Barn Owl : V (Thrill Jockey, 2013) / VALLENS : Lxtvny (Shelter Press, 2012)
Enregistré en juillet 2012, ce V de Barn Owl tient les promesses (astro-doom ? psych-doom ? folk-doom ? doom-doom ?...) que Jon Porras et Evan Caminiti n’ont pas cessé de murmurer depuis leurs débuts. Pour résumer : explorer, disque après disque, des paysages lunaires qui malgré leurs ressemblances n'ont rien à voir (ni bien sûr à entendre) les uns avec les autres.
A nouveau, les guitares et synthétiseurs balaient les espaces de leurs ondes aguicheuses (drones moins « grossiers » qu'avant, tremolos et voix amidonnées...) et retournent tout jusqu'aux abysses avec une belle panoplie de pédales d'effets. Certes on trouve dans ses manières quelque côté 80's, mais Barn Owl n'en fait pas moins son effet, surtout lorsqu'il renoue avec un rythme boisé qui révèle la conclusion de cette nouvelle exploration : un battement prouve que ce paysage que l'on dirait au premier abord inhospitalier a par le passé accueilli la vie. C'est Barn Owl qui l'a découvert – le Nobel pour le beau finale de dix-sept minutes ?
Barn Owl : V (Thrill Jockey)
Enregistrement : 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ Void Redux 02/ The Long Shadow 03/ Against the Night 04/ Blood Echo 05/ Pacific Isolation 06/ The Opulent Decline
Pierre Cécile © Le son du grisli
Parmi les projets solo de Jon Porras, il y a DVVLLXNS (qu'il faut dire VALLENS ?). Lxtvny est le premier disque de la chose : un EP qui révèle un Porras un peu plus tourné vers l'ambient électronique tout en n'oubliant pas de faire référence de temps à autre à l'apocalyptique-galactique qu'il révère par dessus tout. Seul au milieu du désert de Mojave, Porras commande à quatre météorites le lieu précis de leur chute. Les quatre pierre levées feront le lieu idéal d'un nouveau Barn Porras Owl pèlerinage.
EN ECOUTE >>> Xochitl
DVVLLXNS : Lxtvny (Shelter Press)
Edition : 2012.
EP : 01/ Litany 02/ Xochitl 03/ Entropy 04/ Espejo
Pierre Cécile © Le son du grisli
Evan Caminiti : Dreamless Sleep (Thrill Jockey, 2012)
Bien sûr il faut aimer la guitare électrique et les synthétiseurs. Dans ce cas, on ne pourra que saluer la sortie de Dreamless Sleep, qui n’est pourtant pas le premier CD solo d’Evan Caminiti. Au jeu des comparaisons, on parlera d’un Rafael Toral (mais en moins cérébral), d’un Christian Fennesz (mais accompagné de Sakamoto) et bien sûr de son binôme dans Barn Owl Jon Porras (mais en plus solaire, si l’on compare Dreamless Sleep à Black Mesa, que Porras a sorti un peu plus tôt sur Thrill Jockey lui aussi).
Si le sommeil de Caminiti se passe de rêve, sa musique évoque des paysages oniriques, lunaires. Les nappes de Korg et de Casio y croisent des solos d’une Telecaster obsédée par le vibrato, les fuzz et les delay. La pop qui se dégage de ces frottements sonores est environnante, indolente et souvent mystérieuse : elle nous guide par l’oreille dans une cathédrale de glace dont les recoins ne cessent d’impressionner par leurs possibilités acoustiques. Vous aimez la guitare électrique et les synthétiseurs ?
Evan Caminiti : Dreamless Sleep (Thrill Jockey / Amazon)
Edition : 2012.
CD / LP : 01/ Leaving The Island 02/ Bright Midnight 03/ Symmetry 04/ Fading Dawn 05/ Absteigend 05/ Veiled Prayers 06/ Becoming Pure Light
Pierre Cécile © le son du grisli
Fri-Son 1983-2013 (JRP Ӏ Ringier, 2013)
Par ordre alphabétique, d’abord, les noms (plus de quatre mille) des musiciens ou groupes passés entre 1983 et 2013 par Fri-Son, club autogéré de Fribourg. Le champ d’écoute est large, qui put recevoir aussi bien Sonic Youth, Alan Vega, And Also the Trees, Beastie Boys, Barn Owl, Eugene Chadbourne, The Ex, David Grubbs, Curlew, Einstürzende Neubaten, que Phill Niblock ou Irène Schweizer. Si convaincants soient-ils, ces gages donnés n’ont pas interdit l’endroit à des musiciens moins (bien moins, parfois) inspirés qu’eux – c’est, justement, que le champ d’écoute est large…
De celui-ci, un livre se fait aujourd’hui l’écho, qui raconte au gré de photos et de témoignages comment Fri-Son a été fabriqué : sur l’instant et parfois dans l’impromptu, en toute liberté capable de faire avec tel soutien institutionnel, surtout, en brassant toutes énergies plutôt qu’en les canalisant. A l’archive (noms et affiches), les auteurs ajoutent l’anecdote : et voici la rétrospective – habilement mise en forme par les éditions JRP Ӏ Ringier – d’une lecture agréable.
Matthieu Chavaz, Julia Crottet, Diego Latelin, Daniel Prélaz, Catherine Rouvenaz : Fri-Son 1983-2013 (JRP Ӏ Ringier / Les Presses du Réel)
Edition : 2013.
Livre : Fri-Son 1983-2013
Guillaume Belhomme © Le son du grisli