Charles-Eric Charrier : C6 GIG (Monotype, 2013)
Qu’il soit transformé en MAN ou Oldman, qu’il collabore avec une foule d’artistes à l’intérêt conséquent (Rob Mazurek, Jérôme Paressant, Rhys Chatham), Charles-Eric Charrier déçoit rarement l’auditeur un tant soit peu curieux et exigeant. Aujourd’hui dans une version solitaire sous son vrai patronyme, l’artiste français oublie les vieux restes de blues que nous avions fichtrement goûtés en leur temps, pour se consacrer à une quasi non-musique d’un minimalisme qu’on oserait presque qualifier d’absolu.
Tout au plus, on entend au long des quarante-six minutes de l’unique plage des échos épars et isolés d’une électronique basse fréquence, de percussions fantomatiques ou de cordes graves, c’est tellement étrange qu’on se pose la question de l’instrument à plus d’une reprise. La démarche, jamais hésitante, inclut aussi un souvenir expiatoire de folk music alla jazz, mais les étiquettes n’ont aucune importance. Car, tel l’aventurier en solitaire traversant les océans sur une coque de noix à la relative solidité, l’intérêt réside dans l’expérience pour elle seule.
Charles-Eric Charrier
C6 GIG
Charles-Eric Charrier : C 6 GIG (Monotype)
Enregistrement : 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ Untitled
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli
Neil Carlill, Charles-Eric Charrier : 5 Little Elephants (Twindaisies, 2012)
Acteur à part de la scène indépendante française, on le connaît entre autres sous le pseudonyme d’Oldman, Charles-Eric Charrier n’a guère froid aux yeux quand il se lance dans l’agitation de traviole. Après un excellent Silver paru len 2011 sur la passionnante maison Experimedia, où il complotait du jazz sous ombre post-rock, mais aussi après avoir tranché les intrigues blues de son spoken word enfumé sur Oldman, le Nantais s’associe au songwriter anglais Neil Carlill, homme aux multiples collaborations du haut de ses 45 ans, tel un rappel acoustique de la très réussie rencontre entre Christophe Bailleau et Neal Williams.
Après un début qui évoque sans broncher l’œuvre bricolo de Pascal Comelade, et qui donne l’occasion de se familiariser au chant revêche de l’ex-membre de Lodger, 5 Little Elephants s’oriente dans une direction folk étonnamment foldingue – où toute ligne droite est proscrite. Autant la démarche peut surprendre, voire rebuter, dans les premiers instants, autant ses montagnes russes dadaïstes achèvent de convaincre au fil des minutes et des écoutes. A une condition toutefois, oublier toutes ses certitudes trop ancrées dans un monde sans aspérités ni angoisses.
Neil Carlill & Charles-Eric Charrier : 5 Little Elephants (Twin Daisies)
Edition : 2012.
CD / Téléchargement : 5 Little Elephants
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli 2013
Charles-Eric Charrier : Silver (Experimedia, 2011)
Les projets de Charles-Eric Charrier (Man, Oldman…) n’interdisent pas à sa vraie identité de refaire surface. Silver paraît par exemple sous son nom même si Charrier ne l’a pas enregistré seul (on entend sur le disque ses complices Ronan Benoît et Cyril Secq).
La batterie d’abord, la basse quelques secondes plus tard et enfin la batterie : Silver débute à peine mais sonne déjà. Comme un mélange de folk à cactus (on pense à Calexico, Morricone, Pit er Pat) et du grésillement d’électricités de différentes sortes. Après cela, c’est inspirés par le post-rock de Tortoise que les musiciens jouent avant de prendre en place dans une coquille de noix qui prendra des airs de vaisseau … d’argent.
La mer est menaçante. Pour la calmer les slides de guitare sont parfois trop faciles et les hammers bien décevants. Mais le malaise n’est que passager… Une berceuse à deux guitares, qui frise pourtant le folk de studio ECM (Egberto Gismonti, Stephan Micus…), recadre le trio qui s’en ira en jouant une autre fois post-rock, avec une belle efficacité. Après Man et Oldman, Charrier assure en SilverMan…
Charles-Eric Charrier : Silver (Experimedia)
Edition : 2011.
CD : 01/ 21 Echoes Short 02/ 12 From 03/ 6 I 04/ 9 Moving 05/ 9(8) Electricity
Pierre Cécile © Le son du grisli
Cornelius Cardew : Works 1960-70 (+3dB, 2010)
Des histoires de temps modifié, comme si il n'existait pas ou alors qu'il fut/est le témoignage de l'Eternité en mouvement. A coup sur en écoutant ce disque, j'aurais aimé rencontrer Monsieur Cardew et discuter avec lui... Ainsi qu’avec les trois musiciens interprétateurs/ créateurs, certainement au service de...
Le son est profond, il renvoie aux Hommes qui jouent ensemble et aussi a ceux qui veulent bien prendre le temps, encore lui, de se poser et écouter. Puis parfois des salves de notes appellent la douceur et le silence compris entre elles... Le dernier morceau me terrasse littéralement.
Cornelius Cardew : Works 1960-70 (+3dB)
Edition : 2010.
Charles-Eric Charrier © Le son du grisli
Charles-Eric Charrier est musicien. Il voit paraître ces jours-ci le disque Silver sur le label Experimedia.