Jean-Marc Montera : What’s Up? Femmes poètes de la Beat Generation (Signature, 2013)
What’s Up, le projet que Jean-Marc Montera (qui joua by the past on s’en souvient avec Moore et/ou Ranaldo) a monté en hommage aux « femmes poètes de la Beat Generation » vaut bien une légère infidélité (textuelle je précise) à Leah Singer ! Voilà ce qu’a dû conclure Lee Ranaldo (aussi fasciné que ses partenaires de SY par la Beat Generation) qui est avec Jean-François Pauvros, Noël Akchoté et Montera himself des quatre guitaristes du projet…
Anne Waldman, ruth weiss, Janine Pommy Vega, Hettie Jones, sont les quatre poétesses choisies, retranscrites et traduites dans un livret, et « lues » (ou récitées, jouées, surjouées, rendues…) par Sophie Gontier sur des improvisations des guitaristes et de Fanny Pacoud (violon), d’Ernie Brooks (l’ancien acolyte d’Arthur Russell à la basse électrique sur le CD2) et d’Ahmad Compaore (batterie). Un post-No Wave à la Branca ? Un rock de chambre illuminé ? Une ambient poétique ? Les trois, mon géRanal ! Dissipées les premières inquiétudes (hommage à la gente f., clins d’œil aux poétesses battantes, ode aux femmes beatues…), et si la lecture prend parfois trop de place, la musique est là, qui impressionne durement !
Jean-Marc Montera : What’s Up? Femmes poètes de la Beat Generation (Signature)
Edition : 2013.
2 CD : CD1 : 01/ Drum Song 02/ Word 03/ Women in Black 04/ The Lie 05/ 2009 06/ Teddy Bears 07/ 1967 08/ Number Song 1 – CD2 : 01/ Jazz 02/ Anna Marie 03/ House Bound 04/ Two Hearts 05/ Living on Hair 06/ Train Song 07/ Sunrise Blue 08/ Number Song 2
Pierre Cécile © Le son du grisli
Rhys Chatham : Outdoor Spell (Northern Spy, 2011)
Bien heureux qui pourra dire combien de trompettes et de voix superposées l’on trouve sur le premier morceau d’Outdoor Spell… L’effet est en tout cas garanti, Rhys Chatham bricole une composition de chamane fatigué au minimalisme qui dérape (n’entend on pas comme des bruits de freinage qui cherchent à faire changer d’allure à la musique ?).
Un peu plus loin, c’est la batterie de Kevin Shea qui donne la cadence, le cajón de Beatriz Rojas ou la guitare électrique de Jean-Marc Montera qui versent avec Chatham dans le free rock, la prog' mélodique entêtante ou le râga concret (à vous d’imaginer maintenant comment peut sonner ce « râga concret »). La tête vous tourne ? Normal. Vous en redemandez encore ? Normal itou.
EN ECOUTE >>> Corn Maiden's Rite
Rhys Chatham : Outdoor Spell (Northern Spy / Orkhêstra International)
Edition : 2011.
CD / LP : 01/ Outdoor Spell 02/ Crossing The Sword Bridge Of The Abyss 03/ Corn Maiden's Rite 04/ The Magician
Pierre Cécile © Le son du grisli
Fanny Paccoud, Jean-Marc Montera : 13 impros (GRIM, 2012)
13 impros inspirées par autant de peintures d’artistes de Marseille (de toutes époques, leurs noms donnent leurs titres aux morceaux) à Fanny Paccoud (violon, alto, doudouk, scie musicale…) et Jean-Marc Montera (guitares, synthétiseur analogique). On peut se laisser aller à la rêverie musicale ou voir dans ces œuvres (reproduites et assemblées avec le disque vinyle dans un coffre à bijoux) des partitions graphiques d’un nouveau genre puisque, vous dit-on, elles s’improvisent.
