Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Frédéric Nogray, Yannick Dauby : Panotii Auricularis (UniversInternational, 2015)

frédéric nogray yannick dauby panotii auricularis

Je crains l’oiseau (et le fuis comme la peste) mais ces oiseaux-là, des oiseaux internationaux indeed (France, Taïwan, Honduras) qui conversent avec un synthé modulaire et, je cite, un « filtre analogique bouclé sur lui-même », ont de la gueule et même peut-être… de l’esprit !

Plus qu’une simple juxtaposition de sons naturels et de sons de synthèse, Panotii Auricularis ménage trois scènes (bien différentes les unes des autres) qui mixent des chants et des danses sur un mouvement expérimental que Frédéric Nogray et Yannick Dauby ont inventé ensemble.

Comme dans un jeu de cache-cache, les oiseaux et l’électronique se fuient puis fondent les uns sur les autres jusqu’à ce que, sur le troisième mouvement, le filtre se pose sur une grande volière secouée par les rythmes et ce qui semble être un… banjo augmenté. Incrédule ? Alors fondez sur Panotii Auricularis, publié sous le pavillon de Pali Meursault, UniversInternational.

Frédéric Nogray, Yannick Dauby : Panotii Auricularis (UniversInternational / Metamkine)
Edition : 2015.
CD : 01-03/ Panotii Auricularis
Pierre Cécile © Le son du grisli



Frédéric Nogray : Buiti Binafin (3Leaves, 2012)

frédéric nogray buiti binafin

Pour ce projet de field recordings de la maison 3Leaves, Frédéric Nogray a pris place dans la barque de Dante, à moins que ce ne soit sur un bateau, au Honduras. « Déambulation à la lisière du monde », est-il écrit sur le disque. Je ne connais pas le Honduras mais je sais  maintenant ce que peuvent remuer en nous les souvenirs des autres.

Ma déambulation à moi importe, à la lisière de l'intime. Une pluie drue et c'est l'orage et le tonnerre derrière, un orage plus violent que celui sous lequel je t'ai un jour couru après. Le son a quelque chose à voir, ce son de rideau de fer qui tombe, derrière lequel tu as disparue. Il a fallu que je m'en retourne, 180 degrés et le soleil est revenu : on aurait dit les oiseaux samplés qui m'annonçaient que j'allais tout oublier.

Difficile, en effet, de s'accrocher à une pluie battante, de croire qu'un bruit peut faire un bon souvenir ou qu'un son peut être une dédicace qu'on vous adresse. Ces grenouilles, amphibiens, insectes agressifs, m'atteignent-ils ? Ils ne parviennent en tout cas pas à me parler de leur existence et d'une autre réalité que la mienne. Par contre, ils trouvent en moi des chemins tortueux où ils font leurs couches. Au fond de notre mémoire, on trouve parfois des souvenirs morts à côté de bruits du bout du monde où l'on n'est jamais allé.

EN ECOUTE >>> Buiti Binafin (extrait)

Frédéric Nogray : Buiti Binafin (3Leaves)
Edition : 2012.
CD : Buiti Binafin
Héctor Cabrero © Le son du grisli


Fant^ms : Roomtones (MMLI, 2020)

FANTMS ROOMTONES LE SON DU GRISLI 2020

Au « phantoms » anglais, déjà privé de « ph », l’accent circonflexe français a été ajouté, qui lui aspira le « o ». C’est le premier résultat de l’addition – le 12 décembre 2017 à l’occasion d’une résidence d’une dizaine de jours au QO-2 à Bruxelles – de trois éléments : Lee Patterson (ressorts, moteurs et réactions chimiques), Frédéric Nogray (Bols chantants et objets) et Pali Meursault (tubes fluorescents, radio et électronique).

L’association datait déjà de trois ans, elle ne s’improvisa donc pas au moment de penser la première référence de sa discographie. Ainsi, les huit pièces du vinyle composent avec les intérêts et les intentions que l’on connaît à chacun des trois musiciens. La poésie qu’ils trouvent ensemble sur terrain – qu’ils, étrangement, transforment afin de la mettre au jour puis en valeur – chante de différentes manières : un sifflement épousant là la rotondité d’une cavité résonante, un souffle faisant tourner ici un plateau au diamètre sans cesse changeant, un rythme naissant ailleurs de la répétition de chocs ou de frottements.

