Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Christian Wallumrød Ensemble : Outstairs (ECM, 2013)

christian wallumrod outstairs

Je dois avouer avoir par le passé beaucoup (beaucoup) écouté les disques ECM. Des noms ? Pour quoi faire, donner le change ? Bien... je donne Stephan Micus, Egberto Gismonti, Collin Walcott… Mais c'était un autre temps, presque une autre vie. Aujourd'hui, de temps à autre, Christian Wallumrød (avec cet Ensemble ou avec Dans les arbres) et occasionnellement Evan Parker me ramènent à ECM…

Avec le pianiste, il y a cette certitude de trouver un minimalisme qui pousse à l’ombre de la folk et une musique qui s'interdit les arpeggios des autres employés de la clinique ECM. Il y a une atmosphère interdite au classicisme et à la perfection, ce qui ne l’empêche pas d’être précieuse de temps à autre et parfois facile, même. Dans le sillage de Penderecki ou d’Arvo Pärt, mais avec une incertitude qui n'étaient pas de leur monde, Wallumrød construit une église de bric et de broc, sans bon dieu et prête à accueillir tous les cœurs sombres. Sombres mais heureux car, comme moi, ils s’étaient un jour débarrassé de la coulpe d’ECM et avaient fui sa maison.

Christian Wallumrød Ensemble : Outstairs (ECM / Universal)
Enregistrement : mai 2013. Edition : 2013.
CD : 01/ Stille Rock 02/ Bunandsbangla 03/ Tridili #2 04/ Very Slow 05/ Startic 06/ Beatknit 07/ Folkskiss 08/ Third Try 09/ Ornament 10/ Outstairs 11/ Exp
Héctor Cabrero © Le son du grisli



Ingar Zach, Frédéric Blondy, Eivind Lønning, Espen Reinertsen : Paris, 30 mai 2014

ingar zach frédéric blondy streifenjunko église saint-merry

Carré magique : à Saint-Merry, le taulier et pianiste (in- et outside) Fred Blondy avait déjà invité Ingar Zach à jouer (avec Xavier Charles) dans le cadre de l'excellent festival automnal Crack. Le percussionniste norvégien revient cette fois avec Streifenjunko, duo soufflant composé de ses  jeunes compatriotes Eivind Lønning (trompette) et Espen Reinertsen (saxophone ténor). Deux jours de résidence ont suffi à ce quatuor pour trouver ses marques, les inscrire dans le temps et l'espace d'un concert, et prendre son envol.
 
Une première pièce s'organise autour des sons d'allure spectrale que tirent Blondy et Zach des cordes graves du piano et du corps de la grosse caisse. Lønning et Reinersten, séparés par Zach,  insinuent leurs boucles dans ce tissu. Lorsque Blondy s'assoit au clavier, les canvas feldmaniens de Why Patterns? ne sont pas loin.
 
Après la pause, changement de registre. Carré fou : sous la baguette de Zach, place à l'éclatement, aux interjections, aux clusters et aux frappes sèches. Aucune dispersion cependant, aucune déperdition, tout est tenu – sauf la gestuelle de Blondy, qui danse avec son piano en frappant des agrégats de silence aussi fort qu'un Jerry Lee Lewis « étendu ».
 
Cette seconde pièce, par un processus mystérieux, se transmuera en une ample ad libitum aux sonorités profondes et douces, suspendu loin au-dessus de l'abstraction, dans une espèce d'immatériel glorieux, peint en quatre dimensions : carré blanc.

Ingar Zach, Frédéric Blondy, Eivind Lønning, Espen Reinertsen, Paris, Eglise Saint-Merry, 30 mai 2014
Claude-Marin Herbert © Le son du grisli


Bridges (Machinefabriek, 2011)

bridges

Il faudra dire comme les couleurs de ces quatre faces tournent, n’en formant plus qu’une par moments. Et aussi parler des sons qu’expulsent de la surface du vinyle la rotation choisie : 33 tours par minute pour le double disque qu’est Bridges.

Les « ponts » en question sont ceux que Gerco Hiddink a photographié (photographies découpées ensuite) pour confectionner ces deux picture-discs. Auprès de ces mêmes ponts, Rutger Zuydervelt (Machinefabriek) a recueilli des field recordings auxquels réagiront enfin une sélection d’improvisateurs. Arrangés par couples, ce sont Jim Denley et Espen Reinertsen, Burkhard Beins et Jon Mueller, Mats Gustafsson et Nate WooleyErik Carlsson et Steven Hess, que ces éléments d’environnement inspirent.