Mais au diable la méthode ! D’autant que la paire Paccoud / Montera sait se montrer efficace – notamment pour faire oublier à leurs auditeurs qu’ils sont pour l’essentiel en présence d’un violon et d’une guitare. Sur le fil elle tisse un folk souterrain, un minimalisme automate, un baroque déclinant ou une ambient fantomatique. Sans perdre son âme le violon se laisse convaincre par une guitare amatrice d’éclectisme électrique – que Montera a en partage avec Lee Ranaldo, Thurston Moore (cf. Les anges du pêché) … – et de ruptures chromatiques. Enhardie par l’expérience de son partenaire, Paccoud brise les codes et mélange les genres pour réaliser la bande-son que ne pouvait espérer Marseille 2013 (impros). La parenthèse est enchantée et enchanteresse !
Fanny Paccoud, Jean-Marc Montera : 13 impros (GRIM)
Edition : 2012.
LP : A01/ Baquié A02/ Autard A03/ Ceccarelli A04/ Puget A05/ Klemensiewicz A06/ Delbès B01/ Scoccimaro A02/ Boyer A03/ Alt A04/ Daumier A05/ Camoin A06/ Bolino
Pierre Cécile © Le son du grisli
Jean-Marc Montera, Yves Robert, Gérard Siracusa : Anna S. et autres histoires (GRIM, 2012)
Comme Raymond Boni par exemple, Jean-Marc Montera fait partie de ces guitaristes qui peuvent se fondre dans milles atmosphères. Ici, nous sommes loin de l’ambiance des disques enregistrés avec Loren Connors et Thurston Moore, avec Lee Ranaldo ou encore Mike Cooper. Ici, il improvise avec Yves Robert et Gérard Siracusa.
C’est donc une toute autre aventure, qui date de 1983 et s’est déroulée à Dunois (c’est normalement nato qui se charge de faire reparaître les disques qui y furent enregistrés). Cette fois, c’est au GRIM (ô combien cher à Montera), d’accoucher de la réédition (sur LP, noblesse oblige). Pour notre plus grand bonheur, d’ailleurs, puisque qu’on y entend le guitare-héros évoluer avec un tromboniste volant et un batteur électrique. Montera compte ses effets et sa préoccupation est moins de faire hurler sa six cordes que de créer des champs magnétiques.
Sûr que Dunois a vu ce jour-là des nuages pastels se déplacer entre ses murs. Les musiciens s’y sont cachés, y ont fait des trous ou les ont dissipés, au choix. Au final, leur jeu a anéanti tous les styles qu’on serait tentés de post-iter sur le front des musiciens : impro, rock, expé, noise, concret… Osera-t-on le terme d’ambient rock ? d’expérimentation abstraite ? d’évanescence concrète ? ou enfin, de préludes féériques qui vont pas mal à l’évocation de cette mystérieuse Anna S.
Jean-Marc Montera, Yves Robert, Gérard Siracusa : Anna S. (GRIM)
Enregistrement : 11 et 12 avril 1983. Edition : 2012.
LP : A1/ Anna S. A2/ Invitus-Invitam A3/ Partage A4/ Les métamorphoses d’une illusion A5/ Le jeune-homme’s mère A6/ Tokonoma B1/ Dan, mouvement tremblé B2/ Une certaine inclinaison B3/ Le rêve d’Antiochus B4/ Rivières
Pierre Cécile © Le son du grisli
Jean-Marc Montera, Thurston Moore, Lee Ranaldo : Les anges du pêché (Dysmusie, 2011)
Il y a longtemps que je ne cherche plus à comprendre pourquoi les guitares de Lee Ranaldo et de Thurston Moore me font un tel effet (que l’on pourrait qualifier de « bœuf »). Toujours, même lorsqu’elles tournent en rond sans avoir l’air de savoir où elles vont. Toujours, même depuis que, comme l’a fait remarquer le guitariste John Fahey au guitariste Elliott Sharp, Sonic Youth est devenu Sonic Middle Age. En accord avec Fahey, il faut bien admettre que les héros ont vieilli. Mais sont-ils fatigués pour autant ? Pour amorcer un début de commencement de réponse, il suffit de mettre sur la platine Les anges du pêché. Même si nous attribuerons en fait ce LP à Jean-Marc Montera puisqu’il y discourt tour à tour avec Moore et Ranaldo.
