Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Joel Futterman, Alvin Fielder, Ike Levin : Traveling Through Now (Charles Lester, 2008)

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Joel Futterman, Alvin Fielder et Ike Levin se jettent dans la bataille d’un free jazz enflammé. Ils ne sont pas les premiers. Ni les derniers. Que faire de ce trop plein de rage et de foudre, de ces souffles embrasés et de ces muscles tendus ? Quoi faire pour éviter l’étiquette du free revival ? S’en moquer, par exemple, surfer au plus près du grand mascaret, écouter son instinct de débauche.

Ce que font ici à la perfection un pianiste aux coudes robustes, un saxophoniste ou clarinettiste à la gouaille glissante et un batteur à l’écoute précieuse. Tous hurlent dans les flammes, tous font du lyrisme une souricière sans issue, tous se lient. Puis se défont. Perdent le fil. Voici venu le temps des espaces réparateurs. Voici venu le temps des respirations. Ici, l’ombre d’un standard, là un zeste de romantisme très vite remis en question. Ils repartent et réparent le chaos. Ils moulinent un blues et s’en défont. Bref, vivent la musique sans le souci du qu’en-écrira-t-on. Bonne nouvelle, n’est-ce pas ?

The Joel Futterman, Alvin Fielder, Ike Levin Trio : Traveling Through Now (Charles Lester Music)
Enregistrement : 2007. Edition : 2008.
CD : 01/ Primal Center 02/ Illumination 03/ Ascendence 04/ Life’s Whisper 05/ Dance of Discovery 06/ Moment Dweller 07/ Outertopeia 08/ Connexions 09/ Triple Question 10/ Freescapes
Luc Bouquet © Le son du grisli



Joel Futterman, Ike Levin, Kash Killion : LifeLine (Charles Lester Music, 2002)

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Pour leur troisième album enregistré ensemble (et en trio), le (surtout) pianiste Joel Futterman et le saxophoniste et clarinettiste Ike Levin invitaient le violoncelliste Kash Killion à improviser en leur compagnie. Résultat : LifeLine, ouvrage incandescent de musique créative.

Après avoir placé les entrelacs spécieux de leurs interventions sous le joug d’un contemporain licencieux puis d’un free mesuré (Paradox), les musiciens passent d’un instrument à l’autre - Futterman, du piano à la flûte indienne ou au saxophone ; Levin, du saxophone à la clarinette basse ou aux percussions - pour imbriquer des pièces changeantes aux résultats variables : d’une efficacité évidente sur Choices, le trio peut passer à un manque d’inspiration faiseur de Questions.

Plus urbain, Now & Hear imbrique les élans de piano préparé au son d’un saxophone chaleureux, tandis que Forever gagnera un à un ses galons de pièce maîtresse : à la clarinette basse, Levin évoque d’abord Dolphy avant d’être rejoint par ses partenaires pour déployer un mouvement lent et tourmenté, tirant parti de déconstructions régulièrement imposées. Au final, l’expérience est convaincante, et invitera Levin et Futterman à la récidive (sur Traveling Through Now, notamment).

Joel Futterman / Ike Levin Trio : LifeLine (Charles Lester Music)
Edition : 2002.
CD : 01/ Paradox 02/ Choices 03/ Questions 04/ Now & Hear 05/ Forever
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Kidd Jordan Quartet: New Orleans Festival Suite (Silkheart - 2002)

jordansliChez lui, à la Nouvelle Orléans, Kidd Jordan enregistrait en 1999 une improvisation en trois temps en compagnie de partenaires précieux : le contrebassiste William Parker, le pianiste Joel Futterman (ancien partenaire de Jimmy Lyons) et le batteur Alvin Fielder (jadis membre du sextette de Roscoe Mitchell).

Dès Decateur Street, le saxophoniste dépose un expressionnisme altier sur le soutien fiévreux de Parker, duo qui évolue sur les phrases habitées et distribuées à l’emporte-pièce par Futterman, au piano puis à la flûte indienne. Pour mettre en place à deux une progression ténébreuse, le pianiste et le contrebassiste exaltent le morceau avant le retour du ténor, qui jette autant d’aigus qu’il insistera, pour conclure, sur les graves.

Répétant à l’envi que la « musique n’est pas, toute, basée sur la mélodie », Jordan pousse le vice jusqu’à hacher ses interventions, multipliant les phrases courtes avant de s’emballer sur Dream Palace, autre demi-heure soutenue au rythme changeant selon les envies de Fielder (passant du swing au mode latin, de l’accent précis à l’arythmie définitive).

En guise de final, Ole Miss Lovesong impose un développement fluctuant au gré du tracé des pizzicatos de Parker, qui combine les phases de nonchalance roublardes à quelques accès de fièvre inspirée. Et annonce une suite indispensable, élaborée en compagnie des mêmes: du Live at the Tampere Jazz Happening 2000 (avec Futterman et Fielder) au récent Palm of Soul (avec William Parker).

CD: 01/ Decateur Street 02/ Dream Palace 03/ Ole Miss Lovesong

Kidd Jordan Quartet - New Orleans Festival Suite - 2002 - Silkheart. Distribution Orkhêstra International.



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