Bandes expéditives : John Butcher, Steve Baczkowski, Bill Horist, Unan, Bolide, Compoundead, Blood Stereo...
Butcher, Khoury, Bryerton / Baczkowski, Sack : Split (The House of Alchemy, 2012)
Une cassette, que se partagent en plus cinq musiciens : John Butcher, Mike Khoury et Jerome Bryerton en trio et Steve Baczkowski et Bill Sack en duo. Enregistrés en 2003, les premiers font preuve de retenue et improvisent malgré cela une pièce d’une vivacité tranchée. Saxophone ténor et guitare pour le duo, qui fait silence : la face semble vierge. On soupçonne une erreur de fabrication.
Bill Horist : The Signal Index (Ultramarine, 2012)
C. Spencer Yeh, Anla Courtis, KK Null ou Chris Corsano ont un jour agacé la guitare de Bill Horist. En six pièces, celui-ci affirme qu’il peut seul déclencher quelques pièces d’un noise rare et fourni : parade de cornemuses, miniatures ambient, saturations féroces, larsens domptés et même blues investi dans les pas de Loren Connors. L’exposé est brillant.
Unan / Nikos Kyriazopoulos : Mimus / Skua (Organized Music from Thessaloniki, 2012)
Une cassette, que se partagent en plus Chris Chondropoulos (Unan) (platine et vinyls) et Nikos Kyriazopoulos (électronique). Le premier anime un champ de tensions asphyxiant qui retient prisonnière la voix bouclée d’un enfant. Le second élabore une électroacoustique sous le grand patronage de Pierre Schaeffer. Deux façons d’envisager aujourd’hui les possibilités de la musique concrète : celle d’Unan avec plus d’inventivité et surtout de mystère.
Bolide : Flaw Games (Ultramarine, 2012)
Six musiciens (dont, nous dit-on, Daniel Spencer, Tom Roberts et The Sultan) font Bolide. Leur musique rappelle celle d’autres musiciens au catalogue d’Ultramarine : Smegma et Kommisar Hjuler. Leur psychédélisme est cependant moins imaginatif et leur expérimental plus rébarbatif, voire pauvrement satisfait. Retour à Smegma et Hjuler, donc.
Compoundead : Sink (Dokuro, 2011)
On peut entendre ici de quoi retourne la musique du groupe italien Compoundead. En trois titres, ils disent sur Sink leur amour pour les drones grêleux et les motifs mélodiques enrayés. Histoire de changer, la seconde face délivre un morceau d’atmosphère post-industriel qui atteste la victoire de l’électrique sur l’acoustique. Assez convaincant pour espérer pouvoir aller entendre d’autres preuves au tirage limité de leur existence.
Blood Stereo : The Eight Thumbed Hand Serenades (Ultramarine, 2012)
Sous le nom de Blood Stereo, Dylan Nyoukis et Karen Constance bouclent leurs voix pour nourrir des drones oscillant, inventent des impressions de voyage au son d’appels de muezzins seulement imaginés, donnent enfin dans un expérimental séduisant pour avoir été fait par-dessus la jambe. A en roucouler.
Voice Studies Expéditives : Aki Onda, Maurizio Bianchi, Bryan Lewis Saunders, Z'EV, Ludo Mich, AG Davis, Sindre Bjerga...
Sindre Bjerga : Voice Studies 09 (My Dance The Skull, 2012)
Amateur de bruits en tous genres, Sindre Bjerga rassemble sur cette neuvième cassette de la série « Voice Studies » qu’édite le label My Dance The Skull deux performances, données à Moscou (en 2010) et à Stavanger (en 2011). Muni d’un micro et d’un ampli, il met au jour en dadaïste revenu du noise une série d’expérimentations que se disputent airs de fausset et grognements qui, s’ils semblent satisfaire le public, peinent à souffrir la comparaison avec d’autres de ses nombreux travaux (ses collaborations avec Robert Horton, notamment).
