Janek Schaefer : World News (REV. Laboratories, 2015)
Architecte de la musique expérimentale, ayant notamment travaillé aux côtés de Brian Eno ou Philip Jeck, Janek Schaefer jette un regard inquiet, voire pessimiste, sur World News, tout en demeurant captivant d'un bout à l'autre.
On y entend une radio qu'on imagine israélienne annoncer les infos, suivi d'un extrait de... Devandra Banhart (This World) avant que le témoignage d'une voix masculine nous transmette son insomnie effrayante, sur fond de bombardements lointains (Our World). L'homme de Walton-on-Thames nous emmène alors dans une conférence où une voix féminine sexy nous annonce la fin de l'énergie bon marché (Imagine a World), c'est d'autant plus réussi qu'en fond sonore, un drone aigu nous renvoie l'écho d'un Also Sprach Zarathustra de notre temps.D'abord apaisant, grinçant dans sa conclusion, l'ultime Another World noue le linceul sur le cercueil de notre civilisation.
Janek Schaefer : World News (REV. Laboratories)
Edition : 2015.
CD : 01/ This World 02/ Our World 03/ Imagine A World 04/ Another World
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli
Janek Schaefer : Lay-by Lullaby (12k, 2014)
Légende de l’ambient et des field recordings, Janek Schaefer déboule – enfin – sur la maison-mère du genre, l’infatigable maison new-yorkaise 12k.
Pour ceux qui ont déjà abordé l’œuvre du bonhomme, qu’il soit en solo ou aux côtés de Stephan Mathieu ou Philip Jeck, l’effet de surprise ne jouera guère, même si Lay-by Lullaby invite clairement à la méditation et se veut un exact contrepoint au furieux Asleep At The Wheel de 2010 (dont quelques échos routiers nous rappellent son essentielle présence).
Ici, tout n’est clairement que tendresse ambient avant de se laisser dorloter dans les thermes (quitte à roupiller dix minutes) et de siroter un cocktail de fruits frais dans un fauteuil en rotin. C’est bien sûr cliché mais dans la vie, ça fait aussi un rude bien de compter sur des valeurs sures.
Janek Schaefer : Lay-by Lullaby (12k)
Edition : 2014
CD : 1/ Radio 101 FM 2/ Radio 102 FM 3/ Radio 103 FM 4/ Radio 104 FM 5/ Radio 105 FM 6/ Radio 106 FM 7/ Radio 107 FM 8/ Radio 108 FM 9/ Radio 109 FM 10/ Radio 110 FM 11/ Radio 111 FM 12/ Radio 112 FM
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli
Charlemagne Palestine, Janek Schaefer : Day of the Demons (Desire Path, 2012)
On rêve toujours que deux poésies n’en fassent qu’une, et même une plus grande, quand une rencontre telle que celle-ci est annoncée. Or l’alchimie ne coule pas de source. Charlemagne Palestine et Janek Schaefer ont eu beau placer leur collaboration sous l’égide d’une divinité indienne...
Ni rigoureux (école Pandit Pran Nath) ni inventif (école Terry Riley), le râga qu'ils entament se contente d'un drone (shruti box et harmonica) qu’agrémentent des vocalises à la manière de Wim Mertens. C’est tout, aurait-on envie de dire tellement il manque de ressort à l’exercice. Sur l’autre face du LP, le duo adopte un ton plus expérimental mais marie à la va-vite des field recordings (des paroles surtout), un mélodica et des carillons. Pas de colonne vertébrale, simplement des éléments sonores en surimpression. C’est tout, aurait-on encore envie de dire avant de confirmer : l’alchimie ne coule pas de source, il faut continuer à la rêver.
EN ECOUTE >>> Day of the Demons (Mix)
Charlemagne Palestine, Janek Schaefer : Day of the Demons (Desire Path)
Edition : 2012.
LP : A/ Raga de l’aprés midi pour Aude B/ Fables from a far away future
Héctor Cabrero © Le son du grisli
Janek Schaefer: Alone at Last (SIRR - 2008)
Trentenaire au destin animé par le collage électroacoustique, Janek Schaefer se sera fait entendre aux côtés de musiciens inspirants (Charlemagne Palestine, Robert Hampson, Stephan Mathieu ou Philip Jeck) avant de clamer bas mais fort Alone at Last.
Là, il assemble des pièces élaborées le long de dix années, qui temporisent en diplomates leur échange au son de field recordings (pluie, grincements ou pas dans l’escalier) et de nappes atmosphériques et oscillantes. Quelques voix, avant que Schaefer projette une série d’arpèges de guitare, notes abandonnées bientôt à leurs résonances.
Partout invoquée sur Alone at Last : une ambient lente et expressionniste s’empare de qui l’écoute, lui fait croire entendre quelques morceaux de vérité avant de disparaître et de laisser l’auditeur à ses doutes. Le propos est noir, mais pas récalcitrant.
CD: 01/ Alone at Last 02/ Come On Up… 03/ Scarlett Arrives 04/ Vasulka Vauban’s ’’A Day in the Good Life ’’ 05/ End of Hope & Glory 06/ All Bombing is Terrorism 07/ Boulevard périphérique 08/ Ever Ending Story >>> Janek Schaefer - Alone at Last - 2008 - SIRR.