord cet European Improvised Music Sho’ ‘Nuff Turns on Me en quatre parties, qui donnent à entendre un quartette affûté (tous musiciens cités si ce n’est Todd) donner dans un brouhaha intempestif, beau discours d’une jeunesse londonienne obnubilée par les chants d’instruments que l’on gratte, lutine ou harcèle. « It was a period of trying things out », précise John Russell.

Ensuite, quatre autres parties font I Didn’t Get Up This Morning, (tous musiciens cités si ce n’est Coombes). Soit, un art d’expression directe, voire brute, et des trouvailles sonores valant du trésor oublié. En conclusion et en prime, Low-Fi, enregistré au Little Theatre, oppose Russell et Solomon le temps d’un échange étrangement sévère bien qu’amusé. Gratifié d’un tel inédit, on ne saurait faire autrement que de conseiller l’écoute du Teatime réédité.

Garry Todd, Nigel Coombes, Steve Beresford, John Russell, Dave Solomon : Teatime (Emanem / Orkhêstra International)
Enregistrement : 1973-1975. Réédition :2010.
CD : 01/ Irritating Tapping 02-05/ European Improvised Music Sho’ ‘Nuff Turns Me On (Part 1-4) 06/ Deadbeat 07-10/ I Didn’t Get Up This Morning (Part 1-4) 11/ Graham Shows His Teeth 12/ Low-Fi
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Michel Doneda Expéditives : Kirme, The Cigar That Talks, Fragment of the Cadastre, Miettes

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Michel Doneda, Taavi Kerikmäe : Kirme (Improtest, 2010)
La première moitié de ce disque offre trois pièces gravées en studio (2008) par le sopraniste en compagnie du pianiste estonien Kerikmäe : une belle tension s’y accumule, riche d’insectes, avant de trouver à s’épancher en concert (2009), dans la seconde partie. Les deux hommes, les mains dans le son, auscultant les viscères d’un piano de précision, interrogeant le creux actif du saxophone, se meuvent sans obstruction, le long de filons d’énergie. Une aventureuse tannerie de sonorités.

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Michel Doneda, John Russell, Roger Turner : The Cigar That Talks (Collection PiedNu, 2010)
Fort bien enregistré, ce trio intriqué commence par fureter assez longuement dans les échardes anglaises et récolte de douces éraflures ; les escarbilles montent ensuite et c’est aiguillonné par leurs bouffées qu’on traverse de splendides buissons électrisés, ardents, et de fins rideaux d’herbes bruissantes. Un groupe extrêmement vivant, détenteur d’un « élémentaire sonore » qu’on aimerait aussi écouter en plein air ! Quant au cigare qui parle… Smoke it !

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Michel Doneda, Rhodri Davies, Louisa Martin, Phil Minton, Lee Patterson : Fragment of the Cadastre (Another Timbre, 2010)
Capté à Leeds la veille de l’enregistrement de Midhopestones (par les mêmes musiciens et pour le même label), ce précieux live – tiré à 150 exemplaires – rend compte de la première réunion d’un quintet fascinant. Dès les premiers instants se déploie, tissée et vibrante, une longue poésie nocturne… Somptueuse musique onirique, contrôlée et respirable, habitée !

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Michel Doneda : Miettes (Mômeludies, 2010)
Recueillies durant plusieurs années par le travailleur du son (« égratignure faite dans l’air ») qu’est Doneda, ces miettes ne constituent pas un pain : réflexions articulées ou bribes aphoristiques, elles témoignent d’une pensée et d’une pratique vives. Eclairantes, troublantes, elles résonnent, s’oublient puis reviennent, accompagnant le lecteur, l’auditeur, le musicien. « Les sons que nous improvisons sont des totems de paille, de brindilles ramassées ici et très loin. »


John Russell : Hyste (Psi, 2010)

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La main gauche de John Russell agit sans doute plus que la droite ; décide sans doute plus que l'autre et même davantage que l'instinct et les habitudes de John Russell lui-même.

C'est que, sous le crâne du guitariste, les signaux réclament de l'accident : sur tirants et harmoniques, dans le flot de cascades ou sur délire vénitien ainsi que sur leurs variantes apaisées. Accrochées, les cordes le sont encore, mais lorsque l'une des six possibles ne parvient pas à entraîner sa voisine, la main gauche fait alors oeuvre d'accomodements : de bon conseil, elle modèle en experte le chant des énergies fugitives et des élans retenus. En disque de conséquences, l'Hyste s'avère implacable. 

John Russell : Hyste (Psi / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2009. Edition : 2010. 
CD : 01/ Weeker Passell 02/ Alleycumfree 03/ The Folkestone Girls
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Five Rooms : No Room for Doubt (Amirani, 2009)

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No Room for Doubt s’ouvre sur un chant, celui de The Door, sur lequel la voix de Jean-Michel van Schouwburg rivalise de présence avec l’excellent soprano de Gianni Mimmo – qui pose d’emblée la question : tout sopraniste est-il forcément lacyen ?

