Le son du grisli

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Archives des interviews du son du grisli

Merzbow, Keiji Haino, Balázs Pándi : An Untroublesome Defencelessness (RareNoise, 2016)

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Quand on est fatigué des trios guitare / basse / batterie, pourquoi ne pas essayer les trios guitare / électronique / batterie ? Et l’un des plus engageants (sur le papier tout du moins) en plus ? Alors BIM Keiji Haino / Merzbow / Balázs Pándi, captés l’année dernière à Tokyo.

Depuis ses débuts on a l’habitude d’entendre le batteur hongrois avec Merzbow en duo ou avec Merzbow et Mats Gustafsson en trio. S’il s’est déjà frotté à la guitare avec Joe Morris & Thurston Moore, il gravissait tout de même un échelon en imaginant la rencontre de son duo avec Merzbow et de Keiji Haino. Maintenant, puisqu’il était particulièrement attendu, An Untroublesome Defencelessness s’avère d’autant plus décevant.

D’abord parce que la batterie recouvre lourdement la guitare et l’électronique qui sont parfois poussifs de la première à la troisième partie du premier titre, Why Is The Courtesy Of The Prey Always Confused With The Courtesy Of The Hunters… Et si c’est bien mieux sur le deuxième morceau (en quatre parties), entre grosse batterie, ronronnements de guitare et cris gutturaux, c’est encore pas à la hauteur de nos attentes. Du réchauffé qui marche toujours, mais du réchauffé qui tourne en rond, donc du réchauffé malheureusement.

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Merzbow, Keiji Haino, Balázs Pándi : An Untroublesome Defencelessness
RareNoise
Enregistrement : 15 avril 2015. Edition : 2016.
CD / LP / DL : 01/ Why Is The Courtesy Of The Prey Always Confused With The Courtesy Of The Hunters... (Part I) 02/ Why Is The Courtesy Of The Prey Always Confused With The Courtesy Of The Hunters... (Part II) 03/ Why Is The Courtesy Of The Prey Always Confused With The Courtesy Of The Hunters... (Part III) 04/     How Differ The Instructions Of The Left From The Instructions Of The Right? (Part I) 05/ How Differ The Instructions Of The Left From The Instructions Of The Right? (Part II) 06/ How Differ The Instructions Of The Left From The Instructions Of The Right? (Part III) 07/ How Differ The Instructions Of The Left From The Instructions Of The Right? (Part IV)
Pierre Cécile © Le son du grisli



Roswell Rudd, Jamie Saft, Trevor Dunn, Balazs Pandi : Strenght & Power (RareNoise, 2016)

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Sorti de l'Université de Yale où il a étudié la musique classique, Roswell Rudd intègre au trombone quelques ensembles de jazz qu'emmènent Edmond Hall, Eddie Condon, Bud Freeman ou Buck Clayton. S'il sert encore le dixieland auprès de Condon lorsqu'il gagne New York à l'orée des années 1960, le jeune homme profite bientôt des leçons qu'il reçoit là d'Herbie Nichols au point d'abandonner le jazz ancien pour l'avant-garde sous l'influence de fréquentations imposantes : Cecil Taylor, Steve Lacy (avec lequel il se consacre déjà au répertoire de Thelonious Monk), Bill Dixon ou Archie Shepp. Mais c'est en association avec John Tchicai que Rudd démontre le plus souvent une verve convaincante : avec le saxophoniste, il enregistre ainsi en 1964 New York Eye and Ear Control pour le compte d'Albert Ayler et Four for Trane pour celui de Shepp, forme la même année le New York Art Quartet – présences de Lewis Worrell et Milford Graves – et signe l'année suivante à Hilversum la première référence de sa discographie personnelle (Roswell Rudd). En 1968, le tromboniste passe par le Liberation Music Orchestra de Charlie Haden et le Jazz Composers' Orchestra de Carla Bley et Michael Mantler pour, la décennie suivante, enseigner l'ethnomusicologie au Bard College et enregistrer encore un peu sous son nom – notamment avec la chanteuse Sheila Jordan – ou sous celui d’Enrico Rava (Enrico Rava Quartet). Pour se montrer plus décisif, Rudd devra revenir au répertoire de Nichols et de Monk (enregistrement en 1982 de Regeneration en quintette avec Misha Mengelberg ; conduite, la décennie suivante, des projets The Unheard Herbie Nichols et Monk’s Dream) ainsi qu’à deux de ses plus fidèles partenaires : Steve Lacy et Archie Shepp. [Guillaume Belhomme, Way Ahead, Jazz autres en 100 figures]

