Le son du grisli

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Archives des interviews du son du grisli

Aki Takase, Alexander von Schlippenbach : So Long, Eric! (Intakt, 2014)

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L’heure (décembre avancé) est encore à l’hommage, obligé presque par un anniversaire – il y  a cinquante ans, disparut Eric Dolphy. Celui adressé par le couple de pianistes (et arrangeurs pour l’occasion) Aki Takase / Alexander von Schlippenbach a été enregistré plus tôt (19 et 20 juin 2014), en public, à Berlin – où disparut Dolphy.

Les comparses sont plus ou moins anciens – Han Bennink et Karl Berger, jadis recrues du Globe Unity, le saxophoniste alto Henrik Walsdorff ou encore Axel Dörner et Rudi Mahall, moitié de Die Enttäuschung avec laquelle Schlippenbach interprétait encore récemment l’entier répertoire de Thelonious Monk (Monk’s Casino) – qui interviennent sur des relectures que l’audace de Dolphy aurait peut-être pu inspirer davantage.

Ainsi, si de courts solos déstabilisent encore Les, si les dissonances courent d’un bout à l’autre du disque (pianos en désaccord d’Hat and Beard ou embrouillés en introduction d’Out There) et si l’on assomme le motif mélodique à force de décalages rythmiques (Hat and Beard) ou de langueur distante (The Prophet), les forces en présence font avec un manque d’allant jamais contrarié et se satisfont souvent d’évocations entendues. Après être revenu à Dolphy par l’hommage, l’heure (décembre avancé toujours) est désormais à l’envie d'aller l'entendre, lui.

écoute le son du grisliAki Takase, Alexander von Schlippenbach
So Long, Eric! (extraits)

Aki Takase, Alexander von Schlippenbach : So Long, Eric! Homage to Eric Dolphy (Intakt / Orkhêstra International)
Enregistrement : 19 et 20 juin 2014. Edition : 2014.  
CD : 01/ Les 02/ Hat and Beard 03/ The Prophet 04/ 17 West 05/ Serene 06/ Miss Ann 07/ Something Sweet, Something Tender 08/ Out There 09/ Out to Lunch
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

le son du grisli

Image of A paraître : Eric Dolphy de Guillaume Belhomme



Improvisations Expéditives : Evan Parker, Sequoia, Carl Ludwig Hubsch, Pierre-Yves Martel, Jeffrey Morgan, David Birchall...

improvisations expéditives mai 2014

sequoia

Sequoia : Rotations (Evil Rabbit, 2014)
Avec celle de Meinrad Kneer, ce sont en Sequoia trois autres contrebasses qui usinent, scient ou provoque des avalanches : Antonio Borghini, Klaus Kürvers et Miles Perkin, accordés, le 31 mai 2012 en studio, sur une musique d’ombres portées. Leurs instruments changés en sculptures sonores fuselées, le quatuor de contrebasses joue de torsions et de courants divers pour accoucher de chants parallèles aux pizzicatos graves et grincements de mécaniques qu’on trouve en creux de ce bel enregistrement.

antonio bertoni

Antonio Bertoni : ½ (H)our Drama (Leo, 2013)
Autre contrebassiste habile, Antonio Bertoni se plaisait, le 11 juin 2013, à gripper la progression d’un solo d’une demi-heure. Balançant entre deux notes, l’archet accroche en effet et puis dérape, obligeant le musicien à trouver, sans changer d’allure, des parades instrumentales inspirantes (certaines convaincantes) mais qui l’endormiront : l’allure faiblit, la fatigue point.

hubsch martel zoubel

Carl Ludwig Hübsch, Pierre-Yves Martel, Philip Zoubek : June 16th (Schraum, 2013)
C’est à une musique d’atmosphère que nous convient Carl Ludwig Hübsch, Pierre-Yves Martel et Philip Zoubek. L’avantage, d’aller rapidement à Martel, dont la viole de gambe, ses obsessions et ses crissements, rehausse un exercice allant de baroque en minimalisme coi et entraîne bientôt piano et tuba à sa suite : la fin du disque en devient même passionnante.

