Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Jac Berrocal, David Fenech, Vincent Epplay : Antigravity (Blackest Ever Black, 2015)

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Berrocal / Fenech, le retour ? Yep, et sur un air de western (enfin, d’un western modifié, celui de Nanook, le premier titre de ce CD). Avec le duo, notons que ce n’est plus Tazartès mais Vincent Epplay, artiste sonore de son état et musicien touche-à-tout-ce-qui-sonne (synthés, fied recordings, accordéon, etc.).

Pas moins de 14 plages, le tout enregistré entre 2011 et 2014. Oui mais alors le tout quoi ? Parce qu’il y en a des choses, dans Antigravity… Des improvisations lugubrostères (The Overload), des chansonnettes inspirées par Brian Eno et David Byrne (Panic in Bali) ou Vince Taylor (Rock’n’Roll Station), des reprises (le Where Flamingoes Fly par Gil Evans ou la Valse des lilas, avec Anna Byskov à la voix, qui ferait une belle musique d’ambiance pour parking à agressions), du folk baltringue pour trompette bouchée (Tsouking Chant), des élucubrations expérimentales (Nanooks), une poésie d’exil hôtelier (Riga Centraal) et autres petits trucs parfois un peu fastoches (Solaris)…

Bref (ah oui, aussi un hommage à Jacques Thollot, et un beau morceau de danse psychotrope : L’essai des suintes ou le bal des futaies)… Bref, disais-je, un catalogue (référence !) d’excentricités rockobrutales dans un Diapason pour routier chantant (cheers, Sœur Sourire).

Jac Berrocal, David Fenech, Vincent Epplay : Antigravity (Blackest Ever Black)
Enregistrement : 2011-2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Nanook 02/ The Overload 03/ Panic in Bali 04/ Rock’n’Roll Station 05/ Where Flamingoes Fly 06/ Kinder Lieder 07/ Tsouking Chant 06/ Valse des lilas 09/ Nanooks 10/ Solaris 11/ Ife L’ayo 12/ Spain 13/ Riga Centraal 14/ L’essai des suintes ou le bal des futaies
Pierre Cécile © Le son du grisli



Jac Berrocal, David Fenech, Ghédalia Tazartès : Superdisque (Sub Rosa, 2012)

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Superdisque, voilà un nom tout trouvé pour la (première) collaboration de trois originaux mélangeurs de rythmes et de mélodies : Jac Berrocal à la trompette, David Fenech à la guitare électrique, et Ghédalia Tazartès au chant… Trois enfants de chœur qui s’amusent avec les structures, donnent dans la trompette cinoque, l’accordéon dégonflé, l’esbroufe vocale, le langage improvisé et l’improvisation langagière…

Ian Curtis de division d’honneur (Joy Divisé), hurluberlus qui trouveraient bien dans leurs auditeurs plus remué qu’eux, poètes usés jusqu’à la rime, folkeux qui ont tant de référence qu’à la fin ils n’en ont plus (Cochise, Quando…), urbains cherchant l’herbe sous l’asphalte, équilibristes sur fil dentaire, bois sans soif et chante sans refrain, arpenteurs de vide-greniers… Ces musiciens-serpents qui sifflent sur Superdisque sont tout ça à la fois. Et voilà maintenant que vous sifflez avec !

Jac Berrocal, David Fenech et Ghédalia Tazartès : Superdisque (Sub Rosa)
Edition : 2012.
CD/LP : 01/ Joy Divisé 02 Human Bones 03 Cochise 04 Quando 05 David's Theme 06 Ife L'Ayo 07 Porte de Bagnolet 08 J'attendrai 09 Jac's Theme 10 Powow 11 Sainte 12 Final
Pierre Cécile © Le son du grisli


Dominique Grimaud, Véronique Vilhet : Broken Saxophones (ADN, 2022)

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Certes, le son du grisli n'est plus, mais quoi ? De temps à autre, le son du zombie vous rappellera à son bon souvenir. 

Hier, dans Camizole, il modifiait le son d’un saxophone alto avec l’aide d’un synthi AKS. Aujourd’hui, Dominique Grimaud reprend l’instrument – et une clarinette basse, avec – le temps d’enregistrer quelques conversations avec Véronique Vilhet (batterie et percussions), auxquelles prennent part ici Jacky Dupéty (saxophones) et là David Fenech (guitare).

Si l’on imagine que ces Broken Saxophones datent un peu, le souffle qui les anime est revigorant : pleurage épris de redite (R.B. regarde les étoiles), discrète danse de la pluie (Cha-O-Ha), chorale miniature (Un arc en ciel dans le jardin), impression d’Afrique (Hum ! Hum ! Bunk ! Bunk !), ritournelle sortie de son axe (Rosette et Pierrot)… Derrière Îles et J’aime tout ce que fait le ciel à n’importe quel moment, Dominique Grimaud et Véronique Vilhet composent là un répertoire de poésie aussi dense que légère. [GB]

Dominique Grimaud, Véronique Vilhet : Broken Saxophones
ADN Records
Edition : 2022.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Véronique Vilhet, Dominique Grimaud : J'aime tout ce que le ciel fait à n'importe quel moment (InPolySons, 2020)

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C’est, en titre, une citation de Richard Brautigan : J’aime tout ce que fait le ciel à n’importe quel moment. Le disque, quant à lui, renferme des interprétations par Véronique Vilhet et Dominique Grimaud de chants divers et variés : « traditionnel », rengaine minimaliste, chanson française et même hymne indien.

Le disque commence par un blues – Faut pas t’en aller, conseille Vilhet a capella ou presque – et finit sur une promesse – Le temps des cerises, auquel on pourrait maintenant croire ? Sur l’un et sur l’autre, la voix diffuse sa propre poésie avec un naturel confondant : plus que Brigitte Fontaine, c’est Colette Magny, Tamia et Susana Baca confondues qu’elle évoque.

Do Your Thing, enjoint ensuite Moondog au couple de musiciens : les programmations de Grimaud enveloppent alors la voix de motifs tournants qui ici ajoutent un peu d’étrange à son jeu (Travailler c’est trop dur), là augmentent sa fantaisie effrontée (VV5 Boucles, l’une des trois chansons originales du disque), ailleurs encore l’assistent dans son patient travail d’hypnose…

C’est d'ailleurs à ces moments que Vilhet et Grimaud, déjà convaincants, passionnent le plus : au son de l’inquiétante comptine préraphaélite qu’est Metamorphoses, de l’air d’un impertinent Charlie qui joue des épaules ou de l’entêtant Vande Mataram soudain privé de frontières. Le seul reproche que l’on puisse faire au duo, c’est lorsqu’il explique : « Ce nouveau disque est basé sur la voix et le format chanson, mais toujours dans une affirmation expérimentale. »

C’est qu’Etienne Souriau, dans son Vocabulaire d’esthétique, nous avait prévenu : La chanson est une chose qui se répand et qui est faite pour se répandre. Une chanson réussie est une chanson, si l’on peut dire, contagieuse. Comme l’époque est à la contagion, pourquoi alors refuserait-on celle-ci ?

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Véronique Vilhet, Dominique Grimaud : J’aime tout ce que le ciel fait à n’importe quel moment
InPolySons
Edition : 2020.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

Image of A paraître : Le Martien de Charles Pennequin & Jean-François Pauvros


Flaming Tunes : Flaming Tunes (Life and Living, 2009)

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This Heat est l'un de mes groupes préférés de tous les temps. Seulement une poignée d'albums, tous géniaux, et le frisson assuré à chaque écoute de l'album bleu. Tout était là : un sens rythmique incomparable (on peut souvent danser sur leur musique), un sens mélodique inoui (et des voix à tomber par terre) et un travail sur le son en avance de 20 ans sur son époque.

J'avais écouté les autres disques sortis de ce vivier après la dissolution du groupe au début des années 1980 : Camberwell Now (le projet du batteur Charles Hayward) et Lifetones (le projet dub de Charles Bullen) mais je n'ai découvert que tout récemment l'existence d'une cassette post This Heat de Gareth Williams, maintenant rééditée en CD. Autant le dire tout de suite : cette réédition est un repiquage de la cassette : le son est plus low tech que low fi. Mais peu importe. Il n'y a pas eu de nettoyage dénaturant le propos... On y entend des boites à rythmes empruntées à Scritti Politi, des harmonies vocales qui évoquent This Heat, bien sûr, mais aussi souvent le groupe Tuxedomoon. Le disque a semble-t-il été composé suite au départ de Gareth Wiliams en Inde, après avoir quitté le groupe. Cet album a mis 25 ans à être réellement édité et distribué. Depuis que j'ai reçu le CD par la poste (le lendemain de mon paiement par paypal via le site myspace du groupe), je n'écoute pratiquement que ça. Magnifique !

Flaming Tunes : Flaming Tunes (Life and Living / Orkhêstra International)
Enregistrement : 1985. Edition : 2009.
CD : 01/ Another Flaming Tune 02/ Beguiling the Hours 03/ The Best Weapon 04/ A to B 05/ Breast Stroke 06/ Raindrops from Heaven 07/ Restless Mind 08/ B to A 09/ Golden Age 10/ It's Madness 11/ Generous Moon
David Fenech © Le son du grisli

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David Fenech est musicien. Polochon Battle est à ce jour son dernier enregistrement paru.


David Fenech: Polochon Battle (Inpolysons) - 2007

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Capable d’être (com)prise à des degrés divers, l’écoute de Polochon Battle en dit long sur l’illusion après laquelle court son auteur, David Fenech : qui tente d’allier le futile à l’agréable, et le sourcil froncé au sourire béat.

Pot-pourri de tentatives éclatées, le disque donne à entendre autant de naïveté compositionnelle que de comportements étranges, capables tous d’user jusqu’à la corde le moindre gimmick dans le but d’élaborer un folklore minuscule. Auprès d’une batterie d’invités et d’instruments, David Fenech maltraite donc ses comptines, relègue parfois leur fondement mélodique au profit d’une ironie grinçante, de manipulations intéressées (celles d’un message téléphonique ou de l'inspiration d'un enfant), ou de pièces plus abstraites, qui traînent leurs doutes en fin de parcours.

Minimaliste, le discours évoque quelques références – Moondog, Sakamoto, Pascal Comelade, John Lurie, Ennio Morricone –, qu’il s’amuse quand même à ranger dans le désordre. Ainsi, le badinage de Polochon Battle séduit par sa nature, véritablement insouciante, qui profite aux combinaisons de trouvailles amusées qui font l’essentiel de ses instrumentaux.


David Fenech, Cheveux dangereux. Réalisation : Benoît Guillaume. Courtesy of David Fenech et Benoît Guillaume.

CD: 01/  Jogging republicain 02/ Pingouins (w/ felix kubin) 03/ Odette (w/ stephane milochevitch, aka thousand) 04/ Spiderwoman (w/ shugo tokumaru) 05/ Theme for alix (w/ klimperei) 06/ Friday market reggae 07/ Cheveux dangereux (w/ hervé zénouda) 08/ Crying for nothing 09/ Ode to pahl 10/ Polochon Battle (w/ toog + aurélien potier) 11/ Mange du caca 12/ Akira 13/ Alaeeeygh 14/ Trespirations (w/ falter bramnk) 15/ Mr Singovki + Mala Coffee (w/ daniel palomo vinuesa)

David Fenech - Polochon Battle - 2007 - Inpolysons.



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