Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Karl Berger : Gently Unfamiliar (Tzadik, 2014)

karl berger gently unfamiliar

Prenant place dans une même errance, les sept mouvements de Gently Unfamiliar (suite logique de Strangely Familiar) pourraient engendrer ennui et épuisement d’écoute. Le talent et l’à-propos de Karl Berger, Joe Fonda et Harvey Sorgen tiennent  précisément à ne pas dévier de l’idée originelle et, bien plus encore, à nourrir cet espace ouvert d’un suspense-suspension mûrement réfléchi puis intensément consenti. Parfois, de petits soubresauts placés ici et là, pour mieux démontrer leur futilité, opèrent de momentanés virages. Mais chassez le naturel et le calme reviendra très vite au bercail.

De la souplesse de Karl Berger, on écrira peu de choses sinon qu’il évite brillamment litanie et déambulation gratuite pour s’emparer d’une sensuelle et continuelle épure. De Joe Fonda, on retiendra une discrétion à la limite de l'effacement, inhabituel chez lui. D'Harvey Sorgen, on appréciera la science infinie du jeu de balais, un des plus inventifs et surprenants du moment. Soit une errance jamais tarie, toujours recommencée.

Karl Berger : Gently Unfamiliar (Tzadik / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2014. Edition : 2014.
CD : 01/ Movement 1 02/ Movement 2 03/ Movement 3 04/ Movement 4 05/ Movement 5 06/ Movement 6 07/ Movement 7
Luc Bouquet © Le son du grisli



The Nu Band : Live in Paris (NoBusiness, 2010)

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Pour emblème quelques croissants, Live in Paris consigne un concert donné par The Nu Band à Paris (Atelier Tampon Ramier) en octobre 2007.

Avec mesure, le quartette retourne à son credo : musique hantée par un free jazz antédiluvien entre une danse de Saint-Guy à la vigueur incontestable (Somewhere Over the Seine) et un air que l'on invente sur place et puis répète jusqu'à faire avouer à qui l'entendra qu'il a quelque chose d'inoubliable (Avanti Galoppi). Déjà persuasifs – même lorsqu'ils pêchent par trop de légèreté (première partie de Bolero française) –, Roy Campbell (trompettes, bugle, flûte), Mark Whitecage (saxophone alto, clarinette), Joe Fonda (contrebasse) et Lou Grassi (batterie), réinventent les codes d'un jazz d'emportements alertes et impeccable de cohésion.


The Nu Band, The Angle of Repose (extrait). Courtesy of NoBusiness.

The Nu Band : Live in Paris (NoBusiness / Instant Jazz)
Enregistrement : 15 octobre 2007. Edition : 2010.
CD : 01/ Somewhere Over the Seine 02/ Bolero française 03/ Avanti Galoppi 04/ The Angle of Repose
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


FAB Trio : Live in Amsterdam (Porter, 2009)

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Certes, il s’agit ici de jazz, de thèmes et d’improvisation, de solistes et de solos. Certes, certes. Mais parce que cette musique est signée Joe Fonda, Barry Altschul et Billy Bang, on dresse l’oreille avec curiosité. Parce qu’on sait qu’avec eux, c’est encore possible. Parce qu’avec eux, le sens du mot collectif n’est pas formule mais nécessité. Et ce qui arrive ici, en ce soir du 16 avril 2008 au Bimhuis d’Amsteram, est bien trop précieux pour qu’on le passe sous silence.

Ce soir, le son est brut de fonte, l’ambiance est électrique. D’emblée, ils improvisent sans filet, ne lâchent rien. C’est limpide et héroïque. Ils s’écoutent, scrutent et sont à l’affût de toute nouvelle proposition. Celle-ci était une fausse piste. Les voici doutant puis, très vite, ils retrouvent le chemin des intensités initiales (Fabmusic Opening). Ailleurs, ils espacent la mélodie (Go East), abandonnent le violoniste en un soliloque anguleux avant de s’en repartir improviser de concert. Musique en perpétuel mouvement, flamboyante, tempétueuse, animée d’une fougue singulière (Spirits Entering), elle ne tombe jamais dans la facilité ou la redite et se construit dans un immédiat toujours partagé. Oui, quelque chose circule magnifiquement entre eux. En atteste ce disque et un second (A Night in Paris / Marge), enregistré trois jours plus tard au Sunset et tout aussi passionnant que celui-ci. S’ils passent près de chez vous, ne les ratez surtout pas !