1724

1724 : Escaped Fragments (Klopotek, 2014)
Luca Kézdy (violon, efx), Emil Gross (batterie, électronique) et Tomes Leś (guitare, efx) forment ce 1724 enregistré en 2013. Souvent agitée – malgré quelques replis en lents atermoiements de convenance –, l’improvisation du trio pâtit de gestes dispensables, élans emportés et phrasage rebattu, qui rappellent le free rock Knitting Factory… l’urgence et la fièvre en moins.

brice marks birchall

David Birchall, Olie Brice, Phillip Marks : Spitting Feathers (Black & White Cat Press, 2013)
Enregistrés le 22 octobre 2011, David Birchall (guitare), Olie Brice (contrebasse) et Phillip Marks (batterie membre de Bark!) démontrent en une heure un goût pour une improvisation aérée. Que taillent quand même quelques gestes incisifs et augmente une recherche sonore qui impose à Birchall l’usage d’effets variés. Changeante, la musique du trio intéresse.

white cloud

Jeffrey Morgan, Mike Goyvaerts, Willy Van Buggenhout : White Smoke (Creative Sources, 2012)
Les saxophones (soprano et ténor) de Jeffrey Morgan vont plutôt bien aux usages hétéroclites que font Mike Goyvaerts de ses percussions et objets et Willy Van Buggenhout de son synthétiseur EMS – ici enregistrés les 10 et 20 novembre 2011. Amusée sinon traînante, voire détachée, l’improvisation du trio claudique et divertit sans toutefois faire preuve de singularité.  

simao costa

Simão Costa ‎: π_Ano Pre-Cau-Tion Per-Cu-Ssion On Short Circuit (Shhpuma, 2014)
Simão Costa joue certes seul, mais ses instruments sont multiples : piano, enceintes, transducteur et objets. Parvenant à sortir de belles lignes de l’usage qu’il fait de feedbacks, son jeu au piano est d’un conventionnel qui ruine ses découvertes électriques. Et lorsque ses structures grondent, elles s’effritent et laissent paraître leurs canevas simplistes.  

evan parker

Evan Parker : Vaincu.Va! Live at Western Front 1978 (Western Front New Music, 2013)
En 1978, en clôture d’une tournée nord-américaine, Evan Parker improvisa seul au Western Front de Vancouver – concert consigné l’année dernière sur vinyle par l’institution. Qu’elle parte des aigus ou des graves du soprano, l’exploration instrumentale est toujours impressionnante, son motif naissant toujours de la profusion : de notes, d’attaques, de tentatives, de retournements, de nuances et d’abandons. Western Front a donc bien fait d’explorer ses archives.


Henry Taylor: Crooning The Anger (El Gallo Rojo - 2005)

henrytaylorgrisliQuartette originaire de Bologne emmené par Enrico Sartori, Henry Taylor défend une vision musicale des choses qui assume les contradictions. Voilà pourquoi le titre, Crooning The Anger, clame haut vouloir cadrer la rage, comme dévier malignement la première chanson douce.

Pour bien faire, la section rythmique (la contrebasse d’Antonio Borghini et la batterie de Zeno de Rossi) dépose les bornes inaltérables contre lesquelles viendront se briser les phrases libres du saxophone de Sartori (Triadi). A l’unisson avec le piano de Fabrizio Puglisi, le même alto se contentera de trois phrases mélodiques appelées à la dissolution, tout juste rencontrées sur le champ libre offert par un gimmick de contrebasse (O.C.).

Ailleurs, se glissent références et clins d’œil : dans la reprise d’un thème de Carla Bley, démembré (Jesus Maria) ; dans l’évocation de Mingus via l’usage d’une clarinette basse rappelant celle de Dolphy (Underdog, muant rapidement en une valse speedée pêchant par trop de brillances) ; ou dans le fantasme d’une situation, celle où l’on révèlerait à un crooner de légende les atmosphères particulières des compositions de Nino Rota (The Crooner).

Un morceau mis à part (The Rebels, interprété par un groove band sans saveur), l’ensemble persuade intelligemment du bien fondé des intentions du quartette, comme de leur mise en pratique. Revigorant, le jazz d’Henry Taylor se paye même parfois le luxe de griser sans artifice ronflant.

CD: 01/ Il Giallo 02/ Triadi 03/ Jesus Maria 04/ O.C. 05/ The Rebels 06/ Dvjie Kune 07/ Underdog 08/ The Crooner

Henry Taylor - Crooning The Anger - 2005 - El Gallo Rojo. Import.



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