La première rencontre date de l’année dernière et la seconde de 1997 – c’est en fait une des chutes des sessions Connors / Moore / Montera qui ont déjà servi à Hat Noir (A Possible Dawn) et Xeric (MMMR). Dédié à l’homme qui enregistra les guitaristes, In Memory of Martin Stumpf est l’œuvre de quatre mains qui égrènent une harmonie bruitiste. Montera et Moore se renvoient des larsens, des hoquets et des accords polymorphes… L’année 1997 embrasse les allures d’une fausse époque (new-no-wave / no-new-no-wave / no-no Wave ?).
Sur l’autre face, c’est Ranaldo qui joue avec Montera. Voilà l’exemple parfait de ces guitares qui « tournent en rond » à ce point qu'elles frisent l’illustration sonore. On dirait qu’elles se jaugent avant de trancher dans le vif du sujet. Ranaldo et Montera sont des guitaristes turbulents qui tournent à la vitesse du disque et s’entrechoquent. Comme en un pogo éternel, ils évoluent et grandissent en criant que le « middle age » n’est pas le même pour tout le monde.
Jean-Marc Montera, Thurston Moore, Lee Ranaldo Les anges du pêché (Dysmusie / Souffle Continu)
Enregistrement 1997 2010. Edition 2011.
LP A Montera Ranaldo From Another Room B Montera Moore In Memory of Martin Stumpf
Pierre Cécile © Le son du grisli
AMP : s/t (El Sound, 2011)
AMP pour Akchoté / Montera / Pauvros. AMP qui donna un concert au Point du jour, un centre d’art installé à Cherbourg dans un bâtiment d’Eric Lapierre. On peut trouver ce concert d’AMP sous forme de LP (blanc ou noir) édité par El Sound, ou, de durée plus courte cependant, sous forme de CD (argent) accompagné d’un livre de photos du bâtiment, édités par Le point du jour.
Mais revenons à la musique. Le 29 août 2009, les trois guitaristes trituraient leurs médiators sur un mélange de folk et de blues improvisé. Avant que les ondes électriques ne changent tout et fassent tout vaciller. Les guitares partent en vrilles (je veux parler de vraies vrilles) et élèvent un mur de sons précontraints. Le deuxième acte de la performance, deux fois plus court (c'est-à-dire neuf minutes et demi), commence aussi calmement. Un arpège et encore un peu de folk. Mais des sifflements montent, une guitare vrombit, Akchoté, Montera et Pauvros crachent tout ce qu’il leur reste, et le reste est dense. Ils se font éruptifs et grandioses. Malgré tout, la construction de Lapierre semble avoir tenu.
AMP : s/t (El Sound / Souffle Continu)
Enregistrement : 29 août 2009. Edition : 2011.
LP : A/ B/
Pierre Cécile © Le son du grisli
Jean-François Pauvros donnera, le 31 mai en compagnie de Charles Pennequin, un concert au Générateur, Gentilly. Deux places sont offertes aux lecteurs du son du grisli : la participation à ce petit concours impliquant d’adresser ses coordonnées ici.
Nappe, Jean-Marc Montera : Improvised Sound Compositions (PlusMoins, 2009)
Une face de 33 tours et une seule. Consignées en sillons : deux improvisations de Nappe (Pierre Faure et Christian Malfray) et puis la rencontre du duo avec le guitariste Jean-Marc Montera.
D’abord, deux improvisations de tailles inégales : introduction sur laquelle Nappe confectionne une miniature d’un folk répétitif et pièce principale sur laquelle d’autres notes redites avec insistance par la guitare rivalisent de présence avec un drone et un larsen. A l’arrivée de Montera, un nouveau folklore est mis au jour, plus lointain d’apparence : Inde réinventée et fantasme pris au piège des fils électriques de Malfray. Et lorsque les guitares disparaissent, les suivent les épreuves de musiciens subtils : « Improvised Sound Compositions ».
Nappe, Jean-Marc Montera : Improvised Sound Compositions (PlusMoins / Metamkine)
Edition : 2009.
LP : A1/ Nappe : Improvised Sound Composition1 A2/ Nappe : Improvised Sound Composition 2 A3/ JM Montera / Nappe : Improvised Sound Composition
Guillaume Belhomme © Le son du grisli