John Butcher Group : Somethingtobesaid (Weight of Wax, 2009)
Commande passée à John Butcher par le festival de musique contemporaine d’Huddersfield (et enregistrée là l’année dernière), Somethingtobesaid est une pièce découpée en neuf mouvements qui trahit les obsessions électroacoustiques de son auteur.
Pour évoluer lentement au gré des gestes d’un groupe de huit musiciens concentrés : Butcher, donc, aux saxophones, et puis Chris Burn (piano), Clare Cooper (harpe), dieb 13 (turntables), John Edwards (contrebasse), Thomas Lehn (synthétiseur), Adam Linson (électronique) et Gino Robair (percussions). Par phases grandiloquentes ou discrètes, Somethingtobesaid amasse mouvements de cordes fuyantes et combinaisons de notes affolées, répond ici aux obligations d’une emphase fulgurante pour s’abandonner ailleurs au murmure d’expressions timides. En qualité de commandeur, intervient de rares fois une voix préenregistrée, décisionnaire des impulsions indispensables à donner à la musique à flot de ce qui devait être dit.
John Butcher : Somethingtobesaid (Weight of Wax / Improjazz)
CD : 01-09/ Somethingtobesaid
Enregistrement : 2008. Edition : 2009.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Anthony Braxton: Nine Compositions (Rastascan - 2007)
Fin 2003, Anthony Braxton dirigeait neuf de ses compositions en différentes compagnies : du trio à l'ensemble de treize musiciens.
S'il n'offre pas d'images en mouvement (mais, sur écran, le nom de la composition et le détail de la formation à l'interpréter), le DVD permet d'exposer près de sept heures de musique : preuves encore récentes des travaux de Braxton, compositions graduelles ou réinvention du cirque musical de John Cage (détail relevé d'ailleurs dans les notes de pochette que signe Myles Boisen) sur la marche fantasque qu'est la Composition No. 190, ghost trance music de la Composition No. 322 ou musique de chambre dérangée qui requiert (Braxton en trio avec le percussionniste Gino Robair et le guitariste John Shiurba) ou non (Composition No. 75 s'amusant de l'essoufflement de ses interprètes) la présence du compositeur. Dont Nine Compositions est le plus convaincant des récents enregistrements.
DVD: 01/ Composition No. 328 02/ Composition No. 72h 03/ Composition No. 74e 04/ Composition No.23e 05/ Composition No. 190 06/ Composition No. 75 07/ Composition No. 292 08/ Composition No. 322 09/ Composition No. 327 >>> Anthony Braxton - Nine Compositions (DVD) 2003 - 2007 - Rastascan. Distribution Orkhêstra International.
Jon Raskin: Quartet (Rastascan - 2008)
Echappé de Rova – groupe d’improvisateurs pas toujours inspiré –, le saxophoniste Jon Raskin menait en 2005 de plus franches improvisations en quartette.
Auprès de Liz Allbee (trompette et percussions), George Cremaschi (contrebasse et matériel électronique) et Gino Robair (batterie et claviers), Raskin commande une musique électroacoustique abstraite, jouant des limites sonores des instruments ou profitant d’un dialogue fantasque qui motive chacun des intervenants. Au final, fait alterner déconstructions inquiètes et morceaux jubilatoires nés des préceptes de l’école de Chicago, et ce, toujours à propos.
CD: 01/ Cracked Earth 02/ Sound Barometer Reading 1 03/ African Tulip 04/ Swing Sing 05/ Kandinsky 06/ Sound Barometer Reading 2 07/ Postcard 2 08/ Ceilometer Reading 09/ Postcard 1 10/ Bleckner 11/ Disdrometer Reading 12/ Qupe >>> Jon Raskin - Quartet - 2008 - Rastascan Records. Distribution Orkhêstra International.
Gail Brand : Supermodel Supermodel (Emanem, 2006)
Invitée par le percussionniste américain Gino Robair à venir improviser de l’autre côté de l’Atlantique, la tromboniste anglaise Gail Brand dresse sur Supermodel Supermodel un abrégé d’improvisation expérimentale à la fois savante et efficace.
Prenant le dessus sur ses partenaires dès Naomi Naomi, l’invitée profite des avantageuses libertés que lui offre le quartette emmené par Robair. Intensément, elle se glisse parmi les passages d’électronique angoissée de Tim Perkis (Twiggy Twiggy) ou lutte contre les éléments divers, entassés là pour la contrarier (Iman, Iman).
S’il lui arrive de faire référence à quelques figures incontournables du genre – Brand rappelant Paul Rutherford ici (Elle Elle), Robair, Louis Moholo ailleurs (Claudia Claudia) -, la musique improvisée s’empare naturellement d’autres manières pour fleurir son propos : electronica expérimentale (déferlantes sifflantes de Perkis sur Cindy Cindy), bruitisme (rendu surtout par la guitare de John Shiurba sur Kate Kate) et excentricités contemporaines (la contrebasse préparée de Matthew Sperry, sur Christy Christy, notamment).
Voilà sans doute où réside le charme de Supermodel Supermodel, disque capable de faire naviguer une improvisation parfois rabâchée entre les deux eaux clairvoyantes d’une électroacoustique noble (Linda Linda). D’une modernité rare, parce que véritable.
Gail Brand : Supermodel Supermodel (Emanem / Orkhêstra International)
Edition : 2006. CD : 01/ Naomi Naomi 02/ Christy Christy 03/ Christie Christie 04/ Twiggy Twiggy 05/ Tyra Tyra 06/ Stephanie Stephanie 07/ Cindy Cindy 08/ Iman Iman 09/ Kate Kate 10/ Kathy Kathy 11/ Elle Elle 12/ Linda Linda 13/ Claudia Claudia
Guillaume Belhomme © Le son du grisli