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Il n’y a pas que dans le flamenco : le jazz possède aussi ses vieux cantaores. Arrivé à l’hiver de leur vie, la voix se désagrège, la justesse se fait la malle, seul reste l’émoi, le cri, la supplique. C’est un peu ce qui arrive à Roswell Rudd ici : le phrasé est cassé mais ne cesse de gronder, d’envahir le cercle. La saillie est désarmante, le son se projette avec grandeur, force et fulgurance.

L’improvisation au naturel que parcourent Rudd, Jamie Saft, Trevor Dunn et Balazs Pandi n’a pas d’âge. Elle possède naturel et irrévérence mais sait se tenir quand approche le blues. Le voici, ce vieux blues, pas encore fatigué de ses oraisons. Le voici se transfigurant, s’arrimant à ce navire qui tangue mais jamais ne coule. L’improvisation que pratiquent ces quatre-là c’est le risque de l’échec, de la sortie de route. C’est l’espoir des bonheurs, des correspondances, des délivrances. C’est le refus des performances. C’est l’antre du possible. De tous les possibles.



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Roswell Rudd, Jamie Saft, Trevor Dunn, Balazs Pandi : Strength & Power
RareNoise Records
Enregistrement : 2015. Edition : 2016.
CD : 01/ Strength & Power 02/ Cobalt Is a Divine 03/ The Bedroom 04/ Luminescent 05/ Dunn’s Falls 06/ Struttin’ for Jah Jah
Luc Bouquet © Le son du grisli


Slobber Pup : Pole Axe (RareNoise, 2015)

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Ça frappe fort (Balázs Pándi à la batterie), on ne s’en étonnera pas. Et ça chante dru (d’ailleurs, même la guitare de Joe Morris vocalise), et le saxophone (Mats Gustafsson) couine… peut-on dire pour autant que Slobber Pup, dont c’est le second enregistrement après Black Aces, donne dans le free rock ?

Pas sûr, parce que la guitare jouée au médiator est un peu facile et ne fait pas grand-chose de sa liberté ; pas sûr, parce que le sax baryton ronronne en fait et lasse plus que rapidement… Et voilà maintenant des synthés (Jamie Saft) ennuyeux à rire mou pour couronner le tout (ou plutôt le presque rien). Après UberPop et les taxis de contrebande voici donc Slobber Pup et l’improgonflette !



slobber pup

Slobber Pup : Pole Axe
RareNoise Records
Edition : 2015.
CD / 2 LP : 01/ Incendiary Axe 02/ Pole of Combustible Memory 03/ Bring Me My Desire And Arrows To Shoot
Pierre Cécile © Le son du grisli


Merzbow, Mats Gustafsson, Balázs Pándi : Live in Tabačka 13/04/12 (Tabačka)

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La veille de l’enregistrement de Cuts – disque qui consigna le premier la collaboration de Mats Gustafsson avec le duo Merzbow / Balázs Pándi –, les mêmes donnaient un concert à Košice, en Slovaquie. C’est ce concert que le vinyle estampillé Tabačka rapporte aujourd’hui.

Il faudra d’abord reconnaître à  Pándi une oreille alerte : au creux de la déferlante électronique que Merzbow et Gustafsson polissent à force d’orage et de convulsions, ne parvient-il pas à décerner un pouls sur lequel calquer ses pulsations ? Affirmées, celles-ci, qui décident de frappes sèches et renforcent bientôt le tumulte. Sur la fin de la première face, quelques sifflements ; sur le début de la seconde, Gustafsson passe au saxophone baryton. Graves répétés, ripages et même un solo déposé sur les roulements de batterie, comblent l’improvisation bruyante d’une façon différente. Pas rare, ni inattendue, mais efficiente encore.

Merzbow, Mats Gustafsson, Balázs Pándi : Live in Tabačka 13/04/12 (Tabačka)
Enregistrement : 13 avril 2012. Edition : 2015.
LP : A-B/ Live in Tabačka
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

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