FAB Trio, Fab Music Continuation (extrait). Courtesy of Porter Records.

Fab Trio : Live in Amsterdam (Porter / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2008. Edition : 2009.
CD : 01/ Fabmusic Opening 02/ Go East-Da Bang 03/ Fabmusic Continuation-Spirits Entering
Luc Bouquet © Le son du grisli

Joe Fonda déjà sur grisli
Lower East Side Blues (Porter - 2009)
Trio (Not Two - 2007)
The Dope and The Ghost (Not Two - 2007)
Circle The Path (Drip Audio - 2007)
Duets 1995 (Clean Feed - 2007)
Loaded Basses (CIMP - 2006)

Billy Bang déjà sur grisli
Big M (Delmark - 2006)


The Nu Band: Lower East Side Blues (Porter Records - 2009)

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Depuis 2003, The Nu Band composait sur l’instant avec les inspirations de Roy Campbell (trompette), Mark Whitecage (saxophone alto, clarinette), Joe Fonda (contrebasse) et Lou Grassi (batterie), une musique allant et venant entre vocabulaire bop et permissions free.

Sur Lower East Side Blues, la même chose : bop affirmé du morceau-titre (en hommage à Charlie Parker), composition à la goguenardise mise à mal par la nonchalance de la contrebasse, ou swing persifleur de The Last of The Beboppers ; et puis, développements plus intenses d’In a Whitecage / The Path et d’Heavenly Ascending, susceptibles de dériver à tout moment vers des plages d’improvisation exaltée. Ailleurs, une impression d’Afrique sur laquelle Whitecage et Campbell s’adonnent à la paraphrase, et l’indomptable Connecticut Solution, sur lequel Fonda passe d’un gimmick irrésistible à quelques phrases glissantes auxquelles ses partenaires ne peuvent résister. Avec cet ouvrage d’opulence, The Nu Band comble donc les attentes qui avaient suivi l’écoute de The Dope and The Ghost.

CD: 01/ Lower Eastside Blues 02/ In a Whitecage / The Path 03/ Connecticut Solution 04/ The Last of The Beboppers 05/ Heavenly Ascending 06/ Aventi Galoppi 07/ Like Sonny >>> The Nu Band - Lower East Side Blues - 2009 - Porter Records. Distribution Orkhêstra International.

The Nu Band déjà sur grisli
The Dope and The Ghost (Not Two - 2007)


Anthony Braxton: (Yoshi’s) 1997 Vol. 4 (Leo Records - 2007)

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Cinq soirées passées au Yoshi’s d’Oakland en 1997 permirent à Anthony Braxton de développer son concept de Ghost Trance Music. Sur ce quatrième volume de la rétrospective publiée par Leo Records : deux compositions au programme, évocations de transes amérindiennes sur Composition N°213 et Composition N°214, rendues à la tête d’un ensemble de neuf musiciens – section rythmique assurée par Joe Fonda et Kevin Norton.

Ici, la progression instable, souvent précipitée, des instruments à vent ralentis soudain par la guitare à contre-emploi d’O’Neil, les cacophonies minuscules déposées sur résonances, et les entrelacs spécieux évoquant une version revue et étirée du Hat and Beard de Dolphy. Morceau que l’on pourrait aussi bien retrouver là : Composition N°214 aux graves imposants, portant aux nues le trio flûte / alto / guitare avant le retour implacable d’un duo assuré : contrebasse et clarinette basse. Inspirés et insistants, Braxton et son groupe, sur cet autre souvenir d’un passage mémorable au Yoshi’s.

