Hannes Lingens : Four Pieces for Quintet (Insub, 2013)
On avait à peine entendu l’accordéoniste Hannes Lingens sous la direction d’Antoine Beuger (Tschirtner Tunings For Twelve) que le voilà déjà à la tête d’un quintette : à ses côtés, sur quatre pièces de cinq minutes à télécharger, trouver Johnny Chang (Violon), Koen Nutters et Derek Shirley (contrebasses) et Michael Thieke (clarinette).
On classera d’un revers d’oreille ces quatre épreuves dans la catégorie Wandelweiser, même si un archet ou une note tenue se charge souvent d’éloigner tout silence de la composition en train de se jouer. On soupçonnera aussi les blocs colorés de leurs partitions de chercher à percer les mystères du Titanic de Bryars. Mais si ces quatre pièces s’entendent sans déplaisir, l’équilibre entre composition et improvisation qui les a commandées est encore précaire… Candide, pour ne pas dire « vert », s’il faut choisir une couleur entre toutes.
Hannes Lingens : Four Pieces for Quintet (Insub)
Enregistrement : 28 avril 2013. Edition : 2013.
Téléchargement : 01-04/ Four Pieces for Quintet
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Philip Corner : Lifework: A Unity (Umlaut, 2014)
C’est dans un geste à la Fluxus que le label Umlaut édite la deuxième partie d’une intégrale Philip Corner par l’Ensemble Hodos (Lifework: A Unity) sans avoir édité la première. Corner est déjà trentenaire quand il écrit ces quatre pièces qui inaugurent ses travaux de partitions graphiques et ses happenings encadrés par des notes manuscrites.
L’indétermination est alors presque maladive chez lui, en tout cas... obsessionnelle. C’est pourquoi les percutantes « pulse polyphonies » de Crash Actions (Antonin Gerbal et Roméo Monteiro aux percussions) et les pointillés de In Intimacy - pulsation (Fidel Fourneyron au trombone et Joris Rühl à la clarinette), écrites toutes deux en 1963, ont un souffle commun mais une respiration différente. En regard, on visitera ‘Punkt (1961), un château imaginaire, pointilliste, crénelé sur toute sa circonférence, que Corner a peut être construit pour se défendre des assauts de la critique (dans le livret, il reporte des qualificatifs qu’elle lui réservât : « sculpteur sonore », « organisateur de chaos », « simple d’esprit », « jeune homme détraqué », etc.). Enfin, pour Compare with ‘’Exquisittely Sloppy’’ Om, c’est l’histoire de l’exploration d’une note et d’une seule qui commence. Nous sommes alors en 1975.
Le prochain volume de Lifework: A Unity reprendra peut-être à cette date, peut-être pas. Mais il est fort à parier qu’il s’intéressera aux œuvres de jeunesse de Philip Corner, puisque toutes les œuvres du compositeur sont des œuvres de jeunesse.
Philip Corner, Ensemble Hodos : Lifework: A Unity. 2. The World (Graphic Innovations & Indeterminacy) 1960-75 (Umlaut)
Enregistrement : 16-17 mai 2013. Edition : 2014.
CD : 01/ Crash Actions 02/ ‘Punkt 03/ Compare With ‘’Exuisitely Sloppy’’ Om 04/ An Intimacy - pulsation
Héctor Cabrero © Le son du grisli