Radu Malfatti : Shizuka Ni Furu Ame / Radu Malfatti : Hitsudan (B-Boim, 2015 / 2016)
C’est toujours une joie d’entendre, sur le label d’un musicien que l’on apprécie, un autre musicien que l’on apprécie. C’est ici – Shizuka Ni Furu Ame, pour le titre du disque – une composition de Radu Malfatti interprétée par le guitariste Cristián Alvear, à qui elle est dédiée.
La composition – qui respire au point que de gagner sans cesse en espace – dure un peu moins d’une heure et paraît peu évolutive. Elle est pourtant faite de décalages subtils qui s’arrangent d’une note puis d’un accord en formation : soit, pour Alvear, le temps d’une ou deux cordes pincées, de trois un peu plus tard. A l’expansion (mesurée) de la composition répond bientôt un jeu de guitare lâche qui rétablit et puis profite d’un équilibre saisissant.
Que l’on retrouvera sur Hitsudan, autre composition – une première traduction parle pour Hitsudan de « correspondance écrite » – de Malfatti que le même Alvear interprète avec Dominic Lash. A tel point que ce pourrait être un autre Shizuka Ni Furu Ame mais cette fois joué à deux ; dansé, même, tant les musiciens cherchent à coordonner leurs mouvements afin d’harmoniser des forces pourtant inégales (un aigu de guitare, parfois, pour un grave de contrebasse). Peine perdue – des écarts subsistent – mais, entre les silences, Alvear et Lash tombent d’accord sur un charme en rupture. C’est d’ailleurs la marque de Radu Malfatti, cette association du charme, du silence et de la peine perdue.
Radu Malfatti, Cristián Alvear : Shizuka Ni Furu Ame
B-Boim
Enregistrement : 11 août 2015. Edition : 2016.
CD : 01/ Shizukanifuruame
Radu Malfatti, Cristián Alvear, Dominic Lash : Hitsudan
B-Boim
Edition : 2016.
CD : 01/ Hitsudan
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Jason Kahn, Patrick Farmer, Sarah Hugues, Dominic Lash : Untitled for Four (Cathnor, 2015)
Sur les cartons qui enferment ces deux disques Cathnor courent des lignes – dont les trajectoires, déjà mystérieuses, peinent à s’accorder – extraites de la partition graphique d’Untitled for Four. Avec Jason Kahn (aux synthétiseur analogique, table de mixage et radio), son compositeur, Patrick Farmer (platines CD, enceintes préparées), Sarah Hugues (cithare, piano) et Dominic Lash (contrebasse) en donnent deux lectures.
Chacune des lignes, toutes de l’épaisseur d’un cheveu, chantera selon son interprète : lui, ou elle, trouvera ici l’occasion de trembler, là celle de supposer, ailleurs encore celle de se taire – plutôt : de ne rien oser d’autre que de suivre la ligne. Du discret usinage s’élèvent des rumeurs diverses qu’un archet épais avalera bientôt. C’est en conséquence (et semble-t-il) la contrebasse qu’il faut renverser : face à son insistance, Kahn, Farmer et Hugues envisagent des pièges – discrètement d’abord, avec force ensuite (sur la seconde version de la pièce, les larsens pénètrent ainsi davantage) – que Lash accueille avec une indifférence élégante. Ses compagnons l’acceptant, Untitled for Four profite d’élégances subtilement additionnées.
Jason Kahn, Patrick Farmer, Sarah Hugues, Dominic Lash : Untitled for Four
Cathnor
Enregistrement : 2012. Edition : 2015.
2 CDR : CD1 : 01/ Untitled for Four Version 1 – CD2 : 01/ Untitled for Four Version 2
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Sebastian Lexer, Steve Noble : Muddy Ditch (Fataka,2016) / Stefan Keune, Dominic Lash, Steve Noble : Fractions (NoBusiness,2015)
Les deux pièces à trouver sur ce disque ont été enregistrées au même endroit (Café Oto) mais à deux ans et demi d’intervalle. Assez pour que le duo qui les a improvisées, Sebastian Lexer et Steve Noble, modifie son propos.
