Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Leif Elggren, Joachim Nordwall : Prepresence (Confront, 2015)

leif elggren joachim nordwall prepresence

On imagine Joachim Nordwall bien occupé : le catalogue iDEAL Recordings (Wolf Eyes, Merzbow, Anla Courtis…) à augmenter, des disques à enregistrer et des concerts à donner, et puis cet iDEAL festival à organiser. A Göteborg, le plus souvent, mais aussi à Stockholm. C’est là qu’a été attrapé, en 2011, ce concert de vingt minutes qu’il donna avec Leif Elggren.

Après s’être fait entendre face contre face (The Holy Cross Between Our Antlers), Elggren et Nordwall travaillaient donc ensemble à une musique d’un caractère ombreux – c’est le point qu’ont en commun leurs deux discographies. Sur la boîte de métal, l’autocollant noir ne fait pas mention des instruments employés par les deux hommes. On imagine une guitare électrique et un peu d’électronique.

C’est un drone parasite qui oscille, crépite, sature un peu : c’est, surtout, un tableau de massacre qui montre un homme découper une guitare à l’aide d’une tronçonneuse pendant qu’un second l’attend dans un étrange véhicule qui tourne. S’il n’est pas non plus indispensable à la discographie d’Elggren ni à celle de Nordwall, Prepesence est un document qui s’écoute avec facilité et, dans le noir, repose presque.

Leif Elggren, Joachim Nordwall : Prepresence (Confront)
Enregistrement : 28 février 2011. Edition : 2015.
CDR : 01/ Prepresence
Guillaume Belhomme © Le son du grisli 



Mika Vainio, Joachim Nordwall : Monstrance (Touch, 2013)

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Vieille branche de la musique électronique, qu’elle soit ou non drapée de beats, Mika Vainio joint ses forces obscures au Suédois Joachim Nordwall (le fondateur du label iDEAL Recordings), pour un disque en tous points vibrant. Telle une connexion frappadingue où Einstürzende Neubauten jammerait – osons le mot – aux côtés de SunnO))) dans un squat berlinois à douze mètres du mur, les deux Scandinaves font hurler les guitares et l’électronique, qu’est-ce que ça envoie du bois, ou plutôt de l’acier trempé.

Toutefois, Vainio (pour rappel, moitié de Pan Sonic) et Nordwall ne se contentent pas de jouer à qui sera le plus bruyant et/ou strident. Passés les – très – impressionnants deux premiers morceaux, un calme dès plus trompeurs s’installe, comme un écho de combinat est-allemand désaffecté (think Jason Kahn vs Gilles Aubry) et la suite des sept tracks explose à la moulinette toute allusion à la monotonie. Au-delà des mots, je vous laisse le plaisir sensoriel de la découverte, vous risquez d’en ressortir tout ouf.

Mika Vainio, Joachim Nordwall : Monstrance (Touch / Metamkine)
Edition : 2013.
CD : 01/ Alloy Ceremony 02/ Live At The Chrome Cathedral 03/ Midas In Reverse 04/ Irkutsk 05/ Praseodymium 06/ Promethium 07/ In The Sheltering Sanctus Of Minerals
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli


Fire!, Oren Ambarchi : In Your Mouth - A Hand / Fire! Orchestra : Exit! (Rune Grammofon, 2012/2013)

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L’amateur de crochets et d'anicroches trouvera là son compte : In the Mouth – A Hand est ce récit de coups portés par Fire! à un invité de marque : Oren Ambarchi.

Alors que la rencontre du trio et de Jim O’Rourke (Released! / Unreleased?) avait accouché de ballades expérimentales, mornes mais néanmoins inventives, In the Mouth – A Hand joue de basses et de rythmes soutenus qui enjoignent Gustafsson et Ambarchi à faire respectivement œuvre de cris rentrés et de cordes envisagées au poing – parfois le coup est maladroit, la gesticulation manque son but, alors le moulinet tourne à vide et l’exercice tient de l’entraînement longuet. Mais dans son ensemble, le disque se montre digne d’intérêt : faite de nœuds inextricables, la musique qu’il délivre trouve dans son endurance même la raison de son entêtement.

Fire!, Oren Ambarchi : In the Mouth – A Hand (Rune Grammofon)
Enregistrement : 28 octobre 2011. Edition : 2012.
CD : 01/ A Man Who Might Have Been Screaming 02/ And The Stories Will Flood Your Satisfaction (With Terror) 03/ He Wants To Sleep In A Dream (He Keeps In His Head) 04/ Possibly She Was One, Or Had Been One Before (Brew Dog)
Guillaume Belhomme © Le son du grisli 2013

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Au son de compositions de Gustafsson, Berthling et Werllin et sur des paroles d’Arnold de Boer, Fire! s’est fait grand orchestre. Enregistré le 13 janvier 2012, une trentaine de musiciens (dont Magnus Broo, Per-Ake Holmlander, David Stackenäs, Sten Sandell, Joel Grip ou Raymond Strid) s’y bousculaient de concert. Déclamant, Mariam Wallentin, Emil Swanangen et Sofia Jernberg, mènent la formation de ronde affolée en berceuse inquiète et de free folk en post-rock prog, obtiennent grâce après supplique : Fire!, stay with me.