Le premier duo élabore ainsi une miniature atmosphérique jouant du vent et de chants d’oiseaux et d’abeilles ; le second lève une imposante pièce rythmique ; le troisième dépose une pièce constructiviste sur quelques chocs sourds ; le dernier évolue en souterrain sujet à courants d’airs monstres. Pour finir, DJ Sniff résumera l’ensemble en une poignée de minutes à télécharger sur internet. Rien à redire.

Jim Denley, Espen Reinertsen, Burkhard Beins, Jon Mueller, Mats Gustafsson, Nate Wooley, Erik Carlsson, Steven Hess, DJ Sniff : Bridges (Machinefabriek)
Edition : 2011.
LP1 : A/ Jim Denley, Espen Reinertsen : Bergerslagbroek B/ Burkhard Beins, Jon Mueller : Netterden Channel – LP2 : A/ Mats Gustafsson, Nate Wooley : Rhine B/ Erik Carlsson, Steven Hess : Waal
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Koboku Senjû : Selektiv Hogst (Sofa Music, 2010)

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C'est encore une histoire de couleurs sorties d'une palette sombre. C'est encore une histoire de drone et d'électricité, une histoire qui vous agrippe et vous poste, de nuit, sous un réverbère et sous la pluie, quelque part : Tokyo peut-être, ou alors est-ce Göteborg ? Alors qu'on tourne la tête et qu'on se demande quoi faire, les basses du no-input mixing board de Toshimaru Nakamura entrent en vous et prennent les commandes.

Autre Japonais de l'épreuve, Tetuzi Akiyama fait lui entendre un arpège de guitare, incomplet, un accord qui ajoute un charme naïf à l'expérience, un charme naïf et caressant. La palette contient d'autres instruments : le saxophone d'Espen Reinertsen et la trompette d'Eivind Lonning, les deux membres de Streifenjunko, et le tuba de Martin Taxt. Il y a peu, la même formation si ce n'est amputée de Nakamura dessinait les atmosphères de Varianter av dode traer. Aujourd'hui, Nakamura est là pour découper les vents, écarter un accord de guitare avec un grognement et obliger les instruments à vents à se faire plus violents. C'est encore une histoire de couleurs, pour lesquelles il faut se battre parce qu'il est question de la lumière des paysages : le dernier mot ira d'ailleurs à la mélancolie mélodique, souvenir de Paris, Texas qui vous arrive alors que vous en êtes toujours là : quelque part, sous le même réverbère. A Tokyo peut-être, ou alors à Göteborg ?

Koboku Senjû : Selektiv Hogst  (Sofa Music)
Edition : 2010.
CD : 01/ Nedvekst (om å vokse nedover) 02/ Fanget under giftig bark 03/ På leting etter skygge 04/ Vintersøvn 05/ Dyr som blir spist av andre dyr 06/ Dypdrenering 07/ Alt starter med regn
Héctor Cabrero © Le son du grisli


Akiyama, Taxt, Lønning, Reinertsen: Varianter av døde trær (Sofa - 2008)

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Depuis quelques mois, le label Sofa semble repositionner son propos : jadis dévoué à une pratique improvisée abstraite (et déjà recommandable), le voici intéressé aujourd’hui par l’édification d’univers parallèles aux atmosphères chargées.

Pour donner suite au North of the North de Marc Pichelin, voici donc Varianter av døde trær, collection de vignettes sonores signées Tetuzi Akiyama (guitares), Martin Taxt (tuba), Eivind Lønning (trompette) et Espen Reinertsen (saxophone ténor et flûte) : propositions de musique d’ameublement déroutante, étrange pour être en perpétuel mouvement. Guitare défaite en avant, les instruments commandent ainsi de longs développements pour échapper aux silences lourds, s’imposent entre ceux-là puis échafaudent une élévation de notes courtes rattrapées par les drones. Lent, dérivant et bientôt installé.

CD:  01/ Tverrsnitt av fuge 02/ Poem uten tyngdekraft 03/ Tekno 04/ Tsumabiki 05/ Ti mørke innfallslodd 06/ Trommeltoner 07/ Salme på vandring 08/ Tekno 09/ Tverrsnitt av fuge 10/ Poem uten tyngdekraft 11/ Tekno 12/ Tsumabiki 13/ Ti mørke innfallslodd 14/ Ultradypt felt 15/ Tverrsnitt av fuge >>> Akiyama, Taxt, Lønning, Reinertsen - Varianter av døde trær - 2008 - Sofa Music. Distribution Metamkine.



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