CD1: 01/ Composition N°213 - CD2 : 01/ Composition N°214

Anthony Braxton Ninetet - (Yoshi’s) 1997, Vol.4 - 2007 - Leo Records. Distribution Orkhêstra International.



The Nu Band: The Dope and The Ghost (Not Two - 2007)

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A Vienne, en 2005, The Nu Band – comprenez : Roy Campbell (trompette), Mark Whitecage (saxophone alto, clarinette), Joe Fonda (contrebasse) et Lou Grassi (batterie) – donnait une actualité à la revendication chère à Charles Mingus : celle distribuée partout dans le monde lorsqu’elle concerne, en premier lieu, les Etats-Unis.

Nouveaux Faubus, George Bush et Donald Rumsfeld en prennent donc pour leur grade au son de Bush Wacked, pièce polyrythmique qui amasse les manières de faire (swing, bop, free) et les paroles assassines (celles de Whitecage) pour enjoliver un peu l’efficacité des coups portés. Plus lentement, monte ensuite Where Has My Father Gone, sur lequel l’alto emporte tout, avant que ne vienne le tour de The Dope and The Ghost, invitation au voyage moins convaincante, fourre-tout qu’un unisson presque oriental transformera en bazar. Qui contraste, aussi, avec l’emportement altier – et donc réconciliateur – de Next Step, composition de Joe Fonda rendue en compagnie du saxophoniste invité Marco Eneidi, qui clôt l’heure de concert sur un mode jubilatoire.

CD: 01/ Bush Wacked 02/ Where Has My Father Gone 03/ The Dope and The Ghost 04/ Next Step

The Nu Band - The Dope and The Ghost - 2007 - Not Two Records.


The Fonda/Stevens Group : Trio (Not Two, 2007)

fondastevensgrisliEnsemble à la physionomie changeante, The Fonda / Stevens group se faisait trio, en avril 2006, sur la scène de l’Alchemia de Cracovie.

Aux côtés du batteur Harvey Sorgen, le contrebassiste et le pianiste se partagent les titres d’un répertoire piquant, qui commande autant de déconstructions audacieuses que d’exercices de style parfaitement maîtrisés (swing incertain de The Search, orientalisme de Soon to Know, essai impressionniste de The Path).

Bien sûr, il arrive à Michael Jefry Stevens de trop en faire au piano, mais le trio parvient le plus souvent à mettre la main sur une entente rare, d’où partira l’imprécation folle de From The Source ou l’étrange danse qu’est Break Song. Et Joe Fonda, comme à son habitude, de rayonner d’un bout à l’autre d’un concert de plus. 

CD: 01/ Soon to Know 02/ The Search 03/ Andrea 04/ From the Source 05/ The Path 06/ Break Song

The Fonda / Stevens Group - Trio - 2007 - Not Two.


Anthony Braxton, Joe Fonda : Duets I 1995 (Clean Feed, 2007)

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Disque sorti à l'origine sur Konnex Records, Duets reparaît aujourd'hui sur le label Clean Feed pour donner à réentendre Anthony Braxton dialoguer avec un autre improvisateur de taille: le contrebassiste Joe Fonda.

Mesurant d'abord leurs attaques sur All of You de Cole Porter, Braxton et Fonda investissent ensuite des compositions sophistiquées sur lesquelles alto puis clarinette basse rebondissent sur les constructions à étages de la contrebasse (Relentlessness), Braxton évoque Paul Desmond (Autumn in New York) ou Eric Dolphy (Out of the Cage) quand Fonda déploie un savoir-faire d'envergure, enfonçant encore un peu plus la polyrythmie du discours (Composition 136) ou déposant sous archet grave un partenaire qui papillonne (Composition 168 + 147).

Avec une efficacité qui tient, pour les deux hommes, de l'évidence, Duets I 1995 confirme la maîtrise d'Anthony Braxton et redit l'importance d'un Joe Fonda souvent mésestimé.