Fire! Orchestra : Exit! (Rune Grammofon)
Enregistrement :13 janvier 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ Exit! Part One 02/ Exit! Part Two
Guillaume Belhomme © Le son du grisli 2013


ENOUGH!!! (Monotype, 2013)

enough!!!

Mais que trouve-t-on derrière ces trois points d’exclamation ?... Très bien... Ce n’est pas un, non ce n’est pas deux, mais bien trois dark-bruitistes ambianceurs qui vont vous faire mettre genou à terre, j’ai nommés : CM von Hausswolff, Jason Lescalleet et Joachim Nordwall.

Inutile de donner un titre à la chose enregistrée (le 20 décembre 2011 à l’Issue Project Room), les trois musiciens ont trop à faire. Ils nourrissent par exemple des aigus pour qu’ils persistent, concoctent des mini phases rythmiques, mettent le dernier tour d’écrou à un monstre de métal qui prend tout l’espace de la salle des machines… Soudain, la machine se met à léviter, elle se grippe et crache des bruits concrets. Mais l’expérience d’Hausswolff, Lescalleet et Nordwall fait que tout rentre dans l’ordre. Et même si, individuellement, les bidouilleurs se sont montrés plus efficaces (à mon sens : Mater Transfer pour le premier, The Pilgrim pour le deuxième et Soul Music pour le dernier), j’ai pris mes airs de bonimenteur pour vous convaincre qu’ENOUGH!!! vaut quand même farouchement le coup.

écoute le son du grisliENOUGH!!!
(extrait)

ENOUGH!!! : - (Monotype)
Enregistrement : 20 décembre 2011. Edition : 2013.
CD : 01/ -
Pierre Cécile © Le son du grisli


Leif Elggren, Joachim Nordwall : The Holy Cross Between Our Antlers (Firework Edition / iDEAL, 2009)

leif elggren joachim nordwall the holy cross between our anters

Si trois ans séparent l’enregistrement des deux pièces de ce trente-trois tours – Leif Elggren sur la première face, Joachim Nordwall sur la seconde –, il semblerait que l’une ne puisse aller sans l’autre, d’autant qu’elles forment depuis 2009 l’étrange diptyque dont The Holy Cross Between Our Antlers est le nom.

Sous l’autorité du Baron de Münchhausen, les deux hommes ont en effet signé un pacte qui rapproche enfin deux façons de penser la création sonore : anciens discours gonflés de larsens et bruits concrets qu’Elggren met au service d’un pacifisme apocalyptique ; drones nourris mais aussi déformés sans cesse par lesquels Nordwall anesthésiera l’auditeur sonné. Complémentaire, donc.

Leif Elggren, Joachim Nordwall : The Holy Cross Between Our Antlers (Firework Edition / iDEAL)
Enregistrement : A/ 2005 B/ 2008. Edition : 2009.
LP : A/ Leif Elggren : The Upper Corridor and the Lower (Oh God It’s Too Early!) – B/ Joachim Nordwall : I Am The Shadow in Every Unspoken Curse
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


The Idealist : I Am The Fire (Nosordo, 2006)

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Premier enregistrement de The Idealist – en vérité Joachim Nordwall  –, I Am The Fire explique en six phases les tenants et les aboutissants d’un dérapage vers le Nord d’une musique atmosphérique et bruitiste.

Amateur de drones chargés, Nordwall combine des oscillations changeantes et des nappes denses d’éléments rêches, passant au tamis des influences allant de My Bloody Valentine à Fennesz (The Knives Are My Eyes), quitte, parfois, à les exposer trop longuement (To Make Exact Copy Of Every Mistake Ever Made).

Mais lorsqu’il agrémente son propos de touches qui, à défaut d’être originales, sont élaborées singulièrement – grésillements, effets de masses et fulgurances échappées du jeu auquel il s’adonne derrière un pod -, Nordwall se sort plutôt bien de l’impasse que constitue l’hommage timide aux maîtres (The Cranium).

Altérant même volontairement son propos au moyen de traitements dévastateurs : discours attaqué par le grain (The Declaaaration of Indeeependence) ou accrocs appuyant encore la lente dépression jouissive qu’est My Head Is On Fire. Sorti grandi de l’expérience et des nécessités d’un premier album, ne reste plus à The Idealist qu’à confirmer.

The Idealist : I Am the Fire (Nosordo)
Edition : 2006.

CD : 01/ The Knives Are My Eyes 02/ To Make Exact Copy Of Every Mistake Ever Made 03/ I Am Not Here 04/ The Cranium 05/ The Declaaaration of Indeeependence 06/ My Head Is On Fire
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



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