A ces airs de fabuloserie moderne animée autant par le caprice que par la réflexion, le CD ajoute autre chose encore. Meursault y réarrange en deux temps le duo Patterson / Nogray enregistré un peu plus tard en son absence. Plus qu’une réappropriation de l’expérience, c’est là une « visitation » : des rumeurs ramenées du terrain par ses camarades, Meursault fabrique une musique d’atmosphère qui oscille puis vrombit. L’expérience bruxelloise n’est presque plus qu’un lointain souvenir (celui que le vinyle concrétise) dont le CD garde la trace avec ce qu’il faut d’imprécision pour le réinventer. Une expérience défaite de ses présences, mais une expérience encore. 

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Fant^ms : Roomtones
MMLI
Enregistrement : 2017. Edition : 2020.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Frédéric Nogray : Vaccabons et Malfactours (Kaon, 2013)

frédéric nogray maccabons et malfactours

Le voyage compte dans l’art sonore de Frédéric Nogray et le voyage, pour lui, c’est l’exploration. Or aujourd’hui, ce n’est pas lui qui voyage, mais Cédric Peyronnet, qui a collecté des quatre années durant aux alentours de la rivière Taurion dans le Limousin pour les mettre à disposition de musiciens différents. C’est dans la série « La rivière » du label Kaon, que ces compositions sont peu à peu publiées.

Après les relectures de Robert Curgenven, Artificial Memory Trace ou D’incise, Nogray présente Vaccabons et Malfactours. Il se sert de ces bruits d’insectes, de ces chants d’oiseaux, de l'écoulement de la rivière, de cette chute d’eau… dans une veine naturaliste tout en augmentant leur réalité. Suite à un plongeon, il retourne le lit de la rivière, sort une tête et écoute encore, plonge à nouveau… Tout ça, de la nuit qui finit à la nuit qui débute : c’est dire l’intensité de ces vingt petites minutes !

écoute le son du grisliFrédéric Nogray
Vaccabons et Malfactours (extrait)

Frédéric Nogray : Vaccabons et Malfactours (Kaon / Metamkine)
Edition : 2013.
Mini CD : 01/ Vaccabons et Malfactours
Pierre Cécile © Le son du grisli


The Imaginary Soundscapes : A Way Out by Knowing Smile (Ruptured, 2011)

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Deux musiciens collaborant pour la première fois – ici, sous le nom de The Imaginary Soundscapes, Frédéric Nogray et Stéphane Rives – peuvent attendre pour en démontrer. C’est ce que disent les première secondes de Low, pièce qui compose avec High cet A Way Out by Knowing Smile.

Des secondes qui n’en démontrent pas, donc, et ne font pas plus preuve d’originalité. Mais dont l’hésitation saura disparaître à l’allumage d’une musique électronique accidentée : des courbes d’expressions diverses s’y rencontrent et se renversent sur l’endurance d’un drone ; des parasites grouillent sur restes de particules sonores et souvenirs d’improvisations en public ou de répétitions. L’apparition de longues notes découpées de saxophone marque d’ailleurs le tournant du projet, qui gagne en force et en profondeur. Dans le sillon désormais tracé, Nogray et Rives n’ont plus qu’à distribuer des aigus persistants pour conclure sous alarme leur premier et vaillant échange. 

The Imaginary Soundscapes : A Way Out by Knowing Smile (Ruptured)
Enregistrement : 2010-2011. Edition : 2011.
CD : 01/ Low 02/ High
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Frédéric Nogray: Nelki (Prele - 2008)

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Sous-titré « musique pour bols chantants en cristal », Nelki donne à entendre Frédéric Nogray (jadis partenaire d’Otomo Yoshihide ou Peter Kowald) interroger les possibilités sonores de l’usage inattendu de creusets en cristal de roche utilisés d’ordinaire, nous dit la présentation de l’ouvrage, par l’industrie du silicium.

Industrie et silicium, noms qui peinent à révéler le chant singulier qu’a pu soutirer Nogray à ses curieux instruments : ondes prolongées par l’architecture verticale d’églises normandes dans lesquelles elles furent enregistrées ; oscillations superposées pourfendeuses d’angles pour tout sacrifier à l’édification de drones obnubilés par l’ellipse. Excavations persévérantes et résistance des matériaux, qui finissent par mettre au jour une musique atmosphérique et fondamentale.


Frédéric Nogray Nelki (extrait). Courtesy of Prele.

CD: 01-04/ Nelki >>> Frédéric Nogray - Nelki - 2008 - Prele.



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