La présence du guitariste John Russell oriente peut-être la suite : improvisations (ou « Music Instant Compositions by Five Rooms ») relevées soudain par la présence des cordes sans lesquelles la réunion irait de jolis moments en instants perdus, comme passe la voix de Schouwburg d’exclamations râleuses en discussions vaines ou de belles réclamations de fausset en interjections de pas grand-chose. Parce qu’aussi les autres musiciens (le tromboniste Angelo Contini, le violoncelliste Andrea Serrapiglio et, sur les deux derniers titres, le contrebassiste Paolo Falascone) respectent avec application les codes d’une improvisation entendue, quitte à laisser au commun acceptable toute la place du doute.

Five Rooms : No Room for Doubt (Amirani)
Edition : 2009.
CD : 01/ The Door 02/ No Room for Doubt 03/ Other Conspiracy 04/ Promises : the Farewell Speech 05/ train Jumper 06/ Afternoon Revelation 07/ The Next Room Interlude 08/ Cried Reasons 09/ Threshold Lyric 10/ Conspiracy #2 11/ Briskly Done 12/ Cracknel (Clouded Marble) 13/ Attractive Theory 14/ Conspiracy #1 15/ Abstract 16/ Neglected Garden 17/ Calls & Rumours
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Evan Parker : House Full of Floors (Tzadik, 2009)

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Regroupés en juin dernier autour des micros d’Adam Skeaping (qui enregistra le souffleur dès 1980 dans le solo de Six of One ou le duo From Saxophone & Trombone), Evan Parker (saxophones soprano & ténor), John Russell (guitare) et John Edwards (contrebasse) avaient décidé d’élaborer quelques pièces improvisées en duo et en trio…

Leur association n’est pas sans évoquer à l’amateur le quartet que Mark Sanders complétait il y a une douzaine d’années pour London Air Lift, ou les aventures du saxophoniste avec le grand aréopage d’archets et plectres des Strings with Evan Parker : d’évidence, rares ou proliférantes, les cordes semblent apporter à Parker une force de « soulèvement » (Edwards s’y entend !) et une délicate énergie hirsute (tirée de la guitare épépinée de Russell) que le saxophone vient combiner et froisser en somptueuses gerbes, sans les ébarber. Ces jeux de dynamiques et de vitesses superposées (Full of Floors) convergent dans un étonnant swing antigravitationnel.

Assistant aux séances pour graver un peu de cette musique sur cylindres de cire, Aleks Kolkowski (un des archets – violon alto Stroh – des Kryonics & scie) fut invité à rejoindre le trio sur quelques morceaux : le pavillon du Stroh attirant le soprano vers de nouvelles raucités et la scie déformant l’espace, les esquives et séries de crochets forment une belle capoeira !

Evan Parker : House Full of Floors (Tzadik / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2009. Edition : 2009.
CD : 01/ Three of a Kind 02/ Donne’s Banjo 03/ Ca-la-ba-son 04/ Figure Dancing 05/ Aka AK 06/ Kabala-sum-sum-sum 07/ Shown jot 08/ House Full of Floors 09/ Wind Up
Guillaume Tarche © Le son du grisli


News from the Shed : News From The Shed (Emanem, 2006)

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Enregistré en 1989 à Londres, News From The Shed est le fruit d’une hospitalité réservée à Radu Malfatti et John Russell par un trio constitué cinq ans plus tôt. Celui du saxophoniste John Butcher, du violoniste Phil Durrant et du batteur Paul Lovens, qui s’octroient par la même les services d’un trombone et d’une guitare pour mieux servir une musique improvisée enthousiaste.

Qui se plaît à enfiler les mouvements de différentes natures, comme on se penche sur la confection de collages. A entendre, d’abord, la nervosité rendue par les grincements collectifs et les fulgurances sèches. Tenant d’un minimalisme éclaté, News from the Shed perce le mystère du chaos, quand Kickshaws ou The Clipper s’amusent à briser les élans agités sans parvenir à les faire disparaître.

Interrogeant ailleurs les dissonances à force d’entrelacs du saxophone et du trombone (The Gabdash), le quintette glisse parfois jusqu’aux plages sereines, mais peu rassurantes : Butcher arrange ainsi le mirage d’une mélodie orientale sur l’immixtion électronique pour l’élaboration de laquelle Durrant a lâché son violon (Everything Stops for Tea) ; l’ensemble progresse le long d’un Coracle fait évidence, pour dévoiler enfin l’atmosphère singulière d’un monde en perdition (Crooke’s Dark Space, Inkle).

Ainsi, News from the Shed aura suivi le cours d’une improvisation rageuse ou déliée, combinant toujours avec grâce les interventions individuelles, et interrogeant subtilement l’effet d’une électronique encore timide sur une musique acoustique aux résolutions brutes. Autant d’avantages qui autorisent aujourd'hui cette réédition.

News from the Shed : News from the Shed (Emanem / Orkhêstra International)
Enregistrement : 1989. Réédition : 2006.
CD : 01/ News from the Shed 02/ The Gabdash 03/ Reading The River 04/ Kickshaws 05/ Everything Stops for Tea 06/ Sticks and Stones 07/ Weaves 08/ Whisstrionics 09/ Mean Time 10/ Pepper’s Ghost 11/ The Clipper 12/ Coracle 13/ Crooke’s Dark Space 14/ Inkle
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



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