Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Switters: The Anabaptist Loop (Improvvisatore Involontario - 2005)

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L’improvisation permet souvent de résoudre le dilemme des références à ménager. Naturellement, leur diversité s’engouffre dans un discours brut, qui tire bientôt parti des contrastes et des combinaisons heureuses. Celles - en ce qui concerne le trio italien Switters - d’un jazz ouvert, d’un rock énergique et d’une soul chaleureuse.

Hommage aux postures instituées par John Zorn ou John Lurie, The Anabaptist Loop impose avec nonchalance la défense d’une musique guidée par les envies : swings chancelant ou décalé (Theory Of Conspiracy, Cary Grant), drum’n’bass allégée (Domino, Q), rock acharné (Theory Of Conspiracy II) ou virant au free (New Middle Age Walking), folklore réincarné (Switters).

Ici ou là, quelques expérimentations : Gianni Gebbia jaugeant les capacités et limites de son saxophone (Langley) ; le bassiste Vincenzo Vasi se soumettant à des prescriptions de bain de bouche à la manière de Phil Minton (Confession) ; Francesco Cusa menant une pièce bruitiste et répétitive qui sacrifie à l’énergie ses bonnes résolutions de ne pas céder à la violence (Santa Inquisizione).

Car la première force de Switters est sa fougue. Repérable partout, adroitement canalisée (Salvatore Pagano) ou laissant échapper une ou deux fautes de goût (Carafa), menant le trio jusqu’à des fulgurances imparables (Serov). Jusqu’à présenter, au final, un brouillon charmant et inextricable de permissions stylistiques flamboyantes.

CD: 01/ Theory Of Conspiracy 02/ Cary Grant 03/ Switters 04/ Domino 05/ Langley 06/ Q 07/ Serov 08/ Confession I 09/ Mustang Sally Blues 10/ Bar Aurora 11/ New Middle Age Walking 12/ Carafa 13/ Santa Inquisizione 14/ The Anabaptist Loop 15/ Salvatore Pagano 16/ Theory Of Conspiracy II 17/ Ballata Delle Multinazionali

Switters - The Anabaptist Loop - 2005 - Improvvisatore Involontario. Import.



Gianni Gebbia: Zen Widow (Evander - 2003)

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Adepte du jeu improvisé - qu’il a aussi bien investi aux côtés de Peter Kowald que de Lee Ranaldo -, le saxophoniste italien Gianni Gebbia enregistra en avril 2003 un disque particulier. Aux côtés de Matthew Goodheart (pianiste à l’intérêt partagé entre jazz et musique contemporaine) et de Garth Powell (sorte de savant fou dédié aux percussions) a été construit Zen Widow, patchwork fait de 17 propositions déroutantes.

L’improvisation en trio y est envisagée de différentes manières : privilégiant d’abord la brièveté du discours, avant d’interroger l’intérêt possible de la durée allouée à l’intuition. Sans concessions, les fulgurances prônent le minimalisme brut : claques distribuées par Powell (And I Want You To Know) contre jusqu’auboutisme des virulences offertes par Gebbia (Doha). Plus loin sur le disque, les pièces courtes accepteront l’entendement d’un swing goguenard (It Was Meant To Inspire And Languish) avant de perdre la raison, quand les clusters de Goodheart répondront aux instruments de plastique du percussionniste (In the Old Familiar Places).

Aptes à régler leurs interventions selon le diapason d’une improvisation déjantée et agréable, il arrive parfois aux musiciens de se perdre un peu : sur quelque haut plateau exotique abusant de l’usage des gongs (Folk Song) ou lorsqu’un désir de légitimité sérieuse les assaille, notamment sur le glacial et réverbéré Zen Widow. Mais le tourment feint du morceau donnant son titre à l’entier album ne doit cependant pas effacer les pièces de choix que l’on trouve partout ailleurs.

Dépassant la minute pour obtenir 5 à 8 fois plus d’espace, les improvisations que sont Ancora una Volta un Viaggio con Virgilio (l’embarcation de Dante poussée par les vents contraires et les entrelaces du piano et du saxophone), Mistaken Poetry (où une approche classique du domaine règle son compte à l’harmonie avec le concours des perturbations rauques déposées par Gebbia), ou What We Just Couldn’t See (sur lequel Goodheart gaspille ses gestes – devant, derrière, ou sous le piano - tout en économisant ses sons) font irrémédiablement pencher la balance. Déstabilisée, étrangère à la règle, celle-ci croule sous le poids de Zen Widow, amas compact de chocs frondeurs et d’impacts dus au hasard.

CD: 01/ Doha 02/ Truncated Sky, String of Beads 03/ And I Want You To Know 04/ I’d Go Back if I Could 05/ Impermanence 06/ What We Just Couldn’t See 07/ Over Me – Over You 08/ Folk Song 09/ Ancora una Volta un Viaggio con Virgilio 10/ It Was Meant to Aspire and Languish 11/ Un Sogno che sta Sbiandendosi Lentamente 12/ In the Old Familiar Places 13/ Uvaach 14/ Iti 15/ Ripenso e Mi Rende Meravigliarsi 16/ Zen Widow 17/ Mistaken Poetry

Gianni Gebbia - Zen Widow - 2003 - Evander Music. Import.


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