Sindre Bjerga
Voice Studies 09
Daniel Spicer : Voice Studies 10 (My Dance The Skull, 2012)
Chroniqueur à Wire, Daniel Spicer rend ici hommage à deux associés du Velvet Underground, Angus Maclise et Henry Flynt, au son d’une poésie musicale en face A (récitant sur les percussions d’Evie Spicer, se pose en héritier de Moondog), plus sonore en face B (faisant d’une courte phrase, « The Diamond Life », un motif capable d’accuser les assauts de sons additionnels que lui adressent Stewart Greenwood, Dylan Nyoukis, Ian Murphy, Duncan Harrison, Tom Roberts et Evie Spicer. Ainsi la tentative convainc deux fois.
Daniel Spicer
Let The Body Attend (For Angus Maclise)
Ludo Mich : Voice Studies 13 (My Dance The Skull, 2013)
Artiste estampillé Fluxus qui collaborait récemment avec le couple Hjuler/Bär, Ludo Mich joue Odysseus Insanity, c’est-à-dire un de ses cauchemars (qu’il a l’habitude de souffrir devant public), puis glisse un hommage à Raymond Roussel au creux d’une improvisation libre de Djuna Michielsen, Barney De Krijger, Maarten Tibos et Krist Torfs. Au rapport : la première performance en impose, quand la seconde se laisse écouter.
AG Davis : Voice Studies 14 (My Dance The Skull, 2013)
Autre collaborateur d’Hjuler, le poète performant qu’est AG Davis signe-là des « stances à Sophie » qui pourraient bien perturber l’intéressée davantage que la convaincre. Ayant fui les borborygmes, les renâclements et les onomatopées, le voici engageant une bataille avec sa propre inspiration. Bruyante, sa poésie plie sous l’effet de souffles terribles mais ne rompt pas : voici même qu’elle invente d’autres langues étrangères avant d’oser quelques arpèges de guitare dans un délirant exercice de persuasion sonore.
AG Davis vs 14
Sophie (Past I.)
Maurizio Bianchi : Voice Studies 15 (My Dance The Skull, 2013)
C’est en bonze ânonnant que Maurizio Bianchi se fait ici entendre sur bande, répétant une phrase sur les résonances de percussions de métal avant d’amorcer un chant inintelligible. Pas convaincu – c’est du moins ce qu’il donne à croire –, il abandonne sa tentative de nouer contact et retourne à ses percussions. Sur résonances, ses résidus parviennent sans lui à toucher amateurs d’indus frelaté et d’étrange – si ce n’est inquiétant – poésie.
Maurizio Bianchi
Voice Studies 15
Bryan Lewis Saunders, Z’EV : Voice Studies 16 (My Dance The Skull, 2013)
Parce qu’ils ont déjà plusieurs fois collaboré, ce « Me and my shadow » lancé à Z’EV par Bryan Lewis Saunders expliquerait-il (aussi) de quoi retourne leur relation ? Si rien n’est moins sûr, la cassette recèle quand même de beaux arrangements : souffles prolongés et battements de Z’EV contre susurrations d’un Saunders harcelé par le moindre fantôme à passer et à qui le percussionniste s’empresse d’insuffler la vie. La conséquence du geste sur le parleur angoissé est toujours efficiente.
Bryan Lewis Saunders, Z'EV
Me And My Shadow
Aki Onda : Voice Studies 17 (My Dance The Skull, 2013)
On sait Aki Onda voyageur, et ses Voice Studies insistent tout en nous en apprenant : où qu’il se trouve, le Japonais écoute la radio de nuit, et même, l’enregistre. Ainsi, de tous les bruits du monde à passer par les ondes, Onda fait là un bouquet sonore : conversations en espagnol ou en arabe, infiltrations, parasites et sons indéfinis, tout concourt à dévoiler des vérités que l’on raconte et quelques mystères cachés derrière. Pas seulement vocal, la poésie d’Onda est celle de toutes qui s’en remet le plus à l’autre – un autre dont il ne cesse de transformer le concret et la parole.