Celer, Dirk Serries : Background Curtain (Zoharum, 2016)
Trois notes, il n’en faut pas plus à Celer et à Dirk Serries (Fear Falls Burning, Vidna Obmana) pour commencer une collaboration qui s’avèrera fructueuse. Du Japon du premier à la Belgique du second, les bandes ont dû faire plusieurs fois le voyage, certain !, et il est donc plutôt normal de dire de ces deux plages sont… sidérales.
La première (Above/Below) n’est d’ailleurs (en plus) pas loin d’être sidérante. Ses surplus de couches dévident des câbles de sons qui débordent du chemin des ondes et du chemin des drones. La deuxième (Below/Above) n’est pas la première qu'on aurait passée à l’envers, non. Elle s’en démarque au contraire par son côté « concret » (on peut presque y déceler les instruments qui ont servi à son interprétation : une guitare au bottleneck et un son du genre harpsichord). Moins paisible mais diantrement efficace quand même. De quoi diversifier le propos ambientique de deux maîtres du genre.
Celer, Dirk Serries : Background Curtain
Zoharum
Edition : 2016.
CD : 01/ Above/Below 02/ Below/Above
Pierre Cécile © Le son du grisli
Celer : Inside the Head of Gods (Two Acorns, 2016)
J’ai déjà été assez sévère avec Celer (Dying Star) mais j’ai aussi été moins sévère (Sky Limits). Je m’attendais donc à l’être encore moins – il faut bien que l’on progresse, non ?, musiciens comme critiques – en gavant ma platine de ce nouveau rond de polycarbonate, mais pas à ce point…
Dix petits morceaux d'orgue que Will Long (désormais seul à la tête de Celer) a enregistré pour une exposition de peintures de Taichi Kondo (peut-être que le disque passait toute la journée en mode repeat ?). Dix petits morceaux accrochés les uns aux autres qui donnent un grand tout (mais un grand tout de 24 minutes seulement) qui m’a, je dois bien le reconnaître, soufflé.
J’ignore de quel orgue jouait Long mais ses notes, que l’on suit de leur naissance à leur extinction, ont de quoi surprendre. Notre homme peut s’en tenir à une couche ou soutenir cette couche en sous-marin grâce à un grave continu, de toute façon son destin est joué et tout en haut de la courbe il faut la descendre jusqu’au trou béant. Des drones ? Oui mais interrompus par des silences. Une ambient ? Oui mais une ambient qui infuse et qui provoque des choses dans celui qui l’écoute. Au point que celui qui écoute demande pardon pour tout ce qu’il a écrit sur Celer (c’était il y a longtemps, et puis c’était de votre faute)…
Celer : Inside the Head of Gods
Two Acorns
Enregistrement : 2016. Edition : 2016.
01-10/ Inside the Head of Gods
Pierre Cécile © Le son du grisli
Celer : Sky Limits (Baskaru, 2014)
J’ai déjà été assez sévère avec Celer (Dying Star) mais je le serai moins pour ce Sky Limits sorti sur Baskaru. Moins, d’accord, mais encore ! Oui, encore, mais moins !
C’est peut-être une question de projet. En effet, s’il reste attaché à son « ambient diaphane » à base de loops de nappes de synthés, Will Long y ajoute des field recordings (de très petites choses, plus pétiques que vraiment concrètes) capturés en 2012 et 2013 au Japon. C’est donc une sorte d’invitation au voyage qu’il nous enverrait dans un digipack.
Les paysages ou les instants passés (le Shinkansen qui quitte Kyoto, le retour rue Kawaramachi) qu’il recrée avec des sons sont assez « cinématographiques », certains au volume très appuyé, d’autres étouffés au contraire. Assez proche des anciens Eno (toujours ce fichu problème d’identité), aussi, donc pas très neuf. Certes, mais quand même estimable.
Celer : Sky Limits (Baskaru)
Enregistrement : 2012-2013. Edition : 2014.
CD : 01/ Circle Routes 02/ (12.5.12) Making Tea Iver a Rocket Launch Broadcast 03/ In Plum and Magenta 04/ (12.21.12) On the Shinkansan leaving Kyoto 05/ Tangent Lines 06/ (12.20.12) Back in Kawaramachi, Kyoto 07/ Equal to Moments of Completion 08/ (4.8.13) A Morning 09/ Wishes to Prolong 10/ (4.8.13) An Evening 11/ Attempts to Make Time Pass Differently
Pierre Cécile © Le son du grisli
Sergio Sorrentino, Machinefabriek : Vignettes (Fratto9, 2013) / CMKK : Gau (Monotype, 2013)
On aurait bien vu Rutger Zuydervelt alias Machinefabriek à l’affiche du récent Stream Machines. Toutefois, au lieu de suivre le panneau Den Haag, c’est du côté de l’Italie de Sergio Sorrentino que les pas du Rotterdamois se sont dirigés pour des Vignettes nuancées et délicates (mais…).
Très présente, l’électronique du Néerlandais s’inscrit en contrepoint du jeu de guitare de l’Italien. Parfois, l’apport de ce dernier tend carrément vers la sourdine, et le travail d’orfèvre-pâtissier de Zuydervelt imprime des caractères numérisés à l’extrême – d’ailleurs, Echi Del Tempo / Echo’s van de tijd est le titre le plus réussi, because à l’opposé de cette vision étriquée.Car oui, la recette ne fonctionne que partiellement, et la compatibilité des deux protagonistes guère évidente pour qui aura laissé au clou son casque de mineur. Et pour le coup de grisou, on retournera en 2009, quand Zuydervelt s’amourachait d’Andrea Belfi (Pulses And Places).
Sergio Sorrentino, Machinefabriek : Vignettes (Fratto9 Under The Sky Records)
Edition : 2013.
CD : 1/ Prefazione / Introductie 2/ Caduta Libera / Vrije Val 3/ Trotto / Draf 4/ Buco Nero / Zwart Gat 5/ Echi Del Tempo / Echo's Van De Tijd 6/ Rettile / Slakkegang 7/ Pendolare / Forens 8/ Frammenti / Fragmenten 9/ Perdersi / Dwaling 10/ Ghirigoro / Doedel 11/ Trasformazione / Transformatie 12/ Alba / Dageraad 13/ Nebbia Fitta / Dichte Mist
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli
Insatiable, l’ami Machinefabriek, le revoici membre du trio CMKK aux cotés de Jan et Romke Kleefstra, soit trois des quatre équipiers du merveilleux projet Piiptsjilling, dont on ne vantera jamais assez l’unique Wurdskrieme. Habitués des titres en Frison, les trois compères remettent le couvert avec Gau, qui exprime une idée de vitesse et d’urgence. En prime, Jan Kleefstra lit de sa fascinante voix rauque les textes dans sa langue maternelle, soutenus de main de maître par Machinefabriek et son Jan de frangin. C’est formidablement troublant, parfois carrément trippant, on sent le vent glacé souffler de la Mer du Nord en novembre et ça donne une envie bandante d’apprendre la langue séance tenante.
CMKK
Gau (extrait)
CMKK : Gau (Monotype)
Edition : 2013.
CD : 01/ Gau
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli
Yusef Lateef, Celer, Thomas Ankersmit, Tomas Phillips, Bent Spoon Duo, Carl Ludwig Hübsch, Christoph Schiller, Stasis Duo
Yusef Lateef, Adam Rudolph : Towards the Unknown (Meta, 2010)
Towards the Unknown est la rencontre de deux multi instrumentistes (Adam Rudolph et Yusef Lateef) et aussi un hommage adressé par le premier au second. Malheureusement, Towards the Unknown est aussi un disque peu recommandable sur lequel de petits orchestres donnent sérieusement de la voix, du tambourin ou du synthétiseur. De bons sentiments évoluant en vase clos, donc : irrespirable. (gb)
Celer : Dying Star (Dragon’s Eye Recordings, 2010)
Avec Dying Star de Celer (Will Long et Danielle Baquet-Long), les codes de l’écurie Dragon’s Eye Recordings sont respectés : on est ici dans une ambient diaphane. C’est délicat et ça se contente d’une note et de ses variantes automnales. Mais, le soleil de la pochette nous aveuglant, impossible d'y reconnaître la moindre identité. (pc)
Thomas Ankersmit : Live in Utrecht (Ash International, 2010)
Il aurait fallu assister à ce Live in Utrech de Thomas Ankersmit pour savoir d’où sortaient tous ces bruits (drones, chuintements, éructations, larsens, notes de synthés et des samples pour couronner le tout). Il aurait fallu assister à ce live pour connaître aussi notre réaction face à autant d’agressions (des représailles, peut-être ?). Mais pour calmer ses ardeurs et les nôtres, Ankersmit terminait sa prestation sur un air de folk : très bizarre et très acceptable tout ça. (pc)
Tomas Phillips : Quartet for Instruments (Humming Conch, 2010)
Le titre est simple et la musique est plutôt belle. Quartet for Instruments est une pièce de tendresse où un piano, une clarinette, un violoncelle et des traitements électroniques, se disputent des cauchemars éclairés à la bougie. On pense parfois à Michael Nyman ou à Taylor Deupree alors que l’œuvre est celle de Tomas Phillips. (hc)
Bent Spoon Duo : Cover Prince (Bug Incision, 2010)
Sur Cover Prince, Chris Dadge (violon et guitare) et Scott Munro (violon et « partial trombone ») se frottent l’un à l’autre. Eloge du crin-crin et souffles courts pour tout panache, le duo démontre d’un je m’enfoutisme contagieux puisque l’auditeur finit par relativiser lui aussi. Trois applaudissements sur la fin du disque. (gb)
Carl Ludwig Hübsch, Christoph Schiller : Giles U. (Another Timbre, 2010)
Sortis de Millefleurs, Christoph Schiller et Carl Ludwig Hübsch dialoguent à l'épinette et au tuba. Passé les premières craintes – notamment celle de voir le duo se satisfaire de la juxtaposition de souffles souffreteux et de cordes étouffées –, un système évolutif se met en place qui saura jouer des contrastes. Grâce à l'usage que Schiller fait de l'électricité et à la grave répartie d'Hübsch, Giles U. parvient à convaincre d’un bout à l’autre de ses sept mouvements. (gb)
Stasis Duo : - (L’innomable, 2010)
Après 3, Adam Sussman et Matt Earle continuent de donner dans les bruits blancs. Sur ce disque sans titre, ils travaillent le numérique un peu à la manière d’Ikeda si ce n’est en plus agressif. Leurs armes sont des larsens qui forment une œuvre trop clinique pour être honnête. (pc)