Anthony Braxton, Joe Fonda : Duets I 1995 (Clean Feed / Orkhêstra International).
Enregistrement : 1995. Réédition : 2007.
CD : 01/ All of You 02/ Relentlessness 03/ Out of the Cage 04/ Something from the Pas 05/ Composition 168 + 147 06/ Composition 136 07/ Composition 173 08/ Autumn in New York
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


ZMF Trio: Circle the Path (Drip Audio - 2007)

zmfAprès avoir fait connaissance au Festival International de Jazz de Vancouver, le violon(cell)iste Jesse Zubot et le contrebassiste Joe Fonda décidèrent d’improviser, un jour, ensemble, et en compagnie d’un troisième homme, accessoirement percussionniste: Jean Martin.

Exposé sous sigle, le trio signe avec Circle The Path un premier album fait de 10 morceaux élaborés sur l’instant, dont les noms parlent d’eux-mêmes (Low, Dark & Slow, combinant les écarts de langage des deux archets ; Roll, pièce plus expérimentale où le violon survole le gimmick de contrebasse pour enfin gagner en profondeur sous les coups inspirés de Martin), ou pas (Slow Blues, faux ami dérivant plutôt au son d’une danse de la pluie fantasmant la rencontre de John Lurie et d’India Cooke).

Ailleurs, les musiciens construisent une musique inquiète et anguleuse, fière de réussir à réconcilier des emportements irrépressibles (Next Step) et le recours à une folk inédite (Circle) enrichie par la pratique magistrale de Joe Fonda, d’abord ; de Jesse Zubot et Jean Martin, ensuite.

                                                                                                          ZMF Trio, Wild Horse (extrait). Courtesy of Drip Audio & ZMF Trio.

CD: 01/ Low, Dark & Slow 02/ Circle 03/ Slow Blues 04/ #135 05/ Next Step 06/ The Path 07/ Mishap 08/ Wild Horse 09/ Roll 10/ Low, Dark & Slow (Reprise)

ZMF Trio - Circle the Path - 2007. Drip Audio.


Joe Fonda : Loaded Basses (CIMP, 2006)

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Distribuant quelques accrocs à sa discrétion au gré des sorties régulières d’albums presque à chaque fois impeccables, le contrebassiste Joe Fonda dresse en 2006 une stèle imposante aux graves : Loaded Basses.

Auprès du saxophone baryton de Claire Daly, du tuba de Joe Daley, de la clarinette basse de Gebhard Ullman et du basson de Michael Rabinowitz, enfin, porté par la science percussive de Gerry Hemingway, Fonda tire d’un gimmick soutenu une composition sourcilleuse mais charmante, qui fait aussi bien avec l’unisson des notes allongées des instruments à vent qu’avec les digressions individuelles – tenant d’un free mesuré ou d’un apaisement nécessaire prôné par le basson (Bottoms Out/Gone Too Soon).

Emporté ensuite dans une ronde jouant des contretemps et des prédispositions au solo de chacun des musiciens (Breakdown), le sextette profite pleinement des possibilités graves de ses instruments sur Rocks In My Head : lentes, rampantes, les phrases investissent un sillon d’où Daley voudra s’extraire, pour emmener bientôt ses partenaires sur la voie d’une ballade soul et lâche, dans laquelle on instille des périodes de flottement. Pour conclure, le duo Fonda / Hemingway lance une marche fantasque, prétexte pour l’ensemble à feindre l’épuisement, avant de servir un swing rageur. Et de conclure dans un chaos allègre ce concert donné en 2005 au Spirit Room de New York, et cette nouvelle preuve offerte sur disque du don du Bottom's Out de Joe Fonda.

Joe Fonda's Bottoms Out : Loaded Basses (CIMP)
Enregistrement : 2006. Edition : 2006.
CD :
01/ Bottoms Out/Gone Too Soon 02/ Breakdown 03/ Rocks In My Head 04/ Brown Bagging It
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



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