Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Angel : 26000 (Editions Mego, 2011)

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A la base, le calcul est simple bien qu’aguichant, Ilpo Väisänen de Pan Sonic + Dirk Dresselhaus de Schneider TM = Angel. Très vite, et fichtre qu’on aime ça, l’addition devient carrément baveuse à la lecture des trois renforts que sont la magnifique violoncelliste Hildur Gudnadottir, le pape ambient BJ Nilsen et le guitariste tripatouilleur Oren Ambarchi. L'affiche est sexy, au sens mystique d’une musique que traversent les forces contradictoires – ou pas – de Oneohtrix Point Never vs Earth vs Throbbing Gristle.

Censées représenter les derniers temps d’un cycle étalé sur 26000 années, d’où son titre, le disque débute par un immense morceau de bravoure noise – encore que la simplicité du qualificatif ne rende guère hommage à la violence contenue qu’il dégage. Echafaudé sur les glissandi de Gudnadottir, déclinés en de multiples torrents où l’orage le dispute à la tempête, Before the Rush et ses 13’45 impliquent une haute revendication bouillonnante aux airs de champ de bataille après la mort. Un temps de musique quasi-concrète plus tard, mais telle qu’elle serait revue et corrigée par Z’ev et Daniel Lopatin en nouveaux membres d’Einstürzende Neubauten (In), le quintet germano-scandinavo-australien décide de nous emmener dans les entrailles de la terre, direction les égouts sous la ville où le moindre pas fait écho de longues secondes ( Dark Matter Leak). On y fait d’étonnantes rencontres – à un tel point qu’on se prend à entendre un OVNI perdu à jamais en les sous-sols putréfiés d’une civilisation imbibée de sa propre décadence (la nôtre ?). Présents tout au long de l’œuvre, les boules de verre et autres objets métalliques tiennent sur Out le haut du pavé, bien qu’on les ait déjà appréciés en meilleurs termes, notamment chez Figueras, Toop et Burwell (mais c’était il y a bien longtemps). En sortie de piste, un long bourdonnement – very – hypnotique étend sa masse lunaire, tel une toile d’araignée lentement tissée autour de nos cervelets mis à rude – mais fascinante – épreuve vingt-six mille années durant.

EN ECOUTE >>> 26000

Angel : 26000 (Editions Mego / Metamkine)
Edition : 2011.
CD/LP : 01/ Before The Rush 02/ In 03/ Dark Matter Leak 04/ Out 05/ Paradigm Shit
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli



BJ Nilsen : The Invisible City (Touch, 2010)

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La ville invisible de BJ Nilsen, c’est Berlin. Ou plutôt : la ville que BJ Nilsen a rendu invisible, c’est Berlin. Ou encore… Ou arrêtons-là. Saluons quand même l’audace du Suédois Nilsen. C’est en effet Berlin qu’il cherche à rendre invisible. Pas Paris ! En d’autres termes : Nilsen refuse de donner dans la facilité.

En 2008 et 2009 à Berlin (donc), c’est avec la violoniste Hildur Gudnadottir que Nilsen réfléchissait à ses épreuves d’un urbanisme sonore original. Modifié, le son du violon s’entend avec les orgues, les guitares et les field recordings chers à Nilsen. Méconnaissables, tous ces éléments débordent ensuite des plans dessinés et l’architecture bizarre qui se met en place ne craint pas d’accueillir des aréopages de fantômes ou des armadas d’objets volants. La musique atmosphérique n’a jamais été aussi dé-concrétisée et, en conséquence, aussi surprenante.

BJ Nilsen : The Invisible City (Touch / Metamkine)
Enregistrement : 2008-2009. Edition : 2010.
CD : 01-03/ The Invisible City
Pierre Cécile © Le son du grisli


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