En 2011, le piano+ de Lexer est certes déjà une machine à sons contrariés, de graves qui rôdent en cordes qui tremblent, et la ponctuation de Noble assez expressive pour les mettre en valeur et même les développer. Un léger tintement, répété, peut ainsi stopper le patient polissage auquel s’adonne un Lexer qui multipliera ensuite les clusters démonstratifs. Mais ce sont les mois qui passent qui changeront véritablement la donne.
Ainsi, en 2014, l’emportement romantique qui parfois gagnait Lexer s’est effacé derrière des plaintes et des chants sortis d’une recherche plus méticuleuse. C’est le silence qui, cette fois, rôde et impose là sa mesure ; en réponse, Noble brusque sa frappe et, étrangement, la soigne dans le même temps. Voilà pourquoi Muddy Ditch est un beau document : il atteste l’évolution d’un duo d’improvisateurs affairé, certes, mais concerné encore par son sujet.
Sebastian Lexer, Steve Noble : Muddy Ditch
Fataka
Enregistrement : 25 octobre 2011 & 18 juin 2014. Edition : 2016.
CD : 01/ Pool 02/ Loess
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Un saxophone – qui pourra d’abord évoquer le ténor de John Butcher – monte tandis que, déjà, tonne un tambour (c’est encore Steve Noble). L’atmosphère passera pour « remontée » si l’archet de contrebasse (c’est Dominic Lash) ne tempère le jeu du trio. Stefan Keune (John Russell ou Paul Lytton jadis pour partenaire), lui, passe de ténor en sopranino. Son jeu est « rentré », qui rappelle aussi parfois celui de Paul Dunmall, manque peut-être de singularité, mais s’écoute néanmoins avec plaisir.
Stefan Keune, Domini Lash, Steve Noble : Fractions
NoBusiness
Enregistrement : 26 novembre 2013. Edition : 2015.
LP : A1/ Two Far A2/ Cuts A3/ A Find – B1/ Let’s Not B2/ Mélange
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Ryoko Akama, Bruno Duplant : Immobilité (Notice, 2015) / Akama, Duplant, Dominic Lash : Next to Nothing (Another Timbre, 2014)
C’est un autre duo que celui de Kahn et Olive que Notice consigne aujourd’hui sur une autre cassette : Ryoko Akama (électronique) et Bruno Duplant (orgue, électronique), qui improvisaient dans une pensée commune : « … appearing, disappearing… »
Changés en sons tenus, deux individualités s’approchent, se confondent parfois, se distancent ailleurs : L’immobilité promise (qui, en fait, n’existe pas) étant impossible sur calque. Plus surprenante, la seconde face (Même place) porte une respiration unie à un drone dont l’intensité varie. Comme le battement d’un cœur suspendu au rythme d’une machine, que Ryoko Akama et Bruno Duplant assistent avec précaution.
Ryoko Akama, Bruno Duplant : Immobilité (Notice Recordings)
Edition : 2015.
Cassette : A/ L’immobilité n’existe pas B/ Même place
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Si les quatre pièces qui forment Next to Nothing sont d’auteurs différents (Ryoko Akama, Bruno Duplant et Dominic Lash), on imagine qu’elles ont été pensées pour être jouées ensemble, l’une à la suite de l’autre. D’autres notes y disparaissent après s’y être accrochées et même avoir espéré durer sous l’effet d’une stabilité discrète ; mais sur les compositions de Ryoko Akama, les instruments cessent de jouer de fausses ressemblances : ils arrangent alors des éléments sonores disparates autrement expressifs.
Ryoko Akama, Bruno Duplant, Dominic Lash : Next to Nothing (Another Timbre)
Edition : 2014.
CD : 01/ A Field, Next to Nothink 02/ Grade Two 03/ Three Players, Not Together 04/ Grade Two Extended
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Convergence Quartet : Owl Jacket (NoBusiness, 2015)
Sur ces deux faces qui ne se répondent pas mais qui se font écho, le Convergence Quartet – Taylor Ho Bynum (cornet), Alexander Hawkins (piano), Dominic Lash (contrebasse) et Harris Eisenstadt (batterie) – balance, certes, mais éprouve aussi quelques difficultés à s’entendre sur les bons réglages.
Ici, le thème est faible et l’engagement minimal (Ghana, sur lequel plane le fantôme de Monk) ; là, le free est obligatoire et verni par le piano (Jacket) ; ailleurs, le tissage est stérile (Azalpho) et le traditionnel contrarié (Mamady Wo Murado Sa), par le piano encore. Ainsi, l’équilibre est rare, qui opère sur deux titres seulement : Coyote, dont la marche défaite doit beaucoup aux efforts d’Eisenstadt, et Owl, exercice hard bop sur lequel le cornet s’enferre avec charme. Reste maintenant au Convergence – comme à la plupart des projets d’Ho Bynum – à travailler sa constance.
Convergence Quartet : Owl Jacket (NoBusiness / Improjazz)
Enregistrement : 9 octobre 2013. Edition : 2015.
LP : A1/ Dogbe Na Wolo A2/ Jacket A3/ Coyote – B1/ Owl B2/ Azalpho B3/ Mamady Wo Murado Sa
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Seth Cooke, Dominic Lash : PACT (1000füssler, 2014)
Leurs collaborations respectives avec Sarah Hugues attestent, chez Dominic Lash (contrebasse) et Seth Cooke (électronique mais aussi effluents et traitement des déchets), un intérêt commun pour les préoccupations du Wandelweiser – le premier ayant d’ailleurs collaboré avec Antoine Beuger quand le second frayait avec Michael Pisaro. Certes, mais ensemble ?
Eh bien, différemment, sur ces deux pièces d’une dizaine de minutes consignées sur mini CD 1000 füssler. Un grésillement électronique y monte d’abord jusqu’à ce qu’un moteur grippé se mette en branle : les cordes lâches d’une contrebasse capable aussi de grincements embrassent l’inquiétude de synthèse, et voici inventé un bestiaire d’abstraction rare.
Sur la seconde plage, des râles se mesurent en rampant et leur course suit l’allure d’un archet balançant entre deux notes. Louvoyant, mais aussi plus « musical », le duo joue d’une autre manière d’autres grincements et d’autres moteurs (étouffés, ceux-là). A chaque fois, leur duo intéresse et pose la question : au son de quels – ni contrebasse, ni matériel électronique, ni déchets d’aucune sorte – instruments nouvellement inventés ?
Seth Cooke, Dominic Lash : PACT (1000füssler)
Enregistrement : mars 2014. Edition : 2014.
Mini CD-R : 01/ PA 02/ CT
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
The Convergence Quartet : Slow and Steady (NoBusiness, 2013)
Le désir de renouveler les formes, le besoin de chercher de nouvelles pistes est au centre du Convergence Quartet (Taylor Ho Bynum, Alexander Hawkins, Dominic Lash, Harris Eisenstadt). Et ainsi, chacun à tour de rôle, d’y chercher solution. Les pistes proposées ici ne font que récidiver des schémas mille fois rabâchés ailleurs. L’idée de laisser l’harmonie indemne et de diversifier les mouvements rythmiques n’est pas nouvelle et n’apporte rien de neuf. De même les accélérations et ralentissements ne surprennent plus personne.
Restent malgré tout quelques vives fulgurances : les interventions solistes d’un cornet et d’un piano, parfaitement aiguisés et gourmands d’irrévérence et l’une des compositions du contrebassiste (Oat Roe + Three by Three) qui, trouvant un centre à travers des sombres unissons, permet au pianiste de dérouler quelques volutes cinglantes. La prochaine fois, peut-être…
EN ECOUTE >>> Equals - Understand (Totem) >>> The Taf End
The Convergence Quartet : Slow and Steady (NoBusiness)
Enregistrement : 2011. Edition : 2013.
CD : 01/ Assemble - Melancholy 02/ Third Convergence 03/ Remember Raoul – Piano Part Two 04/ Equals – Understand (Totem) 05/ Oat Roe + Three by Three 06/ The Taff End 07/ Slow and Steady
Luc Bouquet © Le son du grisli
Just Not Cricket! (Ni Vu Ni Connu, 2013)
Du 6 au 8 octobre 2011 à Berlin, seize représentants de l’improvisation britannique – Just Not Cricket! – donnèrent des concerts désormais consignés sur quatre trente-trois tours. Dans leur boîte, trouver aussi le programme du festival et surtout un livret d’une vingtaine de pages d’interviews, de textes et de photos – le tout rassemblé par Antoine Prum (à qui l'on doit Sunny's Time Now).
Au son, c’est Lol Coxhill qui emporte la première face, donnant en compagnie d’Alex Ward (à la clarinette) le la prompt à l’accord (ne serait-ce que de principe) des combinaisons de musiciens – quatorze restant à nommer, voici : Tom Arthurs, Steve Beresford, Tony Bevan, Matthew Bourne, Gail Brand, Rhodri Davies, John Edwards, Shabaka Hutchings, Dominic Lash, Phil Minton, Eddie Prévost, Orphy Robinson, Mark Sanders et Trevor Watts – qui se succéderont sur la scène du HBC.
Avec Prévost, Coxhill improvise en majesté : en duo, d’abord, puis en quintette associés à Minton, Watts et Edwards sur une face entière, soit le temps pour les souffleurs, exaltés par la section rythmique, de renverser le pithiatique Minton. Plus tard, un autre quintette donnera dans l’improvisation avec autant de conviction et de réussite, dans lequel Arthurs (trompette), Hutchings (saxophone ténor et clarinette), Ward (à la guitare cette fois) et la même paire Edwards / Watts, révéleront leur goût commun pour les effets qu'a sur leur art un bruitisme déviant.
Comme l’esprit des musiciens qu’il implique, Just Not Cricket! ne s’interdit rien, même pas les grandes fatigues. Ainsi tournent deux fois en rond le piano de Beresford et la voix de Minton emmêlées, habitude du bavardage contre laquelle ni les cordes de Davies et Edwards, pourtant alertes, ni l’élégance de Prévost combinée à la fougue d’Arthurs ne pourront rien. Brand – superbe sur le bel archet de Lash dans un quartette composé aussi d’Arthurs et Ward – associée à Edwards se montrera aussi peu capable de relativiser les bizarres lourderies du pianiste. En trio avec Arthurs et Bourne, Beresford saura pourtant se faire moins encombrant, au creux de quelques minutes d’une musique de soupçons.
Après quoi la récréation d’un jazz qui garde encore en mémoire quelque accent d’ancienne liberté s’imposera dans les conversations : au son de l’association Bevan / Edwards / Hutchings / Sanders et sur l’air du trio Bourne / Watts / Sanders. De quoi clore avec force et humeur la grandiose rétrospective.
Collectif : Just Not Cricket! (Ni Vu Ni Connu)
4 LP : A1/ Duo Ward, Coxhill A2/ Duo Prévost, Coxhill B/ Quartet Sanders, Davies, Watts, Robinson C/Quintet Edwards, Prévost, Coxhill, Watts, Minton D/ Quintet Edwards, sanders, Ward, Hutchings, Arthurs E1/ Trio Hutchings, Lash, Davies E2/ Quartet Edwards, Davies, Beresford, Minton E3/ Quartet Prévost, Beresford, Arthurs, Minton F1/ Quartet Ward, Lash, Brand, Arthurs F2/ Quartet/ Trio Edwards, Beresford, Brand G1/ Quartet Edwards, Sanders, Bevan, Hutchings G2/ Trio Bevan, Lash, Edwards H1/ Trio Beresford, Bourne, Arthurs H2/ Trio Watts, Sanders, Bourne H3/ Duo Sanders, Brand
Enregistrement : 6-8 octobre 2011. Edition : 2013.
Guillaume Belhomme © le son du grisli
Antoine Beuger : S’approcher s’éloigner s’absenter (Erstwhile, 2012)
De l’attente, une note filtre, fait une boucle et puis disparaît. S’approcher s’éloigner s’absenter est une composition d’Antoine Beuger qu’interprètent ici Barry Chabala (guitare), Dominic Lash (contrebasse) et Ben Owen (électronique).
D’instants de mesure en nécessités d’entendement, de bruits permis par le silence (voitures à passer dans la rue, amplis qui ronronnent…) en tensions qui insistent – il n’est plus possible de garder celui-ci plus longtemps –, les musiciens balancent et leur trajectoire est courbe. La guitare de Chabala comme l’archet de Lash suivent le mouvement : vibrato, résonance, feedback, les éléments se chargent d’abord de l’affirmer : comme la nature aurait horreur du vide, le silence ne supporterait pas les « blancs » dans la conversation.
Les présences s’imposeront ensuite. Dans les lignes longues déposées par couches (à un aigu d’Owen un grave de Lash fera face) puis le temps d’une confrontation : y tonne l’acoustique quand l’électronique glisse dans le paysage des images empruntées à des scènes de panique (rafales, sirènes…). L’abstraction chercherait-elle à illustrer le temps qui passe dans le même temps que sa chanson ? La partition de Beuger donne les clefs qu’elle veut bien ; il faudra donc qu’on y revienne.
Antoine Beuger : S’approcher s’éloigner s’absenter (Erstwhile / Metamkine)
Enregistrement : 1er septembre 2011. Edition : 2012.
CD : 01/ S’approcher s’éloigner s’absenter
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Dominic Lash, Chris Cundy : Two Plump Daughters (Creative Sources, 2012)
L’accès est facile : pas de barrière de sécurité ni de caméra de vidéosurveillance. Jumelles, la contrebasse et la clarinette basse se surpassent à ne pas s’opposer mais, au contraire, à faire route ensemble. Dans l’espace qu’ils accaparent, Dominic Lash et Chris Cundy ne forcent jamais le trait, refusent toujours la demi-teinte. Ce sont des démineurs de grandiloquence, des ouvriers du souffle.
Dix-huit courtes improvisations ici et autant de cas de figure. Beaucoup plus en vérité. Morceaux choisis : une contrebasse qui active le pendulaire, racle, gronde. Une clarinette basse prisonnière du motif qu’elle vient de créer et qui s’en délecte avant de le disséquer avec conviction et autorité. Souvent les courbes des deux instruments se croisent, s’unissent, s’équalisent. Ici, la liberté sifflote plus qu’elle ne se clame. Une musique sans frontière ni clôture.
Dominic Lash, Chris Cundy : Two Plum Daughters (Creative Sources / Metamkine)
Enregistrement : 2011. Edition : 2012.
CD: 01/ Plaits 02/ Ginko’s Corner 03/ Gravity Leaves 04/ Enough of the Duster 05/ Fork Lift 06/ The Singing Room 07/ April Cottage 08/ Three out of Ten 09/ Two Beautiful Sisters 10/ Creeping Past 11/ Angles 12/ Tentative Tenacity 13/ Something and Nothing 14/ Lignin 15/ Without Doubt 16/ Archibald Tait 17/ Strung Along 18/ Deuce
Luc Bouquet © Le son du grisli