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Le son du grisli
daniel geoffroy
26 décembre 2014

Red Noise : Sarcelles-Lochères (Souffle Continu, 2014)

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Sous l’égide de Platon (« Jamais en effet on ne porte atteinte aux formes de la musique sans ébranler les plus grandes lois des cités ») et d’Artaud, Red NoisePatrick Vian, Jean-Claude Cenci, Daniel Geoffroy et Philip Barry – enregistrait en 1970 son unique album. Référence Futura rééditée aujourd’hui par Souffle Continu.

En « fils de » partiellement remonté, Vian a de quoi faire : un jeu de guitare (classique, électrique aussi) éprouvé et une envie d’en découdre avec les grands (musiciens comme immeubles). Fleur de pavés, Red Noise joue de tous les codes : bourgeois et canailles, zazous et existentialistes, libertaires et libérés de force. En conséquence, son Sarcelles-Lochères est fait des sons de « l’homme de l’an 2000, mi-Cro-Magnon, mi-cosmonaute » qu’appelait de ses vœux, au début des années 1960, l’éditeur – notamment du Sarcellopolis de Marc Bernard – Jean Duché.

Alors, les deux faces de Sarcelles-Lochères s’opposent. La première est faite de chansons molles comme des montres, de variations de simples gimmicks, de ritournelles potaches aux dérapages bruitistes (Cenci alors au saxophone), de pop en anglais ou de twists instrumentaux, de quarts de minutes de jazz ou de rock psychédélique rendant raison devant un cha-cha amusé ou l’apparition d’un bon mot. Les miniatures, toutes hors-catégories, se disputent impasses créatives et sursauts poétiques, et vice-versa – sous la légèreté, trouver en effet doutes et désillusions.

Théâtrale, et amusée encore, la seconde face ouvre au son de l’appel de mangeurs de flics, de militaires, de juges, de curés et de capitalistes (Petit précis d’instruction civique). Après quoi, c’est vingt minutes d’un rock progressif à la française auquel participent John Livengood à l’orgue et Austin Blue aux percussions. Pris de la tremblote du bourgeois, Red Noise se fait moins original et à propos de sa musique une question se pose : « où nous conduit-elle ? » A propos de Sarcelles, Marc Bernard répondait : « Nul n’en sait rien. (…) Elle est née d’une nécessité et il était impossible qu’elle ne fût pas ; c’est là sa justification. » La sentence vaut pour Red Noise, et justifie même la présente réédition.

Red Noise : Sarcelles-Lochères (Souffle Continu)
Enregistrement : 28 novembre 1970. Réédition : 2014.
LP : A1/ Cosmic, Toilet Ditty A2/ Caka Slow / Vertebrate Twist A3/ Obsession Sexuelle N°1 A4/ Galactic Sewer-Song A5/ Obsession Sexuelle N°2 A6/ Red Noise Live au Café des Sports A7/ Existential-Import of the Screw-Driver Eternity Twist A8/ 20 Mirrors Mozarts Composing On Tea Bag And ½ Cup Bra A9/ Red Noise en direct du Café de la Gare A10/ A la mémoire du rockeur inconnu – B1/ Petit précis d’instruction civique B2/ Sarcelles c’est l’avenir
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

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