Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Mythic Birds : The Name by Wich the World Knows Them (Peira, 2012)

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Le plus souvent animés, pour ne pas dire passionnels, les débats mettant en scène les clarinettes de Keefe Jackson, Jeff Kimmel, Jason Stein et les synthétiseurs modulaires de Brian Labycz ne s’embarrassent d’aucun à priori.

Ici et là, les clarinettes caquettent, prennent ombrage, embrouillent le cercle, s’embourbent dans une dialogue de sourds que ne pourra délivrer que la plus haute perchée. Ailleurs, tout en croisant le même fer, elles s’adonnent à de douces mélodies, égrenant avec exubérance quelque phrasé enroulé. Dans cet entresol grouillant, le synthétiseur, après avoir contrefait le souffle de ses amies, convie bruissements et cliquetis. Plus tard, se fait zigzag et abandonne aux orties ses envies aquatiques. Et encombre de ses extravagances les plages de silence commanditées par les clarinettistes. Mais, jamais, ne parvient à troubler l’idéale fusion de nos trois libres souffleurs.

Mythic Birds : The Name by Wich the World Knows Them (Peira)
Enregistrement : 2011. Edition : 2012.
CD / DL : 01/ Without a Common Memory 02/ Forbidden Generosity 03/ Let Go of the Long Tone 04/ Dissimulation 05/ The Name by Which the World Knows Them Is Not the One They Themselves Utter 06/ Realms of Dream and Intoxication
Luc Bouquet © Le son du grisli



Improvisation Expéditives : Breakway, Motif, Joe Williamson, Sam Shalabi, Ramon Prats, Jürg Frey, Nick Hennies...

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peiraBreakway : Hot Choice (Peira, 2011)
Sous couvert d’improvisation brusque, Paul Giallorenzo (piano, moog), Brian Labycz (synthétiseur) et Marc Riodan (batterie) enfilaient en 2010 des miniatures qui crachent ou claquent. Ici, leur musique joue les concrètes, ailleurs elle se laisse endormir par les drones ; là enfin, elle électrise. Sans ligne mais avec artifices, elle convainc d’un bout à l’autre. [gb]

MotifMotif : Art Transplant (Clean Feed, 2011)
Les souffles soudés d’Axel Dörner inaugurent Art Transplant, enregistrement du projet Motif sur des compositions du contrebassiste Ole Morten Vagan. A la mécanique réductionniste succèdera un jazz de facture assez classique, amalgame ressassé d’hard bop et de free dirigé d’une main molle. Si le piano reste d’un bout à l’autre « motif » de fâcherie, on remerciera Atle Nymo d’avoir lutté contre à coups de saxophones. [gb]

freyJürg Frey, Nick Hennies : Metal, Stone, Skin, Foliage, Air (L’Innomable, 2011)
Cette œuvre de percussion célèbre d’abord l’acharnement du triangle. Par touches délicates, ce sont ensuite cymbales, caisses et objets, qu’animent Jürg Frey (sorti du Percussion Quartet) et Nick Hennies jusqu’à fantasmer l’usage d’un petit moteur, le grondement du tonnerre ou le bris de morceaux de verre. Ainsi Metal, Stone, Skin, Foliage, Air investit le champ des travaux de Fritz Hauser ou d’Ingar Zach, sans toutefois convaincre autant que ceux de ces deux-là. [gb]

hoardJoe Williamson : Hoard (Creative Sources, 2011)
Il existe beaucoup de solos improvisés à la contrebasse. Hoard date de juin 2010 et, malgré les antécédents, se fait remarquer : accrocheur, endurant voire radical, le voici attachant. Joe Williamson y appuie, frotte, astique, balance ou scie, et, malgré quelques baisses de régime (et les mêmes antécédents), nous arrache la promesse d’y revenir. [gb] 

coteSam Shalabi, Alexandre St-Onge, Michel F. Côté : Jane and the Magic Bananas (& Records, 2012)
Précepte cher à Glenn Branca, le petit jeu consistant à passer d’un apparent chaos à une transe évolutive, se retrouve plusieurs fois appliqué ici. Nous dirons donc que la guitare électrique de Sam Shalabi, la guitare basse d’Alexandre St-Onge et la batterie amplifiée de Michel F. Côté œuvrent dans l’hypnotique et le dérèglement. Sachant s’échapper de la masse pour mieux faire bloc, nos trois sidérurgistes donnent aux sévices soniques quelques vives médailles : pièces courtes et déplumées, travaillant sur les micro-intervalles, souvent déphasées et grouillantes, elles prennent source dans la dissonance même. En ce sens, habitant un profond aven, impriment la douleur dans la chair d’une musique sauvage à souhait. [lb]

duotRamon Prats, Albert Cirera : Duot (DLB, 2012)
Pour ce duo saxophone (Albert Cirera) – batterie (Ramon Prats), creuser la matière s’envisage sur le long terme. Soit prendre un point d’appui (une mélodie, une situation rythmique) et en fouiller toutes les strates. Pour le batteur : entretenir la résonnance et faire du rythme un lointain allié. Pour le saxophoniste (flûtiste sur une plage) : improviser la phrase et ne jamais sombrer dans sa périphérie. Pour ce même saxophoniste, également : faire exister une respiration microtonale et ne jamais l’étouffer. Et surtout, pour tous les deux : ne jamais rompre le fil d’une improvisation généreuse si ce n’est spectaculaire. [lb]


Guillermo Gregorio, Jason Roebke, Brian Labycz : Colectivos (Peira, 2011)

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Ne pas attendre de Guillermo Gregorio, épris de jazz tristanien, d’improvisation (quelques disques majestueux chez Hatology) et de musique expérimentale, qu’il irrigue sa clarinette d’une quelconque dose de facilité ou de démonstration.

En trio avec Jason Roebke (contrebasse) et Brian Labycz (electronics), Gregorio module la phrase et argumente de sérieux contrepoints clarinette-contrebasse. En froissant le souffle ou en lui fluidifiant la trame, Gregorio – et on peut dire la même chose de Roebke – dévisage les terrains arides et stoppe tout effet dramatique malveillant. En ce sens réitère les expériences passées et renouvelle une musique singulière et ouverte à beaucoup de possibles.  

Guillermo Gregorio, Jason Roebke, Brian Labycz : Colectivos (Peira)
Edition : 2011.
CD : 01/ Colectivo 1 02/ Video 03/ Two Rows by Juan Carlos Paz 04/ Colectivo 2 05/ Improvisations on a Sonatina by Esteban Eitler 06/ Colectivo3 07/ Open 08/ Coplanar Nr. 4b 09/ Event 10/ Colectivo 5
Luc Bouquet © Le son du grisli



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