Daniel Levin: Some Trees (Hat Hut - 2006)
Déjà partenaire de musiciens tels que Joe McPhee, Rob Brown, Sabir Mateen ou William Parker, le jeune violoncelliste Daniel Levin – qui œuvre aussi bien en faveur des musiques classique, contemporaine et klezmer - donne pour la deuxième fois (après Don’t Go It Alone) sa vision personnelle du jazz.
Toujours en quartette, Levin se montre capable d’excellence, sur Zolowski – où il soigne ses élans sur un gimmick de contrebasse de Joe Morris – et Some Trees – composition allongée et lente, sur laquelle le violoncelle et la trompette de Nate Wooley rivalisent d’inventivité.
Au nombre des reprises : Out To Lunch de Dolphy, qu’It’s For You avait évoqué plus tôt (aidé par le vibraphone de Matt Moran), dans une interprétation exaltée virant à la valse dingue ; et celles, respectueuses, de Wickets de Steve Lacy et Morning Song d’Ornette Coleman. Enfin, deux titres moins convaincants : Wild Palms, d’essence ressassée, et Sitting On His Hands, déconstruction contemporaine précise mais monotone.
Voilà sans doute pourquoi Some Trees n’obtiendra que les encouragements, capable de convaincre 2 fois tout à fait, décevant 2 fois aussi, et convenable partout ailleurs. Mais à 32 ans, Daniel Levin a presque tout le temps de rectifier le tir. Poussé, en plus, par un jeu singulier.
CD: 01/ It’s For You 02/ Out To Lunch 03/ Some Trees 04/ Sitting On his Hands 05/ Zolowski 06/ Wild Palms 07/ Wickets 08/ Morning Song
Daniel Levin Quartet - Some Trees - 2006 - Hat Hut. Distribution Harmonia Mundi.
Rob Brown: Radiant Pools (Rogue Art - 2005)
Saxophoniste entendu récemment auprès de William Parker sur l’excellent Sound Unity, Rob Brown démontre sur Radiant Pools qu’il est aussi capable de revêtir l’habit du leader.
Une fois la mélodie disposée à l’unisson, l’alto de Brown et le trombone de Steve Swell se cherchent sur des rythmiques appuyées ou vacillantes. Sur l’intervention frénétique de la contrebasse - derrière laquelle on a relégué le guitariste Joe Morris -, les entrelacs mélodiques bousculent au mieux les mini passages rendus à quatre (Boxed Set). Déployant plusieurs fois un free jubilatoire (Radiant Pools, Swarm Village), il arrive au quartette de suivre quelques chemins de traverse pour atteindre un swing convaincant (King Cobra).
Réconcilier, même, ces perspectives éloignées, sur Out of the Lurch, morceau à multiples facettes sur lequel Luther Gray finit par instaurer un désordre amusé. Au gré de touches plus légères, le batteur suit aussi les volutes fines d’improvisations décidées : Semantics-1, où le charme du laisser-aller opère sans détour ; Semantics-2, moins pertinent, peut être à cause d’un Rob Brown moins habile à la flûte.
Sans doute cette dernière remarque pâtit-elle de la comparaison avec le jeu d’alto de Brown, exceptionnel d’un bout à l’autre, et cause d’un seul désagrément, qui relativise l’intérêt du changement d’instrument. L’erreur étant humaine et le détail petit, pas de quoi ébranler l’impeccable jazz défendu sur Radiant Pools.
CD: 01/ Boxed Set 02/ Semantics-1 03/ Out of the Lurch 04/ Radiant Pools 05/ King Cobra 06/ Semantics-2 07/ Swarm Village
Rob Brown - Radiant Pools - 2005 - Rogue Art. Distribution